Mémorandum de la Communauté des Congolais Banyamulenge
INTRODUCTION
Nous, membres de la communauté Banyamulenge de par le monde, sommes profondément choqués et inquiets des massacres répétés, perpétrés contre les membres de notre communauté, avec un objectif et un message on ne peut plus clairs : soit les exterminer, soit les renvoyer ‘chez eux’ au Rwanda. Les opérations en cours chez nous, participent d’une épuration ethnique, organisée par les Mai-Mai issus des tribus voisines et rivales depuis des siècles, notamment les Babembe, Bafuliiru, Banyindu, Ces milices Mai-Mai sont animées d’une idéologie génocidaire anti-tutsi qui n’est plus à démontrer et reçoivent un appui certain des Forces Armées de la RDC, mais aussi des forces étrangères burundaises et rwandaises.
Pourtant les Banyamulenge, sans nul doute, à l’instar d’autres tribus du Sud-Kivu, sont Congolais d’origine, parce que leur présence au Congo est antérieure au découpage arbitraire de l’Afrique, à Berlin en 1885. La tradition orale, ainsi que plusieurs auteurs étrangers l’attestent (Weis, 1959). Leur péché originel, -pour lequel ils doivent soit périr tous, soit être expulsés du territoire national- est tout simplement d’appartenir à la minorité tutsie au Sud-Kivu!
LA DISCRIMINATION DES BANYAMULENGE SOUS LE POUVOIR COLONIAL ET LEUR MISE SOUS TUTELLE DES TRIBUS VOISINES ET RIVALES
La genèse du problème remonte un peu plus loin, depuis la colonisation belge, mais le problème lui-même a pris une ampleur inquiétante, et a même changé de forme au long des années à tel point qu’il est devenu complexe et difficile de l’expliquer en peu de mots. Mais quelles que soient les circonstances, la raison principale de ces massacres répétitifs et récurrents est à chercher dans un de jalousie que nourrissent les tribus dites bantoues à l’égard des Tutsi dont ils se perçoivent différents par la culture, les moyens de subsistance et la morphologie physique!
Ceci n’est d’ailleurs pas le monopole du Sud-Kivu ni de la RDC, mais survient régulièrement partout où des peuples pasteurs partagent le même espace vital avec des peuples cultivateurs, chasseurs et/ou cueilleurs. Cette cohabitation, en plus des problèmes pratiques inhérents à la transhumance des troupeaux de vaches et à la recherche permanente de leurs pâturages, ne manque pas de générer, à coup sûr, des jalousies de la part des cultivateurs, chasseurs et cueilleurs envers des pasteurs, notoirement ou supposément plus riches!
Au Sud-Kivu, la rencontre de la ‘civilisation de la vache’ avec celles ‘de la houe’, ‘de la flèche’ et ‘de la cueillette’ qui s’avérait complétive et nécessaire ne présageait guerre des heurts ou du moins des malentendus et des préjugés réciproques, surtout que dans un passé pas très lointain, elle e a été à la base de la création du marché dont l’essentiel des échanges commerciaux étaient fondées sur le troc. Cependant, elle a inévitablement créé et développé un sentiment d’infériorité dans certains esprits se basant sur les moyens et le mode de vie d’une culture par rapport à celui d’une autre et a suscité ainsi par la suite des jalousies (si l’on tient compte du fait que celui qui possède des bovins sera nécessairement plus nanti que celui qui ne compte que sur une agriculture extensive ou la chasse et la cueillette, au gré des saisons et autres caprices de la nature)
Le dire n’est pas suffisant, surtout pour des étrangers à notre région. Cette situation de haine inouïe, de discrimination et de conflits interethniques récurrents trouve également ses racines dans un triple registre, à savoir, la colonisation belge, le contexte national ainsi qu’une situation régionale de pourrissement.
De fil en aiguille, le contexte ainsi que les causes du conflit en cours sont tout aussi endogènes qu’exogènes.
En effet, s’agissant de la colonisation belge, un fait majeur se trouve être à l’origine de tous les conflits les opposant à leurs compatriotes et voisins, notamment : la mise ‘sous tutelle’ des Banyamulenge (alors appelés Banyarwanda, Batutsi d’Itombwe) par le pouvoir colonial belge en les maintenant sujets des chefferies coutumières des tribus voisines et rivales (alors que les Belges avaient trouvé, à leur arrivée au Congo , en même temps que les tribus bantoues, les Banyamulenge déjà établis au Sud-Kivu) . Cette attitude des colons belges envers cette ethnie congolaise, si elle n’était pas délibérée et politiquement motivée, au moins elle a eu comme conséquence de faire paraitre ces pasteurs d’Itombwe comme « allochtones », contrairement à tous les autres dits « autochtones »!
Le décret royal du 10 mai 1910 sur les chefferies indigènes a permis d’intégrer les indigènes en provenance des pays limitrophes dans les chefferies de leur choix ; il a ainsi répondu à l’exigence de donner à chaque indigène une autorité traditionnelle, mais pour le cas de l’Est du Congo, en refusant d’avance d’organiser une communauté politique des Banyarwanda et Barundi sur le sol où ils se trouvaient déjà au moment de la limitation des frontières, la colonisation a , peut-être à son insu ou deliberement, créé le conflit de nationalité qui dure jusqu’aujourd’hui et dont les conséquences sont terriblement dramatiques.
