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Qui a tué le général Michel Rukunda, alias Makanika ?

Paul KABUDOGO RUGABA

Le 19 février 2025 restera gravé dans la mémoire collective de ceux qui ont connu et admiré le général Michel Rukunda, plus connu sous le nom de Makanika. Ce leader charismatique, figure emblématique de la résistance et défenseur infatigable de son peuple, a été assassiné au moyen d’un drone. Sa disparition a laissé un vide immense au sein de la communauté Banyamulenge et bien au-delà des frontières congolaises.

Le général Rukunda, dont le nom même (« gukunda » signifie "aimer" en kinyamulenge et « rukunda », "celui qui aime les autres") était le reflet de sa personnalité, était un homme d’une bonté exceptionnelle. Il a dédié sa vie à la protection et à la défense de son peuple, faisant de lui une figure d’espoir pour les opprimés et les marginalisés. Partout où des hommes et des femmes luttent pour la justice et les droits humains, son nom inspire respect et reconnaissance.

Contrairement à d’autres, le général Michel Rukunda n’a jamais cherché à s’enrichir ni à s’installer dans des lieux de confort, comme dans les grandes villes. Ses biens ont même été pillés par les milices, les FARDC et leurs alliés Maï-Maï. Il n’a jamais recherché les louanges ni exhibé son image pour recevoir des éloges, malgré la profonde sympathie que lui témoignait la population. Il a choisi de vivre une vie simple, dure, celle d’un combattant aguerri, fidèle à ses principes et entièrement dévoué à la cause de son peuple.

Sa bravoure et sa transparence étaient sans pareil. Contrairement à d’autres, il n'a jamais dissimulé sa position ni cherché à se cacher. Il affrontait ses ennemis avec une détermination remarquable, préférant le combat en face à face à toute forme de subterfuge. Cette posture courageuse lui a permis de repousser maintes offensives dirigées contre lui, accumulant ainsi des victoires qui couronnaient son parcours de succès notables, et infligeant des humiliations retentissantes au régime de Kinshasa sous la présidence d’Antoine Félix Tshisekedi.

Malgré les innombrables efforts du gouvernement congolais pour le neutraliser — mobilisant les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), des milices rebaptisées Wazalendo pour camoufler leur nature véritable, et même des mercenaires étrangers — le général Rukunda a longtemps échappé à leurs tentatives. Sa mort, survenue par une attaque de drone précisionnelle, soulève aujourd’hui de nombreuses questions quant aux véritables commanditaires de cette opération.

L’émotion suscitée par sa disparition a largement dépassé les frontières de la République démocratique du Congo. Dans plusieurs pays voisins, et même sur d’autres continents, des milliers de personnes ont pleuré la perte de cet homme dont la lutte était perçue comme juste et noble. Pour beaucoup, Michel Rukunda n'était pas seulement un général : il était l’homme de l’espérance, une voix pour les sans-voix et un bouclier pour les persécutés.


Reste la question cruciale : Qui a ordonné l’assassinat du général Michel Rukunda ?

Le général Michel Rukunda, alias Makanika, a été tué dans des circonstances tragiques. Mais au-delà de l'émotion suscitée par sa mort, une question demeure : qui a commandité cet assassinat ? Les indices convergent vers le groupe Akagara de Masunzu, désigné par plusieurs sources fiables comme le principal auteur du forfait.

Selon ces sources, Akagara, sous les ordre de son patron, aurait tendu un piège au général en le contactant par téléphone, se faisant passer pour des membres des forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) prétendant se rendre. Fidèle à sa réputation d’homme magnanime et ouvert au dialogue, le général Rukunda n’a pas soupçonné la supercherie et s’est préparé à accueillir ces prétendus déserteurs. Derrière ces appels se dissimulait toutefois un plan macabre : son téléphone était utilisé comme balise GPS pour localiser sa position avec précision.

Alors qu’il répondait à l’appel, un drone, déjà en vol au-dessus de la zone, a largué une bombe ciblée sur sa maison, la détruisant et le tuant sur le coup. D’après des informations recueillies, l’engin aurait été piloté depuis le quartier général de la 3ᵉ zone de défense, sous le commandement du général Pacifique Masunzu. Ce dernier, dont la réputation sanguinaire n’est plus à faire, se serait vanté d’avoir éliminé plus d’une vingtaine d’officiers banyamulenge, sans compter les soldats de cette communauté.

L’assassinat du général Rukunda n’a pas seulement choqué les Banyamulenge : il a suscité l’émoi au-delà des frontières, provoquant des vagues d’indignation dans les pays voisins et sur d’autres continents. Pourtant, les réactions des partisans d’Akagara ont été d’une cruauté déconcertante. Des messages provocateurs ont été adressés à la communauté endeuillée, et selon certains témoignages, des menaces explicites avaient été proférées juste avant l’opération fatale.

Comme si cet acte ne suffisait pas, le même commandement a intensifié les opérations militaires, déployant drones et avions pour pilonner les villages de Minembwe. Aujourd’hui, la population vit dans une angoisse permanente, survolée par des engins de mort qui rôdent sans relâche au-dessus du Haut Plateau.

En parallèle, la machine de désinformation s’est activée avec une rapidité inquiétante. Des textes et des audios, générés à l’aide de technologies sophistiquées comme l’intelligence artificielle, ont été diffusés pour accuser le Rwanda et le M23 d’avoir orchestré l’assassinat. Dans un pays où la manipulation de l’information supplante trop souvent la vérité, ces mensonges se sont rapidement propagés, alimentant la confusion et la division.

Ce n’est que deux jours après le drame que les autorités militaires congolaises ont fini par reconnaître leur responsabilité dans la mort du général Rukunda. Ce revirement tardif n’a cependant pas atténué les soupçons persistants d’un plan plus large visant à éradiquer les Banyamulenge. Depuis des années, cette communauté est la cible de campagnes militaires, de pogroms, de razzias et de démocides, autant d’actions qui, aux yeux de nombreux observateurs, s’apparentent à un génocide que la communauté internationale hésite encore à désigner par son nom.

Le silence ou l’indifférence des instances mondiales face à cette réalité laisse la communauté Banyamulenge dans une profonde solitude, confrontée à la brutalité d’une violence systémique qui ne dit pas son nom. Jusqu’à quand la communauté internationale fermera-t-elle les yeux sur ces crimes ? La mort du général Michel Rukunda n’est pas qu’une perte individuelle : elle est le symbole d’un peuple qui refuse de disparaître sous les bombes et la désinformation.

 

Le 26 février 2025

Paul Kabudogo Rugaba

 
 
 

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