Le Discours de de Félix-Antoine Tshilombo, une reproduction en lingala des discours de RTLM et du journal Kangura.
« Désormais les Maï-maï et les Wazalendo font partie de l'armée comme réservistes de la république. Nous avons fait cela pour que nous soyons nombreux pour défendre notre pays. Malheureusement, notre armée est infiltrée depuis longtemps à travers les brassages et les mixages au sein de l'armée. Aujourd'hui nous avons commencé à éliminer certains des infiltés progressivement et vous avez entendu que les restes sont en train de fuir vers les M 23. Petit à petit, ils seront exterminés. Nous les Maï-maï et Wazalendo, nous nous sommes ensemble… »
Tel est le discours de Félix-Antoine Tshilombo du 10 décembre 2023 à Uvira, lors de la campagne électorale 2023. C’est exactement une reproduction du discours de la radio RTLM traduit en lingala quand on traitait des Ibyitso=espions traîtres tous les Tutsi vivant au Rwanda a l'epoque, et quand l’animateurs de la RTLM insitaient la population au netoyage ethnique: « udusigaye turagenda tuduhumbahumba ».
Il faut rappeler que Les Maï-maï, devenus Les Wazalendo pour se donner un sobriquet onéreux, ne diffèrent pas des Interahamwe, avec qui, d’ailleurs, ils sont en coalition. Pareille similarité d’idéologie et des discours d’incitation à la haine, auxquels s’ajoute la dangereuse coalition des tous les groupes armés négatifs terroristes intégrés dans les FARDC ne peut qu’engendrer les mêmes faits : un cauchemar comme celui qu’a vécu le Rwanda en 1994.
Dans un contexte où les Tutsi Banyamulenge et ceux du nord Kivu sont traités faussement d’étranger à qui on colle de surcroît l'étiquette des infiltrés, on comprend que le président ordonne et lance publiquement l'opération de la chasse à l'homme. Il est à noter que le concept d’infiltré est un leurre historique, mais c’est une représentation idéologiquement circonscrite et politiquement active.
L’étau se resserre autour de la petite communauté contre qui le monde a détourné son regard. Les attaques tous azimuts, menées par la coalition FARDC, Forces burundaise, Imbonerakure, red Tabara, et toute la panoplie de Maï-maï auto-surnommés Wazalendo, désormais blanchis et sacrés par le président de la RDC se multiplient à Minembwe et a Kahololo, deux de quatre derniers sites où sont retranchés les survivant Banyamulenge. Ce sont la même scène au Nord -kivu où la même coalition battant retraite face à M23, fait de razzias dans villages de la communauté Tutsi.
Dans une vidéo qui fait le tour de la toile, on voit Vital Kamere qui fait la traduction du lingala en swahili le speech de l’homme de mille promesses, résumant parfois, pour éviter certainement mots choquant indigne du discours d’un président.
Dans une autre vidéo, on voit Félix Antoine à côté du démon de message de haine, Messieurs Bitakwira, le pondeur de l’idéologie anti Tutsi discuter, calculatrice à la main, dans un terrain désert. Ce qui est vachement bizarre pour un président encore en exercice, de surcroit en pleine session de campagne électorale, sortir du bain de foule pour une discussion clandestine avec un voyou. Ah que dis-je! Ce n’est pas étonnant, ce sont de oiseaux de même plumage!
Lors de son meeting public, on voit également une foule de Wazalendo assoiffés de verser le sang, invités pour prendre des munitions et armes, comme l’a déclaré le chef de la faction Maï-maï René Itogwa. C’est le « ubi solitudinem faciunt pacem appellant (= Leurs ravages ont fait un désert et ils appellent cela la paix.) » de Tacite. Quelque part est rangé sur la ligne de front une dizaine de jeunes Banyamulenge garçons et filles, avec des barattes à beurre, emblème de la culture Banyamulenge, qui tente de chanter un chat nostalgique rappelant chez eux « iwacu mu mirambi ya Gahira… » mais subitement on les interrompt vite pour scander, à contre cœur, le slogan : « fatshi beto fatshi beto! ». Derrière ces jeunes se cache une masse des gens, non Banyamulenge qui cachent leur visage derrière eux pour ne pas se faire identifier. Et puis l’image est tellement agrandie pour ne laisser que voir ceux qui sont sur la première ligne. Ainsi, la photo produit l’illusion d’une grande foule Banyamulenge.
Ces jeunes Banyamulenge, n’ignorent pas qu’ils ont laissé dans leurs villages des dizaines des cadavres de leurs, non encore enterrés, mais ne peuvent pas agir autrement. C’est exactement ce qui est décrit par l’adage Banyamulenge qui dit que « umwami yica iso, agacura nyoko = (celui qui a le pouvoir sur toi peut tuer ton père et épouser ensuite ta mère) »
Dans un tel environnement, oser se proclamer ouvertement pro Katumbi pourrait être létal, bien qu'il soit l'homme qui a derrière lui dans cette campagne électorale toute la population, parce qu’il incarne l'avenir du pays. Il a comme le plus grand adversaire, le président sortant impopulaire, connu pour ses voyages extravagants et ses promesses mensongères, qui n’a derrière lui que les Wazalendo, une masse de voyou terroriste intégrés dans l'armée pour semer la désolation au sein des communautés visées et embraser le pays.