Quant au contexte national que nous venons d’évoquer plus haut, nul n’est besoin de pérorer et de s’y attarder outre mesure, tellement la non-existence de l’État congolais, sa démission, son dysfonctionnement, son incurie ainsi que son incapacité à gérer rationnellement son territoire et ses populations et à proposer un projet de société à la fois porteur et fédérateur qui réponde aux aspirations légitimes de tous les citoyens, sont à l’origine de tous les maux actuels que connait notre pays.
A ces deux facteurs précités, il faut bien sûr ajouter les multiples et funestes interférences des pays voisins au Kivu, en l’occurrence, le génocide des Tutsi du Rwanda,les différents massacres à caractère génocidaire et autres conflits interethniques majeurs qui ont jalonné l’histoire postcoloniale du Rwanda et du Burundi. Selon le principe physique bien connu des vases communicants, à chaque fois qu’on a éternué au Rwanda et au Burundi, on a toussé au Kivu! Ces deux pays voisins et frères ont déversé chez nous leur trop plein de venin ethniciste, en plus de leurs réfugiés.
Historia magistra vitae, dit-on! Vers 1950, le pouvoir colonial belge, pour des intérêts inavoués d’élevage intensif des bovins au profit des colons, n’avait pas hésité à procéder à une spoliation en bonne et due forme des riches terres habitées par une partie des Banyamulenge et à les refouler vers des terres moins fertiles et moins propices à l’élevage. L’on a assisté donc là à une concurrence déloyale entre deux projets d’élevage bovin : l’un extensif et traditionnel pratiqué par les populations Banyamulenge, et l’autre, intensif et moderne, pratiqué par des colons belges. La loi du plus fort étant toujours la meilleure, la balance pencha du côté des colons, cela s’entend.
Pour affaiblir la résistance à cette spoliation, l’administration belge attribua leurs (Banyamulenge) terres aux chefferies des communautés voisines qui lui étaient moins compétitives et plus dociles et inféodées.
Il faut le reconnaître : un peuple ne peut se résigner à rester indéfiniment sous la tutelle d’un autre ; surtout lorsqu’il se sent gratuitement persécuté.
On l’aura compris ! Le fait que les colons belges aient marginalisé les «Tutsi d’Itombwe» en leur arrachant leur petite chefferie en reléguant leur chef Kayira Bigimba à Lulenge, en plaçant par la suite les Banyamulenge (à l’époque appelés Banyarwanda ou Tutsi d’Itombwe) sous tutelle des chefs vira, fuliiru et bembe contient déjà les germes d’un antagonisme qui irait croissant jusqu’ à atteindre son paroxysme aujourd’hui.
LES BANYAMULENGE, VICTIMES D’UNE AMALGAME SUR LA NATIONALITE DES POPULATIONS RWANDOPHONES EN RDC
Après le départ des colons belges, en 1960 lors de l’indépendance, les Banyamulenges ont récupéré leurs pâturages, mais pour une courte durée. Car la rebellion muleliste de 1964 sous le commandement de Laurent Désiré Kabila, Malandula et Bidalira avec une armée des rebelles Mai-Mai imprégnés d’une idéologie sauvage, mal encadrés, sans discipline ni moralité, peu enclins à respecter les droits humains a alors écumé tout le Sud-Kivu, semant partout terreur et désolation, se livrant à toute sorte d’atrocités : pillages, massacres des personnes et des troupeaux ainsi que viols de femmes tutsi. Les Banyamulenge, victimes objectives et désignées des Mai-Mai furent obligés de fuir vers la Plaine de la Ruzizi et vers Baraka, où une grande partie d’entre eux périrent à cause de la famine et des maladies comme le paludisme et les dysenteries amibienne et bacillaire.
Après deux ans de calvaire, les Banyamulenge parvinrent à nouer une alliance avec les forces armées régulières de Mobutu avec l’appui desquelles ils reconquirent leurs terres et repoussèrent loin les rebelles Mai-Mai. Mais cette résistance acharnée et farouche des « guerriers » Banyamulenge à la rébellion muleliste qui avait massivement et exclusivement recruté au sein des tribus voisines et rivales Bafuliiru et Babembe (surtout Babembe), eut comme corollaire un antagonisme et une hostilité à vie entre les Banyamulenges, d’une part; et Babembe et Bafuliiru, d’autre part.
Faut-il le rappeler ici? La bravoure, la prouesse, les haut-faits d’armés des guerriers Banyamulenge et leur ascendance sur les Mai-Mai provenait du fait de leur tradition guerrière multiséculaire ainsi que de leur attachement à toute épreuve à leur bétail, centre et pivot de leur existence, qu’ils se devaient donc de défendre à tout prix!
