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Paul KABUDOGO RUGABA

Portrait sombre de la situation des Banyamulenge depuis 2017.

Dernière mise à jour : 1 sept. 2023


Après la sortie de la bible de la haine de Charles Onana, les pondeurs de l’idéologie génocidaire trouvent où se ressourcer et, de ce fait, rehaussent le ton. Les pas franchis dans pacification sur initiative des membres des différentes communautés risquent de reculer au point de départ. Les sanctions imposées à Bitakwira sont nulles. Seuls les discours contre le M23 sont à la mode en RDC comme en occident.

Le tribunal international a toute compétence juridique, mais sa volonté n’y est pas. Le mandat d’arrestation de Abdoulaye Yerodia Ndombasi est tombé caduc. Le verdict aurait fait le tour du monde, et, surtout, convaincre le risque de génocide.

Tout est une mise en scène. Les dossiers sont pris au sérieux quand les puissances veulent s’en servir pour leurs intérêts menacés. C’est pour faire le chantage et pas pour la justice. C’est une arme contre les mauvais disciples et les ennemis.

Pour le cas d’espèce, on ne saurait pas dire si la RDC est un bon ou mauvais disciple ; mais tout ce dont on est certain, est que, ses minerais s'exportent facilement et à bon marché quand elle est en situation des troubles.

La MONUSCO y a érigé domicile à vie. Les prolongations de son mandat se renouvellent régulièrement en dépit de réclamations de la population. Que ce qu’elle fait au juste ? Seul Guterres Antonio sait ce qu’il en tire. On tue à o km de ses posions mais elle n’intervient pas pour protéger les civiles, excepté une famille de missionnaire américains qui vit actuellement à Minembwe.

C’est pourquoi, elle a perdu une opportunité exceptionnelle d'au moins faire quelque chose, de reconnaître à temps l'existence de ce génocide qu'il pouvait empêcher parce que ce génocide se déroule sous ses yeux, lentement. Si rien n'est fait, ce sera une faute historique.

Dans les campagnes du Haut-Plateau, survivent encore les Banyamulenge dans quelques villages mis en quarantaine dont l'accès est presque interdit, la situation ne fait que se dégrader depuis que le Maï-maï auto-surnommés wazalendo (=patriotes) reconnus par le gouvernement, refusent l'entrée des ONG humanitaires. Les déplacés se nourrissent des légumes cultivés sur des lopins de terre autour de leurs camps ou villages. Les terres cultivables sont en zones contrôlées soit par les assaillants soit par leurs alliés Red Tabara. Du coup, on ne peut pas les cultiver. S’y hasarder est suicidaire.

Quelques panneaux solaires fournissent l'électricité au compte-goutte juste pour charger les batteries des téléphones.

La diaspora s’est organisée pour voler au secours de ces infortunés. Outre le coût extravagant du transport qui prend le gros de son convoi humanitaire, le reste est soit pillé soit partagé avec ceux qui assurent la sécurité de la route. Procéder autrement, tout peut se volatiliser. En d’autres termes, l’aide humanitaire profite aux autres plutôt qu’aux nécessiteux.

En effet, les points d'entrée vers le village, ce sont des chemins de terre, sentier pour piétons, un trajet de toute une journée de marche, à travers des endroits où habitent des populations hostiles. Seuls Bibogobogo et Minembwe peuvent y accéder des véhicules tout terrain, mais ils doivent traverser d’abord des zones ennemies.

L’unique voie qui semble être sécurisée, c’est la voie aérienne. Mais elle coute extrêmement cher. Bien plus, au regard de la rareté des avions, il faut attendre des semaines, voire des mois pour obtenir le vol. Seuls les hélicoptères de la MONUSCO y viennent un peu plus fréquemment pour ravitailler leurs troupes et faire des patrouilles. Malheureusement, ils ne veulent rien amener qui puisse sauver ces villageois. Pas même les médicaments.

Tout ce qu’ils peuvent faire, c’est acheminer, vers Bukavu, les personnes qui resignent et renoncent à vivre sur le Haut-Plateau pour s’exiler ailleurs. A ceux-là s’ajoute les pauvres innocents incriminés de collaborer avec Twirwaneho, parce qu’ils sont de piliers et le soutien inconditionnel de la cause Banyamulenge, qui s’opposent, d’une manière ou d’une autre, à la destruction totale du centre de Minembwe, en particulier, et du Haut-Plateau, en général. Ce sont principalement les personnes qui ont des fonctions cruciales qui occupent les postes dans les secteurs susceptibles d’aider la population à se reconstruire. Ils sont par la suite acheminés vers Kinshasa où les leurs n’ont plus de leurs nouvelles et, n’ont plus l’espoir de les revoir. C’est un adieu ! ( nah’Imana !)

