Le lynchage récent de Monsieur Muheto Muhizi a été un élément déclencheur d’un énième cycle de débats et de discussions stériles sur les réseaux sociaux, notamment sur X (anciennement Twitter). Plus qu’un simple fait divers, cet incident illustre un mécanisme systématique employé pour faire peser les accusations de violence sur les Tutsi et justifier de nouvelles vagues de massacres à leur encontre. Une analogie simple permet de comprendre cette situation : c’est comme si quelqu’un mettait le feu à une maison tout en essayant de dissimuler la fumée.
Mais comment en sommes-nous arrivés à ce point critique ? L’épisode Muheto, loin d’être un fait isolé, s’inscrit dans une stratégie bien rodée de manipulation et de propagande visant à maintenir un climat de haine, de suspicion et de violence. Dans cet article, nous explorons les contradictions flagrantes qui caractérisent le régime de Kinshasa dans sa gestion des crises, et surtout dans son traitement de la minorité tutsi.
Le Paradoxe du Bouc Émissaire : Le M23 Toujours Accusé
Après l’agression contre Muheto Muhizi, une partie des Congolais a rapidement pointé du doigt le M23, prétendant que ce groupe aurait commandité cette tentative de meurtre. Cette accusation soulève une question logique : quel pouvoir surnaturel attribue-t-on au M23 pour qu’il puisse encore agir a plus de deux mille km à vol d’oiseau? serait-il par télécommande ou par magie ou par miracle?
Ce réflexe d’accusation sert deux objectifs. D’une part, il permet de détourner l’attention des véritables responsables en entretenant un narratif simpliste et polarisant. D’autre part, il alimente un climat de haine contre les Tutsi, assimilés de manière fallacieuse au M23. En définitive, cette rhétorique de la diabolisation est un outil politique pour justifier l’injustifiable et perpétuer une instabilité qui profite à certains acteurs du pouvoir.
Les Discours de Haine : Une Arme de Destruction Massive
Dans une société où les mots peuvent être aussi meurtriers que les armes, la parole est devenue une arme préférée pour certains leaders politiques et communautaires. Ils exigent des Tutsi qu’ils “aiment leur pays”, comme si leur patriotisme était remis en question. Pourtant, ces accusations sont une insulte à l’histoire de cette communauté, qui a démontré une bravoure sans égal dans la défense des intérêts du Congo.
Ce paradoxe est troublant : ceux qui accusent les Tutsi de ne pas être patriotes sont souvent les mêmes qui pillent les ressources du pays, bradent ses richesses et contribuent à son appauvrissement. Comment oser demander la loyauté à ceux qu’on persécute systématiquement ? Les discours de haine ne visent pas seulement à déshumaniser les Tutsi, mais aussi à détourner l’attention des vrais problèmes structurels qui minent le pays.
L’Exil : Une Double Peine
La politique d’exclusion visant les Tutsi ne s’arrête pas aux frontières du Congo. Contraints à l’exil par des violences répétées, ces derniers sont souvent pourchassés même dans leurs pays d’accueil. le massacre de Gatumba en est un exemple.
Le paradoxe atteint son comble lorsque ceux qui les ont chassés du Congo deviennent eux-mêmes demandeurs d’asile, bien qu’aucune menace ne pèse sur eux.
Cette hypocrisie est flagrante : les mêmes Congolais qui revendiquent l’hospitalité de pays étrangers refusent que leurs concitoyens vivent en paix, et ne veulent pas parler de paix et de réconciliation au Congo. Leur objectif semble être l’éradication totale de leurs compatriotes Tutsi. Cette mentalité de destruction est renforcée par un leadership politique qui fait la promotion des pyromanes tout en marginalisant les artisans de paix.
Le Pays des Contradictions
Le Congo semble être devenu le pays des contradictions : un pays où les pyromanes sont érigés en héros et les pacifistes, déconsidérés. Avec une telle logique, où peut bien finir ce pays ? Comment espérer un avenir stable lorsque les leaders considèrent le mensonge, la propagande, le pillage, les violations des droits humains, le tribalisme, le nepotisme, l'exclusion, et les massacres comme les seuls moyens de gouverner ?
Chaque décision prise par le régime de Kinshasa semble éloigner un peu plus le pays de la réconciliation nationale. L’impunité accordée à des figures comme Justin Bitakwira ou Nzangi en est une preuve flagrante. Ces personnages, au lieu d’être sanctionnés pour leurs discours incendiaires et leurs actions nocives, continuent de bénéficier de la protection du pouvoir en place. Cela montre que le régime préfère attiser les flammes du conflit plutôt que d’éteindre l’incendie.
La Perte de Crédibilité Internationale
Le comportement du régime de Kinshasa a également des conséquences sur la scène internationale. Alors que le monde appelle à la paix et à la stabilisation de la région, le gouvernement congolais persiste dans des politiques de division et de violence. Cette posture nuit à sa crédibilité et isole davantage le pays sur le plan diplomatique.
Le silence complice de certaines institutions internationales face aux violations flagrantes des droits humains perpétrées contre les Tutsi est également problématique. Cependant, il est de la responsabilité du régime de Kinshasa de donner l’exemple en érigeant la vérité, la justice et la réconciliation en priorités nationales.
Un Appel à la Raison
Pour que le Congo évite la dérive totale, il est urgent que ses leaders abandonnent les discours de haine et les stratégies de division. La priorité doit être donnée à la réconciliation et à l’établissement d’un véritable État de droit. Cela passe par l’élimination des figures controversées du paysage politique et par la promotion d’un leadership visionnaire et inclusif.
Le cas de Muheto Muhizi devrait servir de leçon et de point de départ pour une réflexion profonde sur les maux qui gangrènent la société congolaise. Ce n’est qu’en reconnaissant les erreurs du passé et en évitant les discours polarisants que le Congo pourra espérer un avenir meilleur.
En conclusion, le régime de Kinshasa doit comprendre que le mensonge et la propagande ne peuvent pas servir indéfiniment de piliers à la gouvernance. Le peuple congolais, dans sa diversité, mérite une direction qui favorise l’unité et la prospérité pour tous, sans distinction. Le temps est venu de briser le cycle des contradictions et de tracer une nouvelle voie pour le pays.
Le 17 décembre 2024
Paul Kabudogo Rugaba
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