Un fait notoire doit être ici rappelé : en RDC, l’on a connu trois grandes catégories de locuteurs du Kinyarwanda-Kirundi : d’abord, s’agissant du Sud-Kivu, les Banyamulenge (anciennement appelés Tutsi d’Itombwe ou Ruanda) auxquels il faut ajouter des populations d’origine burundaise établies dans la Plaine de la Ruzizi. Avec leurs congénères Tutsi ainsi que Hutu de Rutshuru, ils constituent la première catégorie des rwandophones Congolais d’origine, ‘de souche’, selon l’expression consacrée au Congo. Cette première catégorie de citoyens congolais, n’a jamais connu, principiellement du moins, de problème de nationalité parce que faisant partie intégrante des tribus qui ont constitué ce qui allait devenir le pays appelé Congo en 1885. Ni les Banyamulenge, ni les Tutsi et Hutu de Rutshuru n’ont jamais été « quémandeurs de la nationalité congolaise ». Auprès de qui, d’ailleurs, l’auraient-ils demandée, et en vertu de quel principe, étant donné qu’ils se sont retrouvés, en même temps que toutes les autres ethnies dans cet agglomérat de royaumes, d’empires, de cultures et de langues, artificiellement créé par les puissances occidentales à Berlin en 1984-1885?
Une deuxième catégorie de citoyens rwandophones est constituée des Hutu et Tutsi ‘transplantés’ par le pouvoir colonial belge du Rwanda vers les mines et plantation du Kivu entre 1920 et 1950. A la veille de l’indépendance du pays en 1960, la Loi Fondamentale élaborée par le Parlement belge pour le Congo ouvrait une brèche en leur reconnaissant la ‘petite citoyenneté’ et laissait la possibilité au futur parlement congolais de les régulariser, une fois la Constitution adoptée. Mais, ils participèrent, comme tous les autres Congolais aux élections générales, à la veille de l’indépendance du Congo belge.
Après l’abolition de la monarchie au Rwanda, en 1959, nombre de Tutsi rwandais se réfugièrent chez nous et y restèrent jusqu’en 1994, lorsque le Front Patriotique Rwandais défit le régime génocidaire hutu.
Plusieurs lois concernant la nationalité en RDC furent adoptées et promulguées concernant la deuxième catégorie de Congolais Rwandophones, à savoir les Transplantés de Masisi. A cet effet, la loi du 5 janvier 1972 reconnaissait la nationalité congolaise aux
« Personnes originaires du Rwanda-Urundi qui étaient établies dans la province du Kivu avant le 1er janvier 1950 à la suite d’une décision de l’autorité coloniale et qui ont continué à résider depuis lors dans la république jusqu’à l’entrée en vigueur de cette loi, ont acquis la nationalité zairoise au 30 juin 1960.»
Les chercheurs belges Reyntjens et Marysse citent la motivation du Parlement congolais en ces termes : « La décision du Bureau politique avait été prise pour que soit régularisé une fois pour toutes le cas de ceux qui avaient été déportés chez nous par la volonté de l’autorité coloniale et qui, de ce fait, ont passé de nombreuses années dans notre pays et ont accédé à l’indépendance en même temps que nous , participant à nos déboires et mésaventures »( cfr P.V. d’audition du conseil législatif, cité par Reyntjens et Marysse, Conflits au Kivu : antécédents et enjeux, Centre d’étude de la région des Grands lacs d’Afrique, université de Namur, déc. 1996 ,p. 22.
Cependant, une amalgame et confusion, délibérément entretenue par des politiciens sans scrupule, voulut, à plusieurs reprises, associer dans une interprétation fausse et fallacieuse des différentes lois taillées sur mesure, les Banyamulenge, Barundi de la Plaine et Tutsi comme Hutu de Rutshuru, pour écarter des concurrents potentiels mais aussi pour assouvir leurs bas instincts de haine ethnique!
On le comprend aisément! Dans un contexte de paupérisation générale et de clochardisation à grande échelle des populations congolaises par le régime de Mobutu, il fallait, à tout prix, trouver un bouc-émissaire, responsable de tous les maux du pays. C’est évidemment, sans gêne ni peine, que le Tutsi fut naturellement substitué à la victime expiatoire de tous les péchés du régime contre ses propres populations. Et ce, quelle que fût la période de son établissement au Congo. Être Tutsi, aimait-on à répéter, est un péché suffisant, pour ne pas être reconnu comme Zaïrois (Congolais). Fort éloquent, à ce sujet, d’ailleurs, est l’adage des Bashi qui déclare :’ Owashura Abadusi, arhalondora! (Qui veut frapper ou tuer un Tutsi, n’a pas à s’enquérir d’abord de quoi que ce soit… il faut d’abord frapper, tuer, et s’enquérir après)
Revenons au cas spécifique des Banyamulenge. Après la mort en 1980 du Député national Muhoza Gisaro Frédéric, issu de leur communauté, ils ne purent plus jamais faire élire un seul membre de leur communauté à la députation nationale, au motif qu’ils étaient soudainement devenus de ‘nationalité douteuse’ après que le Parlement zaïrois(congolais eût adopté une nouvelle loi de 1981 sur la nationalité qui reconnaissait, grosso modo, la nationalité congolaise à tous ceux dont leur tribu ou une partie de leur tribu se trouvait sur le territoire national avant 1885. Même ici, cette loi ne concernait nullement les Banyamulenge ni leurs congénères du Nord-Kivu. Une autre supercherie consistait en ce que les Banyamulenge pouvaient élire les candidats députés issus des tribus adversaires, mais ne pouvaient présenter les leurs propres. Ainsi, nombre d’entre eux, notamment Dugu Wa Mulenge, Mutambo Jondwe, Musafiri Mushambaro… furent écartés des élections de 1982 et 1987. En réaction à cette énième discrimination, les Banyamulenge brûlèrent les urnes.
