Le passage de Bitakwira à Uvira dans le courant de la semaine du 07/12/2021 a joué à la propulsion, sur le devant de la scène, d'une nouvelle branche MAI-MAI qui est sortie du bois et s'est illustrée par le lâche assassinat du Major Josph Kaminzobe (de la communauté Banyamulenge) à Lweba, le 09/12/2021.
Tout le monde se souviendra qu’en bon constructeur de fiction et après avoir perdu, on ne sait pour quel motif, le statut du partenaire privilégié du Chef de l’Etat, ce populiste et polémiste-né qui n'arrête pas d’aboyer d'insultes avec acharnement sur les Tutsi-Banyamulenge qu'il déteste de toute son âme s'il en a encore une, s’est autoproclamé «porte-parole » d’une demi-dizaine de mutualités du sud Sud-Kivu dans le but de s'arroger la prééminence sur les chefs coutumiers (les Mwami) des communautés dont il prétend, par délit d'usurpation de pouvoir, représenter.
« Il n’y a pas que l’argent qui corrompt » dit-on, et l'on a raison car la folie du populisme et de l’impunité ont corrompu la conscience obscurcie de Bitakwira.
En effet, le destin fatal du Major Kaminzobe rappelle bien d’autres meurtres ciblant les membres de cette même communauté, dont quatre tués dans la ville de Baraka et tous pour le seul mois de décembre 2021. Mais aussi, cinq membres d'équipage transportant l’aide humanitaire à destination des déplacés (retournés) de Bibokoboko ainsi que deux conducteurs de taxi-moto ayant accepté d’offrir leurs services de transport aux Banyamulenge sur la route de Bibokoboko en ont aussi, et pour ces raisons payé de leurs vies.
Baptisés "Wazalendo" (autochtones), cette nouvelle milice urbaine est chargée d’ériger des barrages de fortune sur la route national N°5 pour traquer les membres de la communauté Banyamulenge, les appréhender, les lyncher, et au besoin, manger leur chair qui semble se révéler préférée aux autres proies par cette jeunesse devenue toxicomane de la haine ethnique.
Si Bitakwira s'alarme et fait aujourd’hui mine de craindre une explosion prochaine et certaine, au Sud-Kivu, de la « marmite sécuritaire » selon ses termes, il n’est pas sans ignorer qu’il en est son obsédé et principal pyromane.
L’aboutissement de sa démarche consistant à souffler sans relâche sur les braises d’insécurité ne peut être autre chose que de voir cette partie du pays devenir et rester le terrain favorable à la prolifération des groupes armés et milices communautarisées, et donc une anarchie persistante qui fait place à des flambées de violence permanente.
A son tour, dans la même ville d’Uvira, et ce, en date du 04/01/22 et comme à la coutumée à travers ses déclarations incendiaires, l’honorable Misare Mugomberwa qui s’inscrit dans la droite ligne du plan d'action de Bitakwira s’est laissé aller à son effroyable propension naturelle à la radicalisation de l'opinion électrisée contre ceux qu'il appelle obstinément, à tort et à volonté, des Banyarwanda (entendez les Banyamulenge) par des graves accusations, assorties de vendettas et d’incitation à la révolte massive contre ces derniers.
Pour arriver à ses fins, l’élu d’Uvira a choisi, dans ce qui semble être un marchandage et une manipulation de la nouvelle sur la disparition du colonel Yaoundé, de capitaliser sur la colère des femmes des militaires dont les maris forment l’escadron de lutte contre les groupes armés dans les Hauts-Plateaux. Il ne s’est embarrassé d’aucun scrupule pour rappeler à ses interlocuteurs que ses frères MAI-MAI, notamment la branche Bishambuke (qu’il a eu l’occasion de rendre visite sur le terrain des opérations en compagnie de Bitakwira, selon son témoignage - et sous-entendu de les encourager -) sont en connivence tacite avec les FARDC pour neutraliser MAKANIKA et ses « Wanyarwanda » qui le prennent pour leur Gédéon, l'un des plus célèbres personnages bibliques.