Ceux qui y vont dans pareils circonstances, sont comme ceux qui ont franchi la porte de non-retour de l’époque de la traite des esclaves.il faudra peut-être des siècles pour prouver qu’ils étaient ou non innocents. C’est le cas Bonheur décédé dans les prisons de Kinshasa, Rutebuka chef de la mutualité des éleveurs dont on ne parle plus, de Lazare SEBITEREKO, fondateur et recteur de l’unique université de Haut Plateau situé à Minembwe, que les prétendus experts de l’ONU, viennent de livrer à la merci des services de sécurités de la RDC réputés pour leur atrocités extrême, en le pointant de doigt dans leur rapport farfelu du 13 juin 2023. Le nouveau candidat cible est le président de la société civile Rugombangabo Saint-Cadet, mêmement cité dans ce fameux rapport.

Le départ de ces piliers, désillusionne les Banyamulenge sur un possible retour à la paix. Lazare, saint-cadet et Rutebuka sont des de leaders d’opinion crédibles dans toutes les communautés confondues, qui militaient pour la paix, le développement et la cohabitation. Sur demande de la communauté internationale, plusieurs médiations se sont servies d’eux pour représenter la communauté Banyamulenge dans les négociations à Nairobi et partout ailleurs. A la fin, la même ONU les jette dans la gueule du lion. Quelle trahison !

A Kinshasa, il y a des centaines de cas comme ça, civiles et militaires arrêtés arbitrairement. La plupart d’entre eux ont leurs dossiers vides enfouis dans les tiroirs de la DEMIAP et de l’ANR depuis. Peut-être ils ne pourront jamais comparaître, car il y’a pas une volonté de les instruire. Les autres sont en prison sans avoir comparu. Quelques-uns ont comparu, voire même gagné les procès, mais ne sont pas pour autant libérés.

Plus de 80 % des Banyamulenge ont fui ce qui fut autrefois leur havre de paix, ils vivent éparpillés à travers le monde mais surtout dans les camps de réfugiés au Rwanda, au Burundi, au Kenya et en Ouganda. Ils attendent depuis lors une réinstallation qui vient à compte goute et au pas de tortue pour les plus chanceux, tandis que pour le moins, ils ont déjà passé plus 27 ans d’attente dans des camps aux conditions de vie sans minimum vital. Les générations passent d’autre naissent et se succèdent avec un avenir incertain. Vendre les dossiers des réfugiés, c’est devenu une pratique de plus en plus courante des de certain agents des organisations ayant dans leurs attributions la réinstallation. Alors, ce sont des ressortissants de ces pays hôtes qui qui sont réinstallés. Le nom de Banyamulenge très combattu, aurait servi à des milliers des pseudo-Banyamulenge à aller dans les pays développés au-delà du continent africain, où toute la jeunesse aspire ardemment aller y mener la vie, tandis que les vrais Banyamulenge continuent à attendre que leurs dossiers reportés au calende grec soient réactivés.

Plus de la moitié des ceux qui survivent perdus dans les montagnes sont des enfants ; les restes sont de femmes et de vieillards. Les jeunes hommes sont les plus visés, et connaissent un taux de décès alarmant. Ceux qui échappent à la guillotine partent se réfugier dans l’autodéfense Twirwaneho. Les commandants de la brigade FRDC déployée en place ont décrété des mesures intransigeantes complètement non adaptées à la réalité sur place, selon lesquelles tout jeune vu dans le centre de Minembwe est d’office considéré comme Twirwaneho et sera abattu sans autre forme de procès. Dans un contexte du Haut Plateau, pour les cas d’espèce des Banyamulenge qui pourrait ne pas être Twirwaneho ? Celui-ci n’est qu’un mécanisme d'auto-défense au fond de chaque être humain, qui le pousse à refuser de se laisser détruire par l'inévitable. Aux menaces d’extermination, l’autodéfense est légitime !