LA CONFERENCE NATIONALE SOUVERAINE, LA COMMISSION VANGU MAMBWENI ET LEUR VISION D’UN CONGO RACISTE, EPURE DES TUTSI !
En 1990, à la faveur d’un vent nouveau de démocratie et de pluralisme soufflant sur le continent noir, après le Discours de la Baule conditionnant l’aide au développement à plus d’ouverture politique, la Conférence Nationale Souveraine fut convoquée et tenue à Kinshasa pour baliser le chemin, pratique une ‘autopsie politique’ du régime moribond de Mobutu et définir les nouvelles priorités du futur en RDC. Les représentants de toutes les couches de la société ainsi que de toutes les entités furent conviés à y participer, à l’exception notoire du Tutsi (qu’il soit du Sud ou du Nord-Kivu, qu’il soit Transplanté, ou Congolais de souche)
Au simple motif d’être Tutsi, on défenestra, comme des chiens, Rwakabuba Shinga Cyprien ( ancien ministre de l’Éducation du Gouvernement provincial du Nord Kivu après l’indépendance et plusieurs fois Commissaire Politique et membre du Comité Central du Parti de Mobutu, de même que Mgr Kanyamachumbi Semivumbi Patient, Secrétaire General de la Conférence Episcopale du Zaïre, sous la barbe de Mgr Laurent Monsengwo Pasinya, alors Président de la Conférence Episcopale du Zaïre et Président de la Conférence Nationale Souveraine, sans que celui-ci broncha ou osât lever son petit doigt protestataire ! Et pourtant, ces deux hommes d’Eglise avaient étudié ensemble à Rome, comme séminaristes et prêtres congolais respectivement originaires des diocèses de Goma et d’Idiofa. Osons l’avouer : soit Mgr Monsengwo était complice, soit il était impuissant à défendre la vérité et la justice, face à tant de tutsiphobie ambiante ! C’est le même silence de tout l’épiscopat congolais auquel on assistera quelques années plus tard, lorsque Mgr Gapangwa Nteziryayo, alors évêque du Diocèse catholique d’Uvira, piégé par des missionnaires Xavériens, sera forcé par le « Saint-Siège » de démissionner et de renoncer à sa charge pastorale, au simple motif qu’il était Tutsi Munyamulenge, et donc complice parfait et tout désigné de toutes les guerres menées en RDC ! Le monde à l’envers, quoi, pour reprendre les propos du célèbre homme de lettres kenyan Ngugi wa Thiongo !
Après la Conférence Nationale Souveraine, Mgr Monsengwo fut prié par le Saint-Siège de se retirer à la tête du Parlement zaïrois pour laisser les laïcs s’occuper de la gestion de la res publica. Il fut remplacé par le politicien Celestin Anzuluni Bembe Isilonyonyi, ennemi juré des Banyamulenge devant l’Éternel, qu’il ne cessait d’appeler publiquement à chasser et à renvoyer ‘chez eux’ au Rwanda, lors de différents meetings en zone de Fizi. Devenu tout puissant Président du Parlement congolais, au crépuscule du règne de Mobutu, il trouva dans son élévation au perchoir du Haut Conseil de la République Parlement de Transition, l’occasion tant rêvée de finaliser son seul et unique projet politique, à savoir, rendre les Banyamulenge apatrides, se saisir de leurs bien avant de les expulser ou de les exterminer, au cas échéant ! A son instigation, une commission ad hominem nommée Vangu Mambweni fut constituée, et, en date du 28 avril 1995, le Parlement congolais d’alors adopta sur la base du rapport de ladite Commission Vangu Mambweni des résolutions traitant tous les ‘rwandophones’ de réfugiés et les accusant d’avoir illégalement obtenu la nationalité zaïroise ! C’est alors que ladite commission parlementaire avait été chargée, au départ, d’étudier la question des réfugiés rwandais (que le gouvernement zaïrois venait d’installer à la porte du Rwanda, en violation flagrante des conventions internationales en la matière). Visiblement les priorités d’Anzuluni Bembe sont ailleurs : chasser les Banyamulenge et Banyarwanda, les expulser de l’administration publique, de l’armée et des services de sécurité et se saisir de leurs biens en les déclarant « biens nationaux» Il est clairement fait mention du projet d’installation de l’« empire hima-tutsi ». Anzuluni Bembe, en se servant de ce rapport pour arriver à ses fins macabres, va précipiter le cours des événements, et, depuis lors, les choses prennent une tournure inattendue.
Il trouva des complices ad hoc au Kivu en la personne du Gouverneur-Pasteur Kyembwa Walumona, Leonard Nyangoma (leader hutu burundais opérant au Sud-Kivu), le Commissaire de Zone d’Uvira Shweka Mutabazi, un hutu rwandais, originaire de Kibuye, miraculeusement devenu zaïrois et bien d’autres autorités tant militaires que civiles à tous les échelons de l’administration.
