Que se sont dit Make Hammer et le Gnl. Banza Joseph qui a débouché sur la destruction criminelle de Kamombo ?
« Chaque James Bond a sa part d’ombre » dit-on.
Auto-surnommé « Amani » en raison de son activisme sur la scène politico-sécuritaire en RDC, le très célèbre ambassadeur des Etats-Unis en RDC, Mr. Hammer Nzita dont les voyages à travers le pays sont particulièrement médiatisés, ne fait pas exception à la règle.
L’homme qui maîtrise toutes sensibilités politiques et sécuritaires de l’Est de la RDC – en tous cas aucune ou presque ne lui est inconnue - a passé un séjour à Uvira pendant la semaine du 2 août 2021. A cette occasion, il a rencontré, entre-autres le général Banza Joseph, commandant secteur opérationnel d'Uvira* avec lequel « il a discuté des efforts en cours pour neutraliser les groupes armés dans les Hauts-Plateaux*/ Fizi, Mwenga et Uvira», confie-t-il dans son message tweeter du 5 août 2021.
La suite est connue. Pendant la semaine du 08 au 15 août 2021, les villages Banyamulenge de Kamombo, Mikalati, Ngoma, Kabara et Kangwe dans les Hauts-Plateaux ont été attaqués par la triple coalition (FARDC, MAI-MAI et Red-Tabara) forçant les populations à fuir le lieu, tellement elles avaient la triste expérience des attaques de la même coalition qui, depuis 2017 a fait de leur vie un enfer.
Mr. Hammer était pourtant sans ignorer que pour les chefs de l’opération Sokola 2 FARDC, les groupes armés dans les Hauts-Plateaux n’étaient autres que les civils Banyamulenge et Twirwaneho. Pas les MAI-MAI, et moins encore les Red-Tabara !
La salve des critiques que Mr. Amani a essuyées à la suite de sa visite éclair à Minembwe, en 2020 tranchent avec les messages d’encouragement qu’il a reçus à l’occasion de son passage à Kipupu (Sud-Kivu), à Beni, à Irumu et à Jungu (Ituri). Cela devrait, par simple principe de précaution, lui inciter à réfléchir à deux fois avant de donner sa bénédiction aux attaques de Kamombo à l’occasion de sa rencontre avec le Gnl. Banza Joseph.
De même, l’ambassadeur Hammer n’était pas sans savoir que des centaines de civils Banyamulenge ont été tués, plus de 350 de leurs villages décimés et des centaines de milliers de leurs vaches razziées par la coalition Mai-Mai et Red-Tabara qui bénéficie de l’appui de la part des troupes de l’opération Sokola 2 FARDC. Le rapport des experts des Nations-Unies et le Baromètre Sécuritaire du Sud-Kivu s’en sont même fait largement écho. Mr. Hammer n’est pas de ceux qui en manquent les copies. C’est sans faire mention de bien d’autres rapports comme ceux-là qui prennent de la poussière sur ses étagères du diplomate américain et qui ont été rédigés par des chercheurs crédibles, les organisations de la société civile et/ou les notables locaux.
Les hommes et les femmes que Mr. Hammer a rencontrés sur la piste d’atterrissage de Minembwe où il a tenu son meeting en ont grillé leurs neurones à lui expliquer le contexte et à lui raconter les torts subis. En a-t-il évoqué dans sa réunion avec le général Banza ? Certainement pas, dans l’entendement des victimes Banyamulenge de Minembwe.
Et dans tout ça, que pensent aujourd’hui ces Banyamulenge du passage de Mr. Hammer dans le bureau du général Banza à Uvira ? Que se sont-ils dit qui, quelques jours après a débouché sur les attaques et la destruction des villages de Kamombo et de ses environs ?
Les plus pessimistes n’auraient pas tort de l’accuser d’avoir usé de son influence pour encourager les FARDC à neutraliser uniquement et simplement le groupe d’autodéfense civil Twirwaneho. N’en déplaise à ceux qui crient à l’injustice du fait que les MAI-MAI ne soient pas repris dans l’agenda offensif du Gnl Banza, sa compatriote Suzanna (Humanitarian Deputy Coordinator for DRC) s’occupera de réparer les dégâts.
Quoi qu’il en soit, la posture de l’ambassadeur Américain, en ce qui concerne la lutte contre les groupes armés dans les Hauts-Plateaux a sérieusement écorné l’image de celui qui, le 23 juillet dernier a reconnu par un message tweeter « avoir appris que les Banyamulenge sont des congolais qui méritent de vivre en paix comme tout le monde ».
En effet, si au nom de la justice populaire les Etats-Unis sont intervenus en Syrie, au Koweït et en Irak pour s’opposer aux armées loyalistes accusées de perpétrer des attaques contre leurs propres populations, pourquoi, à travers leur ambassade de la RDC, ils se lanceraient dans un paradoxe consistant à apporter le soutien aux garnisons qui se rendent coupables de crimes de guerre ? Est-ce parce que le sous-sol de Minembwe ne regorge pas de pétrole ?
Sinon, l’occasion n’est-elle pas bonne pour Mr. Hammer de demander des comptes au Gnl Banza et de se renseigner sur ce qui s’est réellement passé à Kamombo ? A savoir :
▪️Que sont devenus les lieux "libérés" par les forces SOKOLA 2 ? Nous avons tous vu les images de la fumée, comme celle d’une fournaise, montée dans le ciel de Kamombo. Et ce, au sixième jour après sa « libération » par les militaires sous le commandement du Gnl. Banza Joseph.
▪️Les troupes du Gnl. Banza étaient-elles envoyées dans les Hauts-Plateaux pour sécuriser la localité de Kamombo après avoir neutralisé Twirwaneho ou avaient-elles la mission de détruire ses villages par une rare violence pour la laisser à l’état d’abandon ?
▪️Les MAI-MAI et Red-Tabara qui ont combattus aux cotés des FARDC et qui sont devenus les nouveaux occupants de Kamombo ne sont-ils pas répertoriés comme groupes armés ?
Et si le soleil de l’Est ne brillait pas pour tout le monde !
Kinshasa, le 26 août 2021
Mukulu Le Patriote
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