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Paul KABUDOGO RUGABA

Mot de réflexion à la jeunesse Banyamulenge.

Dernière mise à jour : 15 sept.


On observe actuellement une tendance inquiétante visant à bannir le terme "Tutsi" chez les Banyamulenge. Cette approche est non seulement ahistorique, mais elle ne nous mène nulle part. Le nom "Banyamulenge" n'est nullement incompatible avec celui de "Tutsi"; au contraire, ces deux termes se complètent, chacun occupant une place spécifique dans la hiérarchie des structures sociales. "Noir" désigne la race, "Tutsi" l’ethnie, « Banyamulenge» la tribu, et " Batwari"  clan.

Il est important de comprendre que le Bitakwira et consort qui s’opposent à l’utilisation du mot Banyamulenge parce que vous êtes de "Tutsi" ne s'en prennent pas uniquement à ce terme; ce n'est pas votre nom qu'ils rejettent, mais vous en tant que peuple. Vous pouvez changer de nom autant de fois que vous le souhaitez, ou acceptez tous les noms qu’ils vous proposent, ils continueront à vous en vouloir. Ces exemples illustrent bien la situation :

il y a deux ou trois ans, un jeune joueur originaire du Congo central a marqué un but décisif, offrant ainsi la victoire aux Léopards et sauvant l’honneur du pays. Cependant, il a été largement critiqué et rejeté en raison de ses traits physiques qui, selon certains leaders d'opinion tribalistes en RDC, le faisaient ressembler à un Tutsi. Certains commentaires allaient jusqu'à affirmer que "la RDC est infiltrée jusque dans l’équipe nationale." Il a fallu que son père intervienne, en donnant son identification, pour que ce jeune joueur reçoive finalement les honneurs qui lui étaient dus. Plus récemment encore, il y a quelques mois à peine, Miss Univers RDC, Ilda Amani, a été victime de discrimination basée sur son apparence physique. 

Pensez-vous réellement que, si vous vous conformez à leurs demandes, ils vous laisseront enfin en paix? Absolument pas! Ils trouveront d'autres prétextes pour vous persécuter.

Ne perdez jamais de vue qu'en réalité, leur véritable objectif est de nier votre existence même. Comment, dès lors, pourrait-on satisfaire une telle exigence? Il est illusoire de croire qu'en renonçant à une partie de votre identité, vous obtiendrez la paix. La seule voie qui s'impose est celle de la résistance, en restant fidèles à votre histoire, votre culture, et votre nom. C’est en affirmant avec force qui vous êtes que vous défendez non seulement votre dignité, mais aussi votre droit inaliénable à exister.

Connaître ses racines, ses origines, et son histoire est un besoin psychologique naturel et profondément humain. Tout comme un enfant adopté ressent, à un moment donné, l'impulsion de rechercher ses parents biologiques pour combler un vide intérieur, chacun de nous porte en lui le désir de se connecter à ses origines, de comprendre d'où il vient. Il en est de même pour tout un peuple.

Imaginez un instant que nous soyons capables de retracer notre histoire jusqu'à Adam et Ève; quelle richesse incommensurable cela représenterait! Imaginez encore que nous puissions reconstruire notre arbre généalogique jusqu'au premier hominidé. Ce serait une découverte merveilleuse, une plongée fascinante dans les profondeurs du temps, qui nous permettrait de mieux comprendre non seulement notre propre existence, mais aussi l'évolution de l'humanité tout entière.

Cette quête de nos racines ne se limite pas à une simple curiosité; elle nourrit notre identité, renforce notre sentiment d'appartenance, et nous offre un socle solide sur lequel bâtir notre avenir. En connaissant notre passé, nous nous ancrons dans une histoire plus vaste, une histoire qui nous dépasse et qui, en même temps, fait de nous ce que nous sommes aujourd'hui.

Ceux qui vous agacent, portent parfois des noms avec une connotation péjorative, mais ils s'en accommodent et les assument pleinement parce que c'est leur histoire. Ils savent que derrière chaque nom se cache un héritage, une identité, une mémoire collective. Il est essentiel d'accepter son histoire, d'en être fier, même si elle comporte des zones d'ombre ou des périodes d'horreur.

