L'élection de députés dont le socle politique repose sur la haine ethnique est une entreprise dangereuse et destructrice. Les discours empreints de cette haine, plus pernicieuse que le venin d'une vipère, ont enflammé le Sud-Kivu depuis les années 1990 jusqu'à nos jours. Les Kivutiens, issus de toutes les tendances, ont été manipulés après un lavage de cerveau orchestré par des politiciens et des agitateurs communs, faisant de nous des instruments prêts à nous déchirer mutuellement.
Séduits par ces discours toxiques, notamment dans les régions du Tanganyika et du lac Kivu, les Congolais ont été entraînés dans le tourbillon de la guerre hutu-tutsi, faisant du grand Kivu un champ de bataille. Les violences, massacres et projets génocidaires entre Hutus et Tutsis du Rwanda et du Burundi se sont enracinés dans le l’EST de la RDC. Le pays se dirige tout droit vers un gouffre infernal, à moins que l’on revienne à la coexistence pacifique des ethnies qui caractérisait les provinces de l’Est avant les influences extérieures,
Il est souvent affirmé que choisir la voie de la violence est épuisant. Les adeptes de la culture de la machette, à la manière tristement célèbres des Interahamwe, cooptés comme coopérants techniques, seront-ils sensibles aux appels de la conscience et de la raison ?
Pour ceux qui ont eu la chance d'aller à l'école, ils ont certainement vu leurs collègues recevoir la mention "Hors Sujet" après avoir écrit des pages de dissertation. Il est impératif de mettre fin, s'il vous plaît, à cette guerre "Hors Sujet".
Il est crucial de reconnaître que le grand Kivu, autrefois caractérisé par sa diversité ethnique harmonieuse, est aujourd'hui confronté à une menace existentielle. Le jeu politique basé sur la haine ethnique a sapé les fondements de la paix et de l'unité. Les élections devraient être des processus démocratiques visant à élire des représentants capables de promouvoir le bien commun et la cohésion sociale, et non des plateformes pour semer la division et la discorde.
Il est temps pour le grand Kivu de réfléchir profondément et de prendre des mesures concrètes pour restaurer la confiance entre les communautés. La coexistence pacifique et la promotion de la diversité doivent devenir les piliers fondamentaux de la vie politique dans la région. Les appels à la haine ethnique ne peuvent qu'entraîner la région dans un cycle destructeur de violence et de division. Il est de la responsabilité de chacun de contribuer à la construction d'une société où la tolérance et la compréhension mutuelle prévalent sur la haine et la méfiance. La paix et l'unité sont les véritables piliers du progrès et du développement durables.
Les enjeux complexes de l'ingérence étrangère dans la crise a l’Est de la RDC
L'ingérence étrangère dans la crise à l'Est de la RDC ne fait qu'aggraver une situation déjà précaire. Malgré la claire conscience du Burundi qu'il n'y a pas d'armée étrangère à Minembwe, un grand village dépourvu de route et d'électricité, à tort, considéré comme l’épicentre d’une prétendue balkanisation imaginaire, des bataillons ont été déployés pour assiéger la cité et ses environs pendant des années.
Cette perception erronée a conduit à des actions militaires qui ont exacerbé les tensions dans la région. La Tanzanie, de son côté, a refusé de se rallier aux forces de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Est (EAC), préférant rejoindre la SADEC en tant que combattant. Ce choix contribue malheureusement, qui vise à l'effacement d'une communauté congolaise déjà stigmatisée, n’est pas du tout le meilleur, et ne lui portera pas du tout bonheur. Sans doute, la Tanzanie enterrera aussi des morts.
Les forces onusiennes, représentées par la MONUSCO, adoptent une approche ambiguë en agissant hypocritement comme un service de reconnaissance pour les forces de Wazalando devenu une coalition FARDC, Maï-maï et FDLR. En envoyant des drones sous le nez des protagonistes, la MONUSCO fournit des informations aux FARDC, qui, à leur retour, montent des opérations pour attaquer les M23. Les bases de la MONUSCO ne servent pas seulement de quartiers généraux, mais également de lieu de repli pour les Tanzaniens, les FARDC et les Sud-Africains.
