Les partisans de l'opération "Sokola (nettoyer) Minembwe des Banyamulenge" se réjouissent naturellement des images accablantes des déplacés Banyamulenge de Kamombo ainsi que des vagues de flammes folles et de fumées épaisses sur leurs maisons abandonnées dont chacune constituait un foyer d’incendies criminelles. Il importe de rappeler ici que la destruction volontaire de ces villages (y compris les écoles, les églises et les centres de santé) par le feu incendiaire est intervenue six jours après ce que le capitaine Kasereka appela, à grand coup médiatique la « libération » du dernier bastion de Twirwaneho au 15 août par les FARDC sous le commandement, entre-autres du général Mukalay et du colonel Ekyembe. Il a cependant oublié de faire mention du caractère pyromane et de la passion dévorante de desdits libérateurs !
L’avion du général Yav tourne à plein régime entre Bukavu et Minembwe, en passant par Kamituga. Objectif : Mobiliser ses troupes, y compris les combattants MAI-MAI et Red-tabara à en finir avec la résistance au génocide contre les Banyamulenge. "Wanyarwanda warudi kwao" - les rwandais (Banyamulenge) n’ont qu’à rentrer chez-eux (au Rwanda)- est le slogan scandé par les troupes FARDC à Uvira, en partance pour les Hauts-Plateaux de Minembwe. Ces dernières se déclarent déterminées à nettoyer, à balayer (sokola) Minembwe et ses environs de toute présence Banyamulenge. En même temps, le sort de milliers des familles sinistrées qui n’ont aucun accès, aucun droit à l’aide humanitaire est plus qu’incertain. Elles sont décidément déboutées du droit à la vie.
En effet, alors que des groupes armés nationaux (MAI-MAI) et étrangers (Red-Tabara, FNL et FOREBU) écument dans une bonne partie de la province du Sud-Kivu, le concept de la « restauration de la paix et de l’autorité de l’Etat » utilisé par le Président de la République et Chef de l’Etat est interprété et synergiquement mis en œuvre par les principaux acteurs comme suit:
▪️Pour l'Etat-major général des FARDC, la restauration de la paix dans les Hauts-Plateaux de Fizi, Mwenga et Uvira est synonyme d’affûter toutes ses armes contre le mouvement Twirwaneho, avec des œillères qui font de lui complètement aveugle vis-à-vis des groupes armés MAI-MAI et RED TABARA;
▪️Pour le général Philémon Yav (commandant de la 3ème zone de défense couvrant le Sud-Kivu), cela signifie qu’il faut s’appuyer sur les groupes armés (MAI-MAI et Red-Tabara) pour détruire tous les villages Banyamulenge à travers le prétexte de la traque de Twirwaneho ;
▪️Quant au désormais ex-ministre Lwabandji (intérieur, sécurité et affaires coutumières), le processus lié à la restauration de la paix voulue par le Chef de l’Etat est une aubaine qui n’arrive pas deux fois et qu’il faut profiter pour tuer au moins 90 à 95% de la population Banyamulenge de Minembwe. Cela équivaut, comme il le prétend, à la proportion des porteurs illégaux d'armes.
En effet, depuis sa désertion des rangs des FARDC en janvier 2020, le colonel Makanika fait l'objet de farouches campagnes. C’est sans compter sur le fait que sa décision ait été motivée et justifiée par l'abandon de sa communauté à la merci de la funeste coalition MAI-MAI et Red-Tabara (depuis 2017) - sans que l'armée sur place n’ose stopper ces barbaries, si ce n’est que les exacerber et les superviser. Ces malveillantes campagnes contre Makanika et Twirwaneho sont menées au sein des FARDC par un cercle des généraux qui se constituent une économie de guerre grâce aux centaines de milliers de vaches razziées, et à travers les débats et polémiques menés, par médias interposés par des politiciens aux motivations xénophobes et génocidaires. C’est à l'image notamment du rôle joué par Bitakwira qui passe tout son temps sur les radios et télévisions locales à vociférer des outrages, des allusions et des insinuations odieuses et mensongères sur Minembwe, Banyamulenge et Twirwaneho. Bien entendu, il suffit pour les médias d'aborder en mal le feuilleton Banyamulenge pour affoler les compteurs des views », des « followers » ou des ventes des journaux.
Il y a lieu de se rendre facilement à l’évidence que si le colonel Makanika est dans les collimateurs des FARDC, ce n'est certainement pas parce qu'on lui reproche la désertion. L’autoproclamé général MAI-MAI Yakutumba dont les hommes servent de supplétifs aux FARDC pour mener des attaques contre Twirwaneho s’est rendu coupable du même délit. Son offensive lancée sur la ville d’Uvira et contre les FARDC au matin du 29 septembre 2017 n’en est pas un geste héroïque pour le dédouaner ou blanchir son casier judiciaire. Mais il n'est pas inquiété. Au contraire, il est appuyé pour traquer son jeune cadet, Makanika dont les circonstances aggravantes portent effectivement sur le fait qu’il est de la communauté Banyamulenge (vouée au nettoyage) et qu’il ait rejoint Twirwaneho (et non les MAI-MAI), justement pour se battre contre ce nettoyage ethnique perpétré par les Yakutumba et alliés.
Au Sud-Kivu pourtant, des leaders d'opinion, des défenseurs des droits humains, des autorités politico-administratives, des élus du peuple, des représentations diplomatiques, la MONUSCO et j’en passe, sont au courant de cette situation. Ils connaissent toute la vérité. Mais par crainte d'effaroucher certaines sensibilités et de protéger leurs postes, ils se taisent devant les crimes. Le principe est tel qu’il n’est pas question de heurter le fragile lien qu’ils entretiennent avec leur base, leurs hiérarchies ou leurs partenaires. Ce qui importe, c’est de ne rien risquer qui puisse offusquer les préjugés ou de mettre la dévotion des communautés majoritaires (Bembe, Nyindu et Fuliru) en méfiance. Ceux qui ont osé ont cruellement essuyé des volées de bois vert. L’honorable MUHIVWA n’est pas de ceux qui vont me contredire à ce sujet.
Kinshasa, le 23 août 2021
Mukulu Le Patriote
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