Entre celui qui compte sur sa popularité et ses réalisations, et celui qui compte sur la tyrannie, les pronostics sont clairs. Cependant dans un pays où toutes les magouilles sont permises, il faut s’attendre à tout, la supercherie peut prendre le dessus.
Quant au deux autres candidats Denis Mukwege et Martin Fayulu, ils ne savent pas sur quel pied danser. Ils pensaient jouer sur la carte de la congolité en récusant la nationalité de tutsi et en niant même l'existence des Banyamulenge. Aujourd’hui on la leur retourne. La balle est dans leur camp. Ils ne doivent à leur tour prouver leur congolité.
L'élimination systématique des calomniés d'infiltrés auquel Félix Antoine fait allusion, n’est que le génocide en cours au sein de l’armée. Nous l'avons dénoncé à maintes reprises en disant que les militaires issus des communautés Hema de l’Ituri, tutsi du nord Kivu et Banyamulengedu sud Kivu sont brûlés vifs et mangés publiquement avec la pâte de manioc, lynchés en présence de leurs collègues qui les livrent à la merci des cruels voyous sadiques de la rue. D’autres sont emprisonnés dans les geôles partout à travers tout le pays où ils n’ont même pas droit aux visites.
Les malades ne reçoivent pas les médicaments, leur nourriture est confisquée, Ils dorment sur le ciment sans matelas ni couverture ni quoi que ce soit dans des cachots où ils sont entassés comme des sardines. Les détenus déclarés non coupable acquittés par des tribunaux et ceux qui ont déjà purgé leur peine sont toujours détenus. Le motif de leur détention est requalifié, ainsi le procès demeure éternellement en suspens. Discriminées au sein de la prison, ils sont prisonniers de leurs compagnons prisonniers avec lesquels, ils sont incarcérés qui les mettent dans les cachots internes. Ils sont forcés d’effectuer les travaux que les autres dédaignent comme toucher les excréments à main nue pour déboucher les toilettes.
C'est ce que l'ONU ne veut pas que le monde sache. Pour ce faire, elle évite de documenter les faits scandaleux qui se passent sous la barbe de ses organisations non gouvernementales et son armée des casques bleus. Ils ont développé des formules évasives pour se protéger en présentant la situation à la légère tout en cachant la réalité désastreuse. Les ONG de droits de l'homme locales ont tourné le dos et ne peuvent rien dénoncer parce qu'elles ont déjà de parti pris. Leurs mains sont souillées du sang des Tutsi.
Seul le collectif des avocats essaie d’enquêter sur, mais avec un accès très limité aux documents et aux endroits où ces personnes sont détenues. Son cri d'alarme est une prédication dans le désert. Personne ne veut l’écouter, tellement que le monde qui les entoure a perdu le sens de l'humanité.
Les forces étrangères viennent s'installer, et parfois se succèdent sans compter les dégâts qu'elles causent. Celles qui optent pour la voix de la raison sont vite renvoyées et remplacées. Récemment, les forces de l’EAC kényane, ougandaises et sud-soudanaises ont plié bagage abandonnant ainsi les zones que le M23 leur avait cédées. Pour se pérenniser en République démocratique du Congo, il faut se déclarer ennemi de la petite communauté des Tutsis. Ce que fait exactement le Burundi et la MONUSCO qui jouent une personnalité double. Bientôt la SADC entre en scène avec les mêmes visées. Est-ce que cela va résoudre correctement le problème? Je n’y crois pas. Tant qu’on partira de fausses prémisses, on aboutira à des conclusions fallacieuses. Depuis trop longtemps le monde détourne le regard alors que le peuple tutsi est ciblé pour l'extermination systématique. Il faut traiter la question au sérieux avec objectivité.
Il s’avère important de lancer un cri pathétique : Le génocide contre le peuple tutsi est une réalité mais aussi une honte pour l'humanité. Il y a des positions moins innocentes. L’indifférence de la communauté internationale est une trahison de la solidarité commune face à une telle malveillance. Le silence n'est pas une alternative acceptable surtout pour une grande institution comme les nations unies. Il y a de quoi à déplorer la froideur, l'indifférence et la légèreté du traitement du problème qu’ont affichés les deux dames de la MONUSCO à savoir la guinéenne Bintou Keita et l'Algérienne Leila Zerrougui.
Il convient aussi d'ajouter qu’Il appartient à tout le monde de dénoncer la violence et la haine qui sont infligées aux personnes innocentes tout en réclamant des mesures efficaces de la part des dirigeants et de la communauté internationale pour mettre fin à ce massacre insensé. C’est un problème qui doit être pris en compte avec la plus grande fermeté. C’est un devoir de chacun.
Le 12/12/2023
Paul K Rugaba
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