La persécution des Banyamulenge continue de se manifester de manière implacable, et aucun signe d'apaisement n'est en vue. L'un des récents exemples flagrants est l'arrestation aujourd'hui le 22 octobre 2024, d'un vieillard nommé Zakayo Rwirahira , résident de Runundu, commune rurale de Minembwe. Selon des informations qui circulent sur les réseaux sociaux, Zakayo a été arrêté et incarcéré par les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) sous prétexte qu'un drone aurait disparu. Ce vieillard, n'ayant probablement jamais vu ni entendu parler de drones en dehors des émissions radiophoniques, se trouve pourtant pris en otage dans une situation où la communauté est obligée de répondre de manière collective à cette prétendue disparition.
Ce cas soulève une série de questions légitimes. À Minembwe, une région isolée et souvent oubliée par l'administration centrale, la présence même d'un drone suscite la perplexité. Aucune source locale fiable n’a confirmé l’existence de tels engins dans la région, et plusieurs témoignages affirment que la majorité des habitants n’a jamais vu de drone, n’en connaissant que le concept à travers les médias. Cette situation renforce l’idée que cette accusation pourrait être une pure invention destinée à justifier une nouvelle vague de répression contre la population Banyamulenge, déjà en proie à de multiples persécutions.
Ce qui rend cette affaire encore plus troublante, c'est que malgré la diversité ethnique de la localité, seuls les Banyamulenge sont ciblés par cette enquête liée à ce supposé drone. Les autres communautés résidant dans la même région semblent épargnées par cette pression militaire. Ce traitement discriminatoire laisse penser que l'accusation de disparition du drone sert de prétexte pour exercer davantage de contrôle et de violence sur une population déjà vulnérable.
La persécution des Banyamulenge à travers de telles accusations farfelues n’est pas un phénomène nouveau. Depuis des décennies, cette communauté est victime de campagnes systématiques de marginalisation, de déportation forcée, et d’exactions sous différents prétextes. La situation de Zakayo n’est qu’un nouvel épisode dans cette longue tragédie. Les Banyamulenge, souvent pris pour cible en raison de leur appartenance ethnique et de leur identité supposée liée à des voisins régionaux, sont fréquemment accusés de diverses infractions, sans preuve ni enquête sérieuse, simplement pour légitimer des violences et justifier des mesures oppressives.
Le fait que ce vieillard soit arrêté, sans qu'il ne sache réellement de quoi il est accusé, rappelle tristement le manque d’équité et de justice qui règne dans certaines zones du Congo. Cela montre aussi comment les FARDC, qui sont censées protéger toutes les populations congolaises sans distinction, sont parfois instrumentalisées pour servir des agendas ethniques ou politiques. L'arrestation de Zakayo semble moins être liée à une réelle préoccupation sécuritaire qu'à un objectif de contrôle et de répression de la communauté Banyamulenge.
Dans un contexte où le moindre incident est utilisé pour justifier la persécution, il devient impératif que la communauté internationale se penche avec attention sur ce genre de cas. L'arrestation arbitraire de Zakayo et la pression exercée sur la population pour retrouver un engin que personne n’a jamais vu sont symptomatiques d’un problème plus vaste : l’instrumentalisation de l’appareil sécuritaire pour perpétuer des discriminations et des violences ciblées.
Il est crucial que la lumière soit faite sur cette affaire et que les Banyamulenge, ainsi que toutes les autres communautés vivant dans la région, bénéficient des mêmes droits à la justice, à la sécurité et à la dignité humaine. Dans une région déjà en proie à tant de conflits, la répression des populations civiles ne peut qu'aggraver la situation.
Le 22 octobre 2024
Paul Kabudogo Rugaba
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