Cette situation soulève inévitablement la question de la neutralité et de l’efficacité de cette approche dans la résolution du problème. Le maintien de la paix dans la région semble compromis par des actions militaires et des alliances qui aggravent bien la crise. Il est impératif d'explorer des solutions pacifiques et de promouvoir le dialogue pour rétablir la stabilité et assurer la paix à long terme dans cette région déchirée par les conflits.
La Nouvelle Ironie Historique : L'Afrique du Sud et le Soutien au Régime de Kinshasa
L'Afrique du Sud, longtemps connue pour son combat contre l'apartheid, se retrouve ironiquement aujourd'hui du côté de ceux qui soutiennent le régime de Kinshasa, instaurant ainsi une forme d'apartheid en République démocratique du Congo (RDC).
Pendant des décennies, l'Afrique du Sud a été le théâtre d'une lutte acharnée contre le régime de l'apartheid, un système institutionnalisé de ségrégation raciale et sociale. Les efforts soutenus de la communauté internationale, y compris l'Afrique du Sud elle-même, ont finalement conduit à l'abolition de l'apartheid en 1994, marquant un tournant historique vers la démocratie et l'égalité dans le pays.
Cependant, l'histoire prend une tournure ironique avec le positionnement actuel de l'Afrique du Sud en faveur du régime de Kinshasa en République démocratique du Congo. Le gouvernement sud-africain, autrefois symbole de la lutte pour les droits de l'homme et la justice, et même aujourd’hui, prend le devant pour traduire en justice l’Israël, mais paradoxalement semble désormais apporter un soutien crucial à un régime qui, selon de nombreux observateurs, instaure une forme, pire que l'apartheid au sein de ses frontières.
Le régime en place à Kinshasa a été critiqué pour ses politiques discriminatoires, son traitement inéquitable de certaines communautés, et les atteintes aux droits de l'homme qui persistent dans certaines régions de la RDC. Aujourd’hui, il fait face aux accusations d’un génocide en cours des Banyamulenge au Sud-Kivu, des Tutsi du Nord Kivu et des Hema de l’Ituri Malgré ces préoccupations, l'Afrique du Sud a choisi de s'aligner avec Kinshasa, suscitant des interrogations sur les motivations et les implications de ce choix.
Les raisons de ce soutien apparent de l'Afrique du Sud au régime de Kinshasa sont complexes et peuvent être influencées par des considérations politiques, économiques, ou encore géopolitiques. Certains soulignent les liens historiques entre les deux pays, tandis que d'autres mettent en avant des intérêts stratégiques économiques. Quoi qu'il en soit, elle ne devrait en aucun cas se mêler dans une affaire interne congolo- congolaise.
Cette situation soulève des questions éthiques et politiques majeures. Comment l'Afrique du Sud, jadis porte-étendard de la lutte pour la justice, peut-elle justifier son soutien à un régime controversé aux pratiques discriminatoires ? Est-ce une stratégie à court terme au détriment de principes longtemps défendus ?
L'ironie de cette situation ne peut être ignorée. L'Afrique du Sud, qui a surmonté l'apartheid grâce à la solidarité internationale et à son propre combat acharné pour la justice, se retrouve maintenant du côté des soutiens d'un régime accusé de perpétuer des injustices similaires.
Il reste à voir comment cette position de l'Afrique du Sud évoluera et quel impact cela aura sur les relations régionales, la stabilité politique en RDC, et la perception globale de l'Afrique du Sud en tant que champion des droits de l'homme. Une chose est certaine, l'ironie de l'histoire réserve parfois des surprises inattendues et souligne la complexité des dynamiques politiques en Afrique et dans le monde.
le 28 janvier 2024,
Paul Kabudogo Rugaba
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