Les Banyamulenge ressentent très mal ce rapport dit Vangu et le commissaire de zone Shweka Mutabazi en profite pour les harceler, et, lors des meetings populaires (notamment à Kasenga), il n’hésite pas à appeler les populations d’Uvira à tuer les Banyamulenge qu’il appelle volontiers des « serpents ». La rhétorique n’a rien à envier au langage des médias de la haine, en l’occurrence la RTLM durant le génocide des Tutsi du Rwanda
De commun accord avec le gouverneur du Sud-Kivu, il veut mettre en exécution les mesures préconisées par le Parlement zaïrois ; le gouverneur monte à Minembwe( dans les Hauts Plateaux des Banyamulenge) en compagnie du leader hutu burundais Léonard Nyangoma ( probablement en mission de reconnaissance) et, de retour de cette mission, le gouverneur Kyembwa demande aux Babembe à Fizi de ne plus acheter les vaches des Banyamulenge sous prétexte que ces vaches leur reviendraient de droit , une fois les « Rwandais » rentrés chez eux. Le gouverneur exacerbe les sentiments xénophobes dans un climat déjà très tendu.
Dans ce capharnaüm politique, un autre fait majeur à souligner, sur le plan régional, est la guerre du FPR au Rwanda, sa victoire sur les forces hutu génocidaires et leur fuite au Zaïre où ils ont largement contribué à répandre la fausse idéologie de l’empire hima-tutsi en Afrique orientale et centrale. Au nom de cette idéologie, les réfugiés hutu- dans les rangs desquels l’on compte beaucoup de génocidaires- sont accueillis avec une sympathie réelle par les populations du Sud-Kivu. Du coup, ils sont présentés, à tort, comme des ‘victimes’ de l’hégémonie tutsi, des ‘frères bantous’ à accueillir et à secourir ! Les populations du Sud-Kivu ne vont pas tarder à déchanter, au regard des crimes innommables, commis par ces frères bantous envers leurs sympathisants congolais !
L’idéologie anti-tutsi déjà latente depuis des décennies dans la région, trouve alors un terrain favorable. Faut-il signaler ici, que lorsque le premier président hutu burundais Melchior Ndadaye fut assassiné en octobre 1993 au Burundi, des femmes banyamulenge avaient été sérieusement menacées de mort et essuyé des jets de pierres au marché d’Uvira? Dès lors, tout semble indiquer qu’aucun crime n’est grave, du moment qu’il est commis contre les Tutsi (du Sud comme du Nord-Kivu) Le Vice-gouverneur du Sud-Kivu Lwabanji ira jusqu’à lancer un ultimatum contre les Banyamulenge, leur enjoignant de quitter leurs terres ancestrales pour se rendre au Rwanda, devenu, de facto, leur nouvelle patrie! A la suite de cette déclaration, il s’en est suivi une série de massacres à grande échelle de civiles Banyamulenge et autres tutsi à Nganji Fizi Baraka, Kabela, Lusenda, Makobola, Uvira, Luvungi, Kamanyola, Bukavu, à Kinshasa, au Kasaï oriental au Shaba et partout dans le Nord Kivu dont les auteurs sont les Forces Armees zairoises (FAZ) de connivence avec les milices locales et les génocidaires rwandais réfugiés au Zaïre (Mapping, nd).
C’est alors qu’en septembre1996, dans un geste désespéré et suicidaire, les Banyamulenge, profitant du Rwanda (qui était alors à deux doigts d’être attaqué par les ex-FAR et Interahamwe nichés dans des camps de réfugiés au Kivu) pour s’infiltrer au Sud-Kivu, avec armes et munitions de guerre. Le Rwanda voulait légitimement sécuriser sa frontière avec le Congo, les Banyamulenge, eux, voulaient se défendre contre un pouvoir devenu inique et oppresseur. Ils se rallièrent à Laurent Désiré Kabila dans une guerre de libération qui chassera Mobutu, après 32 ans de régime dictatorial très honni par le peuple. Mais hélas, le répit allait être de courte durée, car, les accords entre Kabila et ses parrains de l’Est allaient tomber caduques, en moins de deux ans après sa prise de pouvoir à Kinshasa.
Encore une fois, les Banyamulenge, ainsi que tous les Tutsi du Congo, allaient connaitre un massacre sans précédent. Partout, à travers la RDC, on répondit avec enthousiasme et spontanéité aux sirènes et violons du racisme tropical, en massacrant la ‘vermine’ (entendez par ici les Tutsi), selon la formule consacrée de Mr Abdoulaye Yerodia Ndombasi, thuriféraire de la première heure de Laurent Désiré Kabila, de triste mémoire! Des centaines de soldats tutsi congolais, (qui avaient payé le lourd tribut pour que Kabila arrivât au pouvoir), éparpillés à travers tout le vaste Congo, puis, désarmés, avant d’être ignoblement exécutés. Des civils Tutsi congolais ne connurent guère un meilleur sort!