Ces femmes, ces enfants et des vieillards rescapés temporaires vivent dans la panique au milieu de leur bourreaux. Ils n’ont pas le droit de sortir dans d’autres localités pour chercher de quoi survivre. Les marchés sont empêchés. Les rares occasions où ils ont lieu, sont souvent perturbés par les FARDC qui viennent piller et rançonner. Parfois ils prennent le monopole du marché en s’interposant comme courtiers entre les Babuyu, fournisseurs des denrées alimentaires qui viennent de Lulenge et les Banyamulenge, consommateurs de Minembwe. La spéculation est démesurée et non négociable d’où, une flambée de prix indicible. Trouver de quoi nourrir les enfants devient une équation insoluble. La monnaie locale est le dollar américain.

Dans une telle atmosphère, les mœurs en souffrent atrocement. La prostitution, les viols, le vol, les meurtres sont Devenu monnaie courante. Le bois de chauffage utilisé aussi pour la cuisine est devenu rare aux alentours de Minembwe. Les buissons et les petites forêts ou l’on peut se ressourcer sont maintenant dans les zones à haut risque. Les personnes issues des communautés voisines qui ont la liberté de circuler partout sans restriction, stockent le bois pour le vendre. Parfois ce sont les Maï-maï eux- mêmes qui se chargent de ce commerce bien sûr de connivence avec les FARDC. L’armée y a interdit les hommes, sous peine de se faire abattre. Néanmoins elle accepte d'accompagner les femmes. Une fois là-bas, la femme doit céder son corps pour avoir le droit d’acheter. Et à quel prix ? c’est de l’or en matière ligneuse.

Du coup, les maladies dites de la honte, les enfants sans père. Tout est à leur défaveur et semble marcher selon le plan de leur ennemi. Ou se plaindre, à qui s’adresser, si va même jusqu’à détruire les services compétents comme la commune qui pouvais peut-être intervenir ? c’est inutile, car, les FRDC qui sont les auteurs sont en même temps les juges.

Le Minembwe de demain ne sera plus celui des Banyamulenge. Le faciès tutsi est en train de s’effacer en cédant place de manière certaine et accélérée à un nouveau. Les nouveaux enfants monoparentaux qui naissent ont pour pères géniteurs, les FARDC, les éléments hutu des forces burundaises et les membres des tribus voisines, eux qui n’ont rien à s’inquiéter, parce qu’ils ont leur passeport naturel : leur physionomie et leur appartenance ethniques.

Quand les filles mères, femmes abandonnées et les veuves accablées par la misère et le veuvage réclament que la polygamie et le lévirat soient réinstitués, il y a des pasteurs endoctrinés jusqu’à la moelle épinière des petites communautés si pas des sectes, (je ne sais pas comment les appeler, parce qu’ils ne communient pas ensemble pour être considérées comme communauté. Aussi, en dépit d’une même doctrine puisée dans la Bible, Ils sont tellement opposés les uns aux autres au point de devenir des ennemis jurés, ce qui les rapproche aux sectes), opposent leur veto en tant que défenseurs de la doctrine et prononce des jugements très sévères, voire des anathèmes. Que faire ? Ce sont des représentants de Dieu sur terre, on doit obtempérer. La Nature elle-même ferait mieux de se courber à leur sentence. Mais, hélas ! ils sont impuissants face à la débauche exagérée, aux mariages précoces qu’ils tautorisent et à la prostitution juvénile consécutives aux conditions de vie invivables. Leurs jugements n'empêchent rien. La plupart ont un niveau biblique de quelques mois, c’est-à-dire avec un niveau intellectuel limité qui ne permet pas la flexibilité. Ils ignorent que la nature a ses lois que Dieu lui-même respecte.

En somme, imaginez un environnement où les jeunes garçons sont proscrits dans la cité, les jeunes filles bâtardées par des hommes en uniforme et fusil à l’épaule, dans une zone assiégée et décrétée rouge, où tous les coups sont permis parce que les habitants sont soupçonnés de transporter la commune de Minembwe au-delà de la frontière à 300 km dans un autre pays, et l’argument tient for, l’ONU prend bonne note et déploie ses troupes et ses experts pour documenter ce glissement spectaculaire vers le Rwanda. Quelle est cette femme résisterait à ce genre d’intimidation ? Devant la tempête et l’ouragan, un fruit mûr ou pas, il tombe quand même. » dit-on.

Au fait quand on a sursis l’installation de la commune Minembwe, ce n’est pas l’entité en soi qui était visée mais bien ses habitants, que faute de les déraciner, on veut les changer par une hybridation accélérée et forcée. Telle est le portrait sombre du Haut-plateau d'Itombwe depuis 2017.


Par Paul Kabudogo Rugaba

le 29 aout 2023

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