Il n'y a pas de honte à embrasser la totalité de son passé, avec ses victoires et ses tragédies. Chaque peuple, chaque communauté, porte en elle des cicatrices qui sont le témoignage de son parcours à travers les âges. Rejeter son histoire, c'est rejeter une partie de soi-même.

Il existe deux pays qui portent le nom de Congo, et les Bakongo, en tant que peuple, se retrouvent répartis dans quatre pays différents. Pourtant, jamais cela n'a causé de confusion. Cette diversité de noms, de territoires et d'appartenances n'a jamais justifié une quelconque agression contre un individu ou un groupe.

On ne peut en aucun cas justifier une agression contre quelqu'un simplement parce qu'il porte un certain nom, parce qu'il ressemble à ceci ou à cela, parce qu'il parle d'une manière particulière, parce que son histoire est différente de la leur, ou parce que son visage ne correspond pas au leur. Ce sont là des aberrations, des prétextes fallacieux pour masquer la haine et l'intolérance.

Regardez attentivement leurs débats; ils vous attribuent des mots que vous n'avez jamais prononcés, des intentions que vous n'avez jamais eues. Ils vous chargent de tous les maux du pays, créant ainsi une image déformée et injuste de vous et de votre communauté, une image qui ne correspond en rien à la réalité.

Pensez à l'histoire des conflits dont vous avez été victimes. Qu'avez-vous fait pour mériter un traitement si inhumain, allant jusqu'à subir les atrocités du cannibalisme? Rien ne justifie de telles horreurs. Ces actes ne relèvent pas de la justice, mais de la barbarie. Ils sont le résultat d'une déshumanisation systématique, construite sur des mensonges et des préjugés.

Il est capital de ne pas laisser ces aberrations dicter qui vous êtes ou comment vous devriez être. Votre histoire, votre identité, votre existence ne doivent jamais être remises en cause par ceux qui cherchent à vous détruire pour des raisons aussi absurdes qu'infondées. Vous avez le droit d'être qui vous êtes, avec votre nom, votre langue, votre apparence, et votre histoire.

Vous avez le droit de vous nommer comme vous le souhaitez. Ce droit est l'un des plus fondamentaux et inaliénables qui soient. Le nom que vous portez est une expression de votre identité, de votre héritage, et de votre histoire. Il vous appartient, et nul n'a le pouvoir de vous l'ôter ou de vous dicter comment vous appeler.

Peu importe les pressions extérieures ou les tentatives de vous imposer un nom qui ne reflète pas votre essence véritable, vous seul avez le droit de choisir comment vous vous identifiez. Ce choix est le reflet de votre liberté, de votre dignité, et de votre souveraineté en tant qu'individu ou en tant que peuple.

Ne laissez jamais personne vous faire croire que votre nom n'a pas de valeur, ou qu'il est préférable de le changer pour plaire à d'autres. Votre nom est une partie intégrante de ce que vous êtes, et il est digne de respect. C'est un droit qui ne peut être ni contesté ni renié. Il est votre marque de résistance et de résilience, un symbole de votre existence inaltérable.

Prenons l'exemple de la République Démocratique du Congo, un pays qui a changé de nom plus fréquemment que beaucoup d'autres. De l'État indépendant du Congo à la République du Congo, puis au Zaïre, et enfin à la République Démocratique du Congo, ce pays a constamment réinventé son identité sans jamais renoncer à son essence profonde. Comment alors les Congolais pourraient-ils se poser en donneurs de leçons face à des peuples qui aspirent eux aussi à changer de nom pour se réapproprier leur destin?

Changer de nom peut être une étape cruciale dans la reconstruction identitaire d'une nation ou d'une communauté. Ce n'est pas un reniement, mais un acte de renaissance, une manière de se redéfinir dans un monde en constante évolution. Mais changer pour plaire à l'ennemi est inacceptable. Ce n'est pas le nom qui fait le peuple, mais la force avec laquelle ce peuple porte son nom et défend son histoire.

 

Que vive la liberté!

Le 1er Sept. 2024

Paul Kabudogo Rugaba

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