LES RAISONS EVAVASIVES POUR POUR JUSTIFIER UNE EPURATION ETHNIQUE DES BANYAMULENGE
Depuis lors, la méfiance s’est réinstallée entre les deux blocs au Kivu et des conflits armés majeurs ont vu le jour, creusant chaque jour davantage le fossé entre les populations tutsi et non-tutsi.
Il va sans dire que ce climat a fait le lit et préparé le terrain des extrémistes, tant nationaux que régionaux pour passer à la phase ultime, à savoir, l’épuration ethnique des Tutsi tout simplement et leur éradication de la surface du Congo. Pour tromper l’opinion publique et justifier leurs crimes, les instigateurs ont créé, à dessein, des récits mythiques mensongers qui prêtent aux Banyamulenge des intentions maléfiques d’un impérialisme imaginaire.
Pour les besoins de la cause, on exhume volontiers et à peu de frais, les mythes qui ont véhiculé la haine anti-tutsi au Rwanda pour justifier l’innommable! Tantôt on évoque le mythe de la création du « tutsiland », tantôt celui de « l’empire Hima », ou encore celui du ‘Tutsi étranger et envahisseur » venu d’Éthiopie ou d’Égypte (ce qui ne va pas sans rappeler le discours du Professeur rwandais Léon Mugesera appelant les Hutu à renvoyer les Tutsi envahisseurs chez eux, en Abyssinie via la rivière Nyabarongo). L’on évoque aussi régulièrement le projet de balkanisation, de somalisation du Congo par les Tutsis
Faut-il affirmer ici, qu’il s’agit, manifestement des affabulations, une histoire inventée de toutes pièces pour justifier à posteriori des crimes contre une population congolaise d’origine dont la seule tare congénitale est d’appartenir au groupe tutsi? Et pourtant, les Banyamulenge, dans leur majorité, sont fiers de leur ‘congolité’ et jaloux de leur identité nationale; ils n’ont jamais pensé ni rêvé de ‘somaliser’ la RDC. A contrario, ils soutiennent mordicus le sacro-saint principe de ‘l’intangibilité des frontières’ établies par la conférence de Berlin de 1885.
Dans cette haine anti-tutsi au Sud-Kivu, l’occasion faisant le larron, la création de la Commune rurale de Minembwe, a fourni de l’eau au moulin de tous ceux qui veulent voir le Banyamulenge soit exterminés, soit chassés hors des frontières nationales pour que le Sud-Kivu devienne enfin un « Bantoustan », à la congolaise! Pourtant, la constitution de la République Démocratique du Congo dit que le sol et le sous-sol appartient à l’État. Il a le pouvoir de décider de l’utilisation. La création des communes est pleinement son initiative et s’inscrit dans son programme de développement. Comment une tribu, d’une manière arrogante, peut se substituer à l’État et prétendre annuler même son décret sans que le gouvernement ne réagisse?
Les ennemis des Banyamulenge, puisqu’il faut nommer les choses correctement, s’en prennent ouvertement et directement à ces derniers, même en dehors de la circonscription communale de Minembwe, avec un message, on ne peut plus clair : ‘on ne veut plus de vous au Sud-Kivu, soit vous rentrez chez vous au Rwanda, soit nous vous exterminons. Ce qui prouve cette affirmation, c’est que depuis des mois, on les massacre, on viole les femmes, des razzias de vaches sont régulièrement organisées, mais aussi et surtout, on brûle tous leurs villages, pour les dissuader de rester au Congo, pour ceux qui ont la chance d’en réchapper! De mémoire de Congolais on n’avait jamais connu pareille situation!
Ironiquement, les membre des communautés desquelles sont issues les milices qui ont créé la désolation sont les premiers à affluer, et mieux reçus dans les camps de refugier, prétendant tantôt être des victimes tantôt se faisant passer pour les Banyamulenge afin d’avoir des visa pour les pays d’Europe, d’Amérique et l’Australie, où ils obtiennent une deuxième nationalité quatre ans seulement après après leur installation. D’où la question, pourquoi chasser le gens du pays pour l’abandonner par après?
Affirmons-le sans ambages : les responsabilités ainsi que les complicités sont à situer à plusieurs niveaux. D’abord, au niveau de l’administration du Congo, à tous le niveaux et toutes les époques, qui d’une part, de manière délibérée, n’a jamais voulu résoudre ce problème, vieux de plus d’un siècle, de la mise des Banyamulenge sous tutelle d’autres tribus. S’il est avéré que la colonisation a trouvé ces populations au Congo, pourquoi les traiter différemment d’autres populations congolaises? Peut-on, doit-on accorder, impunément, au sein d’une même famille, plus de droits à certains enfants qu’à d’autres? Qu’advient-il dans pareil cas?
Le Congo, notre pays, malgré nous, considère-t-il que la largeur du nez, l’épaisseur des lèvres, la taille et le manque de finesse faciale sont des critères fiables et rationnels pour déterminer qui a droit ou non à la nationalité et citoyenneté congolaises? Faut-il avoir un visage d’un mubembe pour être reconnu congolais? Au nom de quoi?
