En tournée électorale pour les présidentielles du 20 décembre 2023, le président sortant et candidat à sa propre succession, Félix Antoine Tshisekedi (Fatshi), a choisi de placer la Tutsiphobie au cœur de sa campagne. Et depuis l'étape de sa balade à l'Est de la RDC, notamment au Sud-Kivu, il déverse des messages d'incitation à la haine et à la violence contre les Tutsis/Banyamulenge à un rythme que personne ne sait plus suivre.
Sa complicité avec Bitakwira sous sanctions de l’UE (pour ses discours et déclarations incendiaires qui contribuent à alimenter le conflit et la violence en RD-Congo, en particulier dans la région des Hauts-Plateaux de Fizi, Mwenga et Uvira), ses propos conspirationnistes à propos des « infiltrés » au sein de l'armée, son soutien déclaré aux milices ethniques MAI-MAI/Wazalendo dont la cible d’attaque au quotidien sont les paisibles civils Banyamulenge sont des signes que M. Tshisekedi est soumis à la volonté des MAI-MAI
Ce peu dire que les Hauts-Plateaux et les Banyamulenge entrent dans le plus dur et s'attendent à des jours à venir apocalyptiques. Et les MAI-MAI n'ont pas Fatshi pour les assagir. Au contraire, il s’appuie sur ces derniers pour promettre un scénario cauchemardesque : celui de les renforcer et d'affûter leur capacité de nuisance. « Tous les Wazalendo (MAI-MAI) font désormais partie des forces réservistes » a-t-il déclaré à Makobola, avant de marteler à l’endroit de tous les chefs MAI-MAI qui arborent impunément l’étendard sanglant de la guerre contre les tutsi, que « s’il faut faire la guerre pour avoir la paix, il est prêt », marquant ainsi sont soutient sans faille au plan de déracinement des tutsi/Banyamulenge en RDC.
Au même instant de son discours, le sang des civils Banyamulenge coulait encore à Minembwe suite aux attaques du 08/12/2023 contre les villages périphériques du chef-lieu de cette commune rurale où des éléments Burundais ont été mis à contribution aux côtés de MAI-MAI. Les corps des victimes ont été perforés par les armes et minutions fournies aux MAI-MAI (et groupes alliés) par les FARDC grâce aux dispositions du texte de loi sur les Wazalendo et sur l’ordre que le commandant suprême des FARDC a, en personne donné d’armer ces escadrons de la mort comme il en a reconnu lors de sa dernière interview sur RFI et France24.
La présence burundaise parmi les alliées de Wazalendo n’est en rien le résultat d’un fait magique ou de génération spontanée. Des moyens ont été fournis par le gouvernement pour recruter et armer les refugiées burundais (en territoire de Fizi) pour gonfler les rangs des Wazalendo. L’Etat a ainsi « ethnicisé » le conflit en exploitant le discours conspirationniste de la pseudo-hégémonie Tutsie dans la région des Grands-Lacs. Une opportunité en or pour transformer l'Est de la RDC en zone de guerre ethnique "Hutu/Bantu-Tutsi" au nom de la lutte contre le chimérique projet expansionniste tutsi/hima chanté à longueur des journées et sous l’impulsion du gouvernement congolais par le couple Onana - Bitakwira, et évoqué par Tshisekedi dans ses diatribes contre son homologue rwandais, Paul Kagame.
Par ce passage à Makobola qui coïncide avec l'attaque la plus massive et la plus sanglante des MAI-MAI (et alliés) sur Minembwe, il y a de quoi se demander pourquoi cela a lieu en ce moment précis. Très certainement, cet assaut est gravé de l’empreinte personnelle du président en campagne à Fizi. Et ses hommes, les Wazalendo équipés en armes, en munitions et en appareils de communication par la 12eme Brigade (basée à Minembwe), se devaient de montrer à leur commandant en chef qu’avec l’appui reçu, ils sont capables de lui offrir un tableau humanitaire catastrophique à Minembwe.
Ironie de l'histoire, la visite de Tshisekedi à Makobola le 9 décembre 2023 a coïncidé avec la commémoration de l'assassinat tragique du major Kaminzobe, le 9 décembre 2021, sur le même tronçon de la RN5, pour des motivations tutsiphobes. Ainsi, l'attitude de Fatshi a été d'ignorer le lynchage de cet officier d’origine Banyamulenge qui a eu lieu à quelques kilomètres de son lieu de meeting, préférant galvaniser les jeunes qui ont mangé la chair de cet élément de l'armée dont il est le commandant suprême.
La purge des officiers Tutsi/Banyamulenge : une promesse de la campagne.
« Nous éliminerons progressivement les infiltrés de notre armée », a-t-il poursuivi en lingala sous les applaudissements d’une foule en partie acquise à sa cause, ajoutant que certains parmi les intéressés avaient déjà commencé à s’en aller (d'eux-mêmes) pour rejoindre le M23. Mais de quels infiltrés parle-t-on quand on sait qu'une liste quasi-exhaustive d'officiers et généraux tutsi/banyamulenge des FARDC circule, depuis quelque temps sur les réseaux sociaux, sous le titre « Infiltrés au sein des FARDC » ? Ladite liste fournie des détails sur les noms, les lieux d’affectations et les numéros matricule des officiers concernés. L'accès à cette base des données "secret-défense" par des personnes vulgaires est déjà une preuve suffisante que le nettoyage des figures tutsi dans les rangs des FARDC est l'offre politique de M. Tshisekedi pour son premier mandat et pour les cinq prochaines années. « Eliminer les infiltrés progressivement » revient à cette méthode de purge par laquelle les officiers Tutsi sont tués, un à un, sont arrêtés arbitrairement et sont mis dans des conditions d’insécurité permanente qui les poussent à déserter, à fuir et éventuellement à rejoindre le M23 ?
Depuis l'ère Mobutu pourtant, aucun membre de la tribu Bafuliru de Bitakwira qui inonde la province du Sud-Kivu des milices MAI-MAI n'a fréquenté la prestigieuse école des officiers de la RDC, l'EFO Kananga, qui fait la fierté de l'espace Kasaï et par laquelle le nombre d’officiers et généraux Tutsi/Banyamulenge produits se comptent par dizaines. Rappelons au passage que ce même Bitakwira qui se glorifie d'avoir l'oreille du chef lors de son meeting de campagne pour la députation à Baraka/Fizi (le 13/12/2023), a comparé Minembwe à Kidal (Mali) et les Banyamulenge aux Peules et a ordonné aux MAI-MAI de s'inspirer de l'exemple de la destruction récente de Kidal (disait-il) pour détruire Minembwe.
Au vu de ce programme proposé par le candidat N⁰20, et fort de l'expérience d'une communauté internationale qui a brillé par son indifférence face aux cris d'alarme des Tutsi persécutés, les Banyamulenge sont bien avertis qu’ils n’ont d’autre option que d’être les seuls à prendre leur destin en main.
Le 20/12/2023.
Mukulu Le Patriote.
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