Trois généraux séjournent à Minembwe maintenant. Un est déployé là, notamment, le général Patrick Opia, chef des operations de la 12eme brigade, tandis que d’autres,à savoir le général Yave Philémon et le général Bob Kilubi,respectivement, le commandant de la 3eme zone et le commandant région sont en visite. Officiellement, ils sont allés calmer la tension créée par des agissements de militaires qui ont occasionné le sit in de femmes de Minembwe depuis trois semaines. Ces dames demandaient la libération de Rutebuka, sa femme et son enfant âgé de moins de 12 mois.
Cependant, leur présence, loin d’apaiser la tension, accroit l’inquiétudes voir même sème la panique. Chaque jour, des coups de feu sont tirés pour une raison que l’on
ignore, qui ressemblent plutôt à des coups théâtre montés mais qui plongent réellement les habitants dans une insécurité totale. Chacun de ces scenarios emporte des vies humaines. Voici le bilan d’une semaine seulement.
Le 24 juin 2021, dans le centre de Minembwe, une jeune dame répondant au nom de Nkobwa Gentille est assassinée pendant la nuit. Le lendemain, on retrouvera son corps découpé gisant non loin du centre dans une brousse. Qui aurait fait ça, surtout quand on sait qu’il y’a une patrouille militaire tous les soirs ? Les soldats de la FARDC sont pointés de doigt .
Le 25 juin 2021, les militaires annoncent qu’un soldat inconnu aurait disparu. (Inconnu puisque personne ne connait son nom, ni son visage, ni son grade. Pour la population, c’est un simulacre qui cache derrière des plans inavoués. Mais les éléments de la FRDC s’obstinent, et imposent un couvre-feu tout en proférant des menaces de vengeance. La panique oblige les habitants à quitter leurs maisons pendant la nuit pour se réfugier dans la brousse. Le lendemain, les commandants en place les rassurent et les invitent à regagner leurs toits.
Le 28 juin, un autre militaire vagabonde la nuit avec son arme. Il est vu par la Police militaire en patrouille. Face aux intimidations de ses camarade, il menace de se défendre. Ses camarades tirent sur lui et l’abattent. Des crépitements se font entendre toute la nuit. Il s’enchaîne un couvre-feu sur le centre de Minembwe qui se termine par le kidnapping d’une fille de Munyarugamba âgée de 14 ans, par les éléments de la FARDC. Sa famille saura qu’elle est enfermée chez un militaire tout près de la piste d’aviation le 30 juin.
Le 29 juin 2021, un militaire se pointe avec son arme pendant la nuit et menace la population. La population civile parvint à le maitriser et lui ravir son arme. Puis par la suite, elle a fait rapport à la hiérarchie militaire et l’arme a été remise. Le soir tombant Bitwenge fils Bizuru, enseignant, est abattu dans sa maison, le 30 juin 2021 vers 20h par de militaires. Consternés et terrorisés, désormais tout le monde s’enferme dans sa case et personne n’ose sortir voir ce qui se passe quand on entend les coups de fusil.
Le 1er juillet 2021, très tôt le matin, on se réveille et on découvre des cadavres de quatre femmes assassinées tout pret du pnt :1)Nyamuhoza Bibiyane 62 ans, 2) Nagaju Véronique 75 ans, 3) Royi Nagabiro 72 ans, et 4)!Nantabara Nyantonesha Aimée 38.
Pendant la journée, avant que les obsèques ne se terminent, le village de Kabingo est mis à feu. Des vacarmes des fusillades se font entendre partout dans Minebwe. C’est le sauve qui peut. Le centre est déserté par ses habitants. On ne sait pas encore le nombre des tués et des blessés qui viendront gonfler le bilan macabre de la boucherie humaine.
La nuit du 30 juin 2021, jour où les congolais fêtent le 61ème anniversaire de l’Independence du pays, le Banyamulenge passent un calvaire qui n’est pas encore à sa fin.
Les jeunes hommes et les femmes sont particulièrement les plus visés. D'office, on attribue aux jeunes l’étiquette de Twirwaneho tandis que les femmes ont été abattues quand elles revenaient du sit in. On les abat sans autre forme de procès. Les militaires se comportent en fous ou en chiens errant. Ils braquent les canons de leurs fusils sur tout le monde. Les vols et la brutalité sont désormais monnaie courante. Les viols, très fréquents, sont tus par peur de la mort. La population cède tout sans discuter pour survivre encore une journée. Après-tout, voilà ce qui se produit.
« A quoi servent les missions et les expéditions de ces hauts gradés sourds aux doléances de la population et aveugles devant les flagrances quotidiennes, qui tour à tours, viennent et repartent laissant derrière eux une situation qui ne va que de mal en pi dans ce petit centre de Minemebwe ? » Se demande finalement la population.
Comme d’habitude, la MONUSCO reste indifférente. Elle a les moyens, elle a le mandat et le pouvoir de protéger les civiles. Mais pourquoi ne le fait -elle pas ? Aussi longtemps que son personnel est immunisé, tant pis pour les civiles.
Il en de même du Baromètre Sécuritaire du Sud-Kivu qui reste toujours inerte devant le drame Banyamulenge, pour produire après des rapports génériques tendancieux pour masquer la vérité.
Face à ces attitudes absurdes de la part des différentes forces de sécurité en place, et des ONG de droits humains, il y a lieu de croire que la communauté Banyamulenge ait été trahie à partir d’en haut au niveau national tout comme international.
Nous lançons un SOS ! que l’ONU protège cette communauté menacée. Qu’elle prenne la question au sérieux et qu’elle trouve une solution définitive.
le 1er juillet 2021
Paul KABUDOGO RUGABA
Je sais que malgré la silence et le calme d' O N U , de toutes les puissances mondiales et même de notre pays, Dieu est dans notre côté.