Ce qui écœure et intrigue, à la fois, c’est que, tout le long des 9 frontières internationales de la RDC, l’on trouve partout des ethnies à cheval sur deux ou même trois pays, sans que cela pose le moindre problème, à la conscience nationale!
Pourquoi, ni l’État colonial, ni l’État postcolonial n’ont jamais voulu corriger cette injustice notoire?
Pire, au cours des affrontements militaires actuels, la Mai-Mai manifestent plus d’organisation, plus d’entraînement et sont mieux équipés qu’ils n’ont jamais été, de toute leur histoire. Hélas! des preuves irréfutables faisant état de leur soutien par les Forces Armées de la RDC ne sont plus désormais à démontrer. Plus d’une fois l’armée nationale a tiré sur des combattants Banyamulenge qui se défendaient contre les Mai-Mai! Les vaches pillées sont soit égorgées, soit vendues, et l’argent ainsi récolté est partagé entre Mai-Mai et soldats gouvernementaux!
Une autre responsabilité est à situer au niveau de la Société civile ainsi que des médias locaux qui, soit, présentent une version erronée des faits, (où les victimes deviennent des bourreaux, et les bourreaux des victimes), soit, refusent délibérément d’en faire écho et préfèrent s’emmurer dans un silence complice manifeste. Dans cette optique, une sadique et malicieuse campagne de désinformation est orchestrée, présentant des versions inversées où des victimes deviennent des agresseurs et des agresseurs des victimes, ou encore les conséquences comme étant les causes et vice versa.
Les églises en général ne sont pas épargnées mais encore plus particulièrement l’église catholiques qui a une influence notoire et a eu d’occasions de jouer de rôles importants dans la politique mais a préféré hypocritement attiser la haine clandestinement dans la coulisse. Certains évêques comme Thimothé BODIKA de Kikwit vont jusque à dire de morphologies douteuses et inviter la population dans un langage habillée de s’attaquer aux bergers Banyamulenge de passage dans la région en 2017.
Enfin, la communauté internationale ainsi que les organismes des droits de la personne humaine pèchent gravement par leur silence, occupés qu’ils sont par d’autres foyers de tension économiquement plus rentables! La visite du vice-secrétaire de nations unies chargé des opérations, Mr. Jean-Pierre de la Croix à Minembwe n’a même pas arrêté les attaques pendant deux jours.
De nos jours, les Banyamulenge qui ont fui les violences dans leur pays, sont éparpillés dans les pays voisins comme le Rwanda, le Burundi, l’Ouganda, la Tanzanie, le Kenya et l’Éthiopie où ils sont entassés dans des camps de réfugiés aux conditions déplorables où ils reçoivent une assistance insuffisante rendant leur avenir incertain. Pire encore, ils sont poursuivis et massacrés même dans les pays où ils ont cherché refuge. C’est le cas des camps de Mudende au Rwanda en 1997 et Gatumba au Burundi en 2004. En 2017, une famille entière de réfugiés a été brûlée vive par d’autres réfugiés Babembe, en Tanzanie, pour la simple raison qu’elle est de souche Banyamulenge. Parfois même, ils subissent des traitements inhumains et dégradants, lorsqu’ils ne sont pas littéralement massacrés par les représentants de l’ordre des pays d’accueil, censés les protéger. C’est le cas du camp de Kiziba au Rwanda en 2018. En 2013, le Kenya, pour les exposer au risque, avait pris des réfugiés Banyamulenge et les avait acheminés, manu militari au camp de Dadaab, dans une zone presque sous contrôle de Al Shabaab tout en sachant que pour ces intégristes musulmans, les chrétiens doivent être convertis de force ou exécutés. En 2016 en Afrique du sud, les Banyamulenge refugiés en Afrique du Sud se sont vus emprisonnés sous la conspiration calomnieuse de leurs compatriotes congolais.
Nous l’avons dit et redit : aujourd’hui, ceux qui sont restés au village sont victimes des attaques des forces étrangères en provenance de pays voisins. C’est le cas notamment de RED Tabara, une rébellion burundaise dont on dit qu’elle a été formée, entraînée et équipée par le pouvoir de Kigali !
Quand ce ne sont pas ces forces étrangères, nous assistons quotidiennement aux attaques en règle des milices Mai-Mai notoirement armés et appuyés, mais aussi encadrés par et avec la bénédiction des pouvoirs admiratifs et militaire, qui osent, sous une appellation fallacieuse et camouflée, appeler l’épuration ethnique en cours « guerre intercommunautaire».
Ils ne sont pas les seuls. Il y a plus! Un mouvement anti tutsi est créé à travers le monde sous différentes dénominations par certains extrémistes membres de la diaspora congolaise, en connivence avec des hutu rwandais et burundais. Celui des congolais est connu sous le nom des « combattants » ou « résistants ». Ils mènent une campagne de désinformation et de diabolisation contre les Tutsi en général et, en particulier, des Banyamulenge dont ils designent par le terme « l’ennemi », cible plus vulnérable parce que minoritaires sans pouvoir ni accès à la presse. Les slogans incendiaires sont lancés à travers des médias sociaux par de nombreux instigateurs sûrs de leur impunité, parmi lesquels, à la tête, il faut nommer le très ignoble Ngbanda Honoré, ancien dignitaire congolais et homme de basses besognes de Mobutu, actuellement en Belgique; Kwebe Kimpele, un ex journaliste à la présidence sous Mobutu, également en Belgique, un certain Emmanuel Rukeba Rumonge qui vit actuellement aux USA ainsi qu’ un certain compatriote mubembe qui se fait identifier sous le nom de Mulongecha qui vit aux Etats-Unis, également. Ils tiennent des propos racistes et incendiaires, appelant au crime contre les Banyamulenge, pareils à ceux León Mugesera à la veille du génocide du Rwanda 1994.
