Dans sa lettre datée du 27/07/2022, la ministre provinciale de l'éducation, jeunesse, culture, sports et loisirs, du Sud-Kivu enjoint au directeur provincial de l’EPST d'organiser "en urgence", une mission de contrôle physique des enseignants des écoles (officielles et conventionnées) dans la sous-division Fizi 5 (Minembwe).
Dès lors, d’aucuns se posent la question sur la pertinence et la justification de cette mission.
En effet, il n’y a rien d’anormal pour l’EPST à effectuer une mission de contrôle physique des enseignants dans leurs écoles respectives. Mais de-là à l’exécuter en pleine période des grandes vacances scolaires et à revêtir la mission d’un caractère urgent ne peut, aux esprits attentifs, que présager des surprises désagréables !
Il sied de rappeler que la notion de sanction (et donc de révocation) contre les potentiels absents au jour du contrôle physique occupe la place centrale dans cette lettre et exprime ainsi les véritables motivations de ladite mission urgente ainsi que les sentiments qui animent le commanditaire.
Il est pourtant connu de tous que depuis cinq ans, à Minembwe (comme dans l’ensemble des Moyens et les Hauts-Plateaux du sud, Sud-Kivu), les saisons et les années ne se succèdent que pour amener de nouveaux désastres qui n’ont pas épargné le secteur de l’Education. Mais, nous n’avons pas vu la ministre provinciale en charge de l'éducation se préoccuper, de quelque manière que ce soit, par la diffusion continuelle (sur les réseaux sociaux) des clichés faisant état des destructions massives des écoles, et moins encore, se montrée dans un état méditatif sur le sort des déshérités scolaires de cette partie du pays en proie à des actions de déstabilisation violente menées par une coalition de milices armées MAI-MAI. Bien au contraire et contre toute attente, elle est contrariée, si pas agacée par l’existence de rares écoles et encore fonctionnelles et rescapées des attaques de ces milices.
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Pourquoi alors cette urgente mission et qui en sont visés ?
Conformément à l'esprit de la lettre et aux menaces des sanctions auxquelles elle renvoie, on s'aperçoit très clairement qu’en dépit des affres de guerre qui n'ont pas ménagé les infrastructures scolaires, subsiste une réelle menace, et de surcroit, de la part de ceux qui sont censés faire preuve d’actes de compassion et d’initiatives de reconstruction. Cela suggère en effet que dans un contexte de destruction massive des écoles des Hauts-Plateaux, l'anéantissement ou la suppression des rares écoles encore opérationnelles (mêmes dans des conditions peu viables) est la priorité absolue du ministre provincial de l’éducation, jeunesse, culture, sports et loisirs.
Il y a donc lieu de trouver dans sa lettre, une nouvelle machine à tourner les obus à lancer sur Minembwe et contre les Banyamulenge, victimes de déracinement en cours et auxquels reste attaché le préjugé d'ennemis du pays comme voulu et décidé par leurs détracteurs. Sinon, ne serait-il pas judicieux pour la ministre - si elle ne peut pas venir en aide aux sinistrés - de se garder de raviver le sentiment d'inquiétude déjà à son comble dans les cœurs des victimes par cette participation à l'effort de guerre au projet sanguinaire porté par Misare, Musambya et Bitakwira ?
Il n’est secret pour personne que cette fameuse urgente mission n’est destinée, ni plus ni moins qu’à jouer un rôle (de l'arrière) aussi déterminant que celui des MAI-MAI qui s’emploient au quotidien à ravager, sur leur passage, des bâtiments abritant les écoles à travers tous les villages habités par les Banyamulenge. Après Lwabanji de triste mémoire au ministère provincial de l’intérieur, sécurité et affaires coutumières, et comme si chaque personnalité provinciale devrait emboiter ses pas pour s’illustrer en fonction de sa zone d’influence, c'est le tour de la ministre ayant l’éducation dans ses attributions de sortir ses cartouches.
Le 30/07/2022
Mukulu Le Patriote.
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