A ceux qui prenaient le président de l’Assemblée National, l’honorable Christophe Mboso pour un non-connectée de la réalité du terrain quand il demande aux députés de quitter les groupes armés, les propos de l’honorable Misare devraient servir d’un démenti retentissant.
Encourageant ses frères Bafuliru, les pasteurs en premiers, à prendre les armes pour livrer bataille sans merci aux Banyamulenge, ce membre de l’Assemble National fait vaciller la confiance de la population vis-à-vis des services de sécurité nationale. Car, dans son allocution, il fait remarquer que quiconque place sa confiance dans les FARDC est susceptible, pour des raisons d’insécurité non maitrisée par ces dernières, de fuir et de finir sa course dans le lac Tanganyika.
La faute est, selon la myopie de ses sentiments, aux tutsi Banyamulenge coupables du plus lâche de tous les crimes d’être d’origine rwandaise et de résister à leur extermination, et à défaut, à leur déracinement.
C'est bien au regard de ses insinuations que l'on assiste à la mobilisation des jeunes Bafuliru d’Uvira (et de la plaine de la Ruzizi) prêts à en finir avec les Banyamulenge comme ils le font savoir à travers leur message publié sur les réseaux sociaux et dont le contenu n’est autre qu’un avertissement et une menace contre tout Banyamulenge qui oserait, sous peine de se faire lyncher, emprunter la route nationale numéro 5.
Cette mobilisation qui s'étend des hauts aux moyens plateaux (de Fizi, Mwenga et Uvira) et qui touche désormais l’axe de la plaine de la Ruzizi jusqu'à la limite de la partie littorale de Fizi - en passant par les villes d'Uvira et de Baraka, ainsi que le village de Lweba - de triste mémoire - est l’aboutissement d’un processus de maturation de cette dynamique d'incitation à la haine ethnique contre les Banyamulenge que le gouvernement a laissé proliférer jusqu'à se manifester brillamment au sein de l'hémicycle du palais de la nation.
Mis en rapport avec la manifestation organisée à Kavimvira, au lendemain de son discours par les femmes des Militaires (et rejoints par une bande d'adolescents chauds bouillants qui scandaient, au rythme endiablé, le nom de Makanika et de Wanyarwanda/ Banyamulenge qu'il faut abattre), la dernière sortie du député national d'Uvira constitue un faisceau d'indices concordants et suffisants quant à son rôle dans la dynamique d'incitation à la violence et au pullulement des groupes armés au Sud-Kivu.
Les images vidéo d'un vieux papa de la communauté Banyamulenge qui a eu le malheur de tomber dans ce vacarme surchauffé par les discours de la haine ethnique et qui n'a eu la vie sauve que grâce aux loyaux éléments des FARDC, tandis que toute la foule réclamait son lynchage à l'instar de l'assassinat du Major Kaminzobe, sont éloquentes à suffisance.
« On ne demande pas la lune. Tout ce dont on a besoin, c’est la protection » martelait un vieux sage Banyamulenge de Minembwe dans une réunion avec le général Muhima, ancien commandant de la 112ème Brigade d’intervention rapide.
En effet, sachant que les années dévastatrices continuent de faire tomber leur torrent d'horreur sur la vie des Banyamulenge, et que ces derniers sont contraints de fuir les principales agglomérations et les principaux centres urbains de leurs territoires respectifs pour les mêmes raisons qui les ont forcé de quitter leurs villages dans les hauts et les moyens plateaux, il est plus qu'urgent que l'État congolais, par le truchement du commandant suprême des forces armées et garant de la nation s'investisse pour mettre fin à l’impunité et pour restaurer la paix afin d'éviter l’extermination et/ou le déracinement programmé des Banyamulenge par leurs détracteurs Misare, Bitakwira et complices avant qu'il ne soit trop tard.
09/01/2022
Mukulu Le Patriote
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