Le plan est en marche et le bilan est lourd : rien que pour cette année, nous avons enregistré 300 morts, beaucoup de disparus, 200 villages brûlés, des localités entières vidées et désertées, 50 000 bovins emportés, 100000 personnes déplacées présentement confinées dans la seule vallée de Minembwe, sans abris, ni nourriture, ni médicaments! Et ceci sous la barbe de deux armés régulières, les Forces Armées de la RDC ainsi que Les Casques Bleus, pompeusement appelés Mission de l’ONU de « Stabilisation » du Congo!
RECOMMANDATIONS FINALES
- Nous demandons de faire pression à Son Excellence Tshisekedi Tshilombo, Président de la RDC afin que, fidèle à ses engagements de campagne, il fasse arrêter le massacre des Banyamulenge, population congolaise autochtone dont le seul tort est d’être tutsi;
- A la Communauté Internationale, nous demandons de s’impliquer, sans tarder, pour sauver ce qui peut encore l’être afin d’éviter le pire. Instruite par l’exemple rwandais en 1994, elle devrait prendre la mesure de la situation à temps, et à faire actionner tous les leviers et mécanismes en son pouvoir tant qu’il est encore possible de protéger des populations civiles innocentes et d’éviter l’implosion du Congo’;
- Nous demandons que les organismes des droits humains, surtout internationaux, se rendent sur place afin de constater, de visu cette épuration ethnique en cours, au lieu de se contenter des rapports ramassés par- ci par-là ou fournis par une administration biaisée et partisane, avec un penchant pour les apôtres de la haine anti-tutsi. Rien ne vaut un constat in situ, des événements en cours;
- Nous demandons que soit banni le racisme comme mode de gouvernement en RDC
- Aux chercheurs et autres intellectuels congolais d’entreprendre de sérieux travaux de recherche sur la vraie histoire de notre pays mais aussi un travail d’éducation civique permanente à l’intention des populations congolaise, surtout de la jeunesse afin que soit définitivement enterré le mythe selon lequel la nationalité et la citoyenneté congolaises se mesurent à la largeur du nez, à l’épaisseur du nez et aux autres traits du phénotype! Car, - et c’est notre mot de la fin-, on peut être Congolais, sans être bantu! Et si c’était à refaire, les Banyamulenges, renaitraient à la fois Tutsi et Congolais. C’est leur identité intrinsèque!
- Nous demandons que soient arrêtées des mesures particulières de protéger la minorité des tutsi congolais menacés d’extermination;
- Nous demandons de démilitariser le secteur du haut plateau et moyen plateau des forces étrangère et de désarmer les forces négatives mai-mai.
- Nous demandons à la communauté internationale d’apporter un secours humanitaire aux quelques 100000 personnes encerclées dans la seule vallée de Minembwe sans abri, nourriture ni médicaments, passant des nuits à la belle étoile à la merci des intempéries.
- De venir au secours de milliers de familles dans les Brousses à Mikenge, à Kamombo, à Kabara, à Mibunda, à Mikalati, à Katanga, à Bibokoboko, fuyant les tueries.
- Nous demandons à la communauté internationale de diligenter une enquête sur le génocide opéré par des milice Mai-mai contre la Minorité tutsi Banyamulenge.
- Nous demandons à la cours internationale de poursuivre les politiciens tireurs de ficelle dans cette affaire et les instigateurs des troubles qui lancent des messages haineux sur des réseaux.
- Nous demandons à la communauté internationale de sortir de l’inaction en enjoignant à la MONUSCO d’intervenir pour défendre et protéger les civiles victime des tueries, des pillages et des viols.
- Nous demandons à la communauté internationale d’ouvrir un couloir humanitaire pour venir en aide et évacuer des milliers des personnes encerclées sans aucune possibilité de fuir.
- Nous demandons aux médias de se rendre sur le lieu pour s’enquérir de l’évolution de la situation en lien avec le conflit .
Fait à Ottawa le Ottawa le 29 octobre 2019
Paul KABUDOGO RUGABA
Président de la Communauté Banyamulenge Ottawa-Gatineau.
Références
Mapping. (nd). Rapport du Projet Mapping sur les violations des droits de l’homme et droit international commise entre 1993 et 2003 en République Démocratique du Congo: Première Guerre – Attaques contre les civils tutsi et banyamulenge. Mapping Report.
Weis, G. (1959). Le Pays d'Uvira. Bruxelles 5: Academie royal des Science coloniales.
Excellent site internet. L'auteur est courageux mais fait des analyses fascinantes. Courage!!