Les roquettes distribuées pour raser les villages Banyamulenges sont povisoirement utilisées pour pulvériser les bases militaires de Yakutumba et de Ngomanzito.
La loi sur les réservistes des FARDC ayant débouché sur la mobilisation des groupes armées sous le label Wazalendo a été initiée par le groupe d’extrémistes anti-tutsi, mené notamment par Muhindo Nzangi et Justin Bitakwira, respectivement autorités morales des forces négatives pour le Nord et le Sud-Kivu. Les deux élus ont trouvé dans la promotion des groupes armés, un moyen d'accéder au pouvoir ou de le conserver, et une occasion d'affûter la capacité de nuisance de leurs milices contre les Tutsi/Banyamulenge.
Au Sud-Kivu en particulier, les FABB (milices Bafuliru dont Ngomanzito est l’un des principaux commandants des troupes et allié aux rebelles burundais de Red-Tabara) et le CNPCC (milice Babembe soumis aux ordres du général autoproclamé Amuri Yakutumba), sont deux principales coalitions de groupes armés et sous-fédérations de Wazalendo. Après leur récente gigantesque dotation en matériels de guerre, il n'a pas fallu longtemps pour voir les deux factions se retourner l’une contre l’autre. Cela relève de ce à quoi on s'attendait le moins, tellement les deux groupes étaient sur le point de lancer une nouvelle vague d’attaques conjointes contre les villages de Minembwe et avaient une coordination commune en raison de leurs affinités idéologiques.
Quand les frontières des territoires administratifs deviennent des frontières territoriales des États
Pour Yakutumba, la communauté Bafuliru (de Bitakwira) est un autre groupe de « réfugiés » après les Banyamulenge, venus occuper illégalement les terres des autochtones Babembe à Nganja et Lulenge, dans le territoire de Fizi. Les mêmes absurdes et rocambolesques griefs formulés à l'encontre des Banyamulenge et utilisés comme prétextes légitimes pour les massacrer à Fizi comme à Uvira sont, mutatis mutandis, dirigés contre la communauté Bafuliru à Fizi. La communauté Bafuliru est accusée d'avoir procédé délibérément au "changement des noms des collines", prétendument pour s'approprier les terres des autochtones Babembe. Les MAI-MAI Bafuliru qui clament, tambour battant, se battre contre l'instauration de la commune rurale de Minembwe en un petit Etat indépendant en RDC, à l'image du Lesotho en Afrique du Sud, sont pris à leur propre piège. Yakutumba rechigne à imaginer une situation où le secteur de Lulenge deviendrait une enclave indépendante dédiée aux Bafuliru, dans le territoire de Fizi où il s'est taillé un fief.
On sait, pourtant, qu'aucun des noms des villages du coin n'a été modifié, si ce n'est qu'ils sont prononcés différemment en raison des accents phonétiques et phonologiques propres à chaque dialecte. Nous pouvons donner l’exemple de la localité de Kabanja, une entité locale de Lulenge (Abanja en Kibembe) dont la prononciation en Kifuliru provoque un malaise à Yakutumba autant que Rubuga (Lubuga en Kifuliru) donne des maux de tête à Bitakwira qui ne pense à résoudre cette équation que par l’extermination des Banyamulenge.
En clair, les groupes armés MAI-MAI dont les membres (Bafuliru et Babembe) ne sont pas des frères biologiques se sont regardés dans le miroir pour réaliser qu’ils ne venaient pas non plus du même ancêtre commun. Dès lors, les frères de Bitakwira sont servis sur le même et cruel plateau que ce dernier a toujours utilisé lorsqu’il s’agit de rendre service aux Tutsi: celui qui comprend notamment une large gamme de produits dont les massacres, les pillages de biens et la destruction systématique des maisons de paisibles civils. Cette mixité de produits s’anime entre les mains barbares des combattants MAI-MAI des deux fractions (Yakutumba et Ngomanzito) qui nous offrent, dans un équilibre parfait, un festival de musique de détonation.
La MONUSCO se mobilise pour la médiation des frères ennemis sans crainte d’entacher sa réputation.
La MONUSCO s’emmêle dans ce que les plus lucides qualifieraient d’«intelligence avec les forces négatives ». L’agence onusienne de maintien de la paix en RDC a servi d’agence de voyage à Yakutumba, un fiché « S » des Etats-Unis, principal pourvoyeur financier de la MONUSCO. Dans la réunion de Goma à laquelle était convié Yakutumba avec la facilitation de la MONUSCO, M. Justin Bitakwira, sanctionné par l’Union Européenne, l’autre partenaire financier de la mission onusienne en RDC, était assis sur la table d’honneur réservée aux médiateurs, aux côtés des délégués des casques bleus. Pour lui, il est question de sauver son projet (de nettoyage des Tutsis) pour lequel le conflit entre Yakutumba et Ngomanzito représente un grain de sable dans l'engrenage.
"On n'a pas vu une telle mobilisation de la part de la MONUSCO lorsqu’il s'agissait des attaques par Yakutumba, contre les villages Banyamulenge", s'indigne un notable de Minembwe. Bien entendu, ce dernier ne crie pas pour mendier l'attention ou l'amour de la communauté internationale. Mais une communauté internationale qui attend l'effectif nettoyage de cette communauté pour agir, ne mérite pas la considération qu'on a d'elle.
27 juin 2024
Mukulu Le Patriote
Comments