La récente implication des troupes tanzaniennes dans le conflit à l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) suscite des préoccupations quant à la nature changeante des objectifs déclarés par les autorités tanzaniennes. Leur arrivée à Goma, capitale du Nord-Kivu, a été marquée par des déclarations contradictoires, illustrant un jeu de cache-cache diplomatique qui soulève des questions sur les véritables intentions de la Tanzanie dans cette région tourmentée.
Lors de leur arrivée à Goma, les représentants des troupes tanzaniennes ont étonnamment déclaré : "Nous sommes aux cotés de FRDC ne sommes pas venus pour des négociations, nous sommes venus pour exterminer l'ennemi, le M23. Une fois terminé, on va nous attendrons qu’on nous montre un autre"Bien entendu, il insinuait le Rwanda même s’il n’a pas cité le nom. Cette déclaration abrupte suggère une posture offensive et soulève des inquiétudes quant à la possible escalade du conflit.
Cependant, moins d'une semaine après cette déclaration belliqueuse, la présidente de la Tanzanie, Mme Samia Suluhu, a fait une volte-face en affirmant : "Nous sommes là pour faciliter la négociation entre le gouvernement congolais et le M23." Cette apparente contradiction entre les déclarations initiales et le discours ultérieur soulève des interrogations légitimes sur la cohérence de la position tanzanienne. L'accusation de mensonge et d'hypocrisie politique est légitimement portée à la lumière, mettant en évidence une apparente divergence entre les intentions proclamées et les actions réelles.
L'attitude sélective de la Tanzanie dans sa participation à la mission au sein de la Communauté des Pays d'Afrique de l'Est (EAC) s'inscrit dans un contexte probable de négociations et d'accords confidentiels avec le régime de Kinshasa. Cette réserve initiale a trahi le flair diplomatique discrète ente les présidents de deux pays.
De manière contrastée, le Burundi, motivé par des considérations opportunistes, a choisi d'adopter une posture ambiguë. Certaines de ses troupes ont revêtu l'uniforme de l'EAC, tandis que d'autres sont intervenues dans le cadre d'une coopération bilatérale secrète entre les Présidents Évariste Ndayishimiye et Félix Antoine Tshilombo. Sur le terrain, les deux contingents ont ultérieurement adopté l'uniforme de la RDC enfreignant ainsi aux principes de médiation.
Les informations provenant du Nord-Kivu indiquent que l'artillerie tanzanienne et sud-africaine, présente dans la région, est plus meurtrière que ce que l'on pourrait imaginer. Les conséquences de leurs actions sont dramatiques, causant des milliers de victimes parmi les civils. Leur refus de se rendre sur le front et leur recours à des bombardements aveugles dans les villages soulèvent des questions sur la conformité de leurs actions aux normes humanitaires internationales.
Il est évident que ces forces étrangères ne sont pas motivées par un attachement à la vie des Congolais, mais plutôt par des intérêts mercenaires axés sur la recherche de gains financiers, laissant derrière elles un désastre humanitaire. La nécessité d'une évaluation objective de leur rôle dans ce conflit devient impérative pour garantir la justice et la transparence.
En parallèle, la RDC semble être plongée dans une spirale de haine ethnique, négligeant les conséquences de transformer son territoire en un champ de tir où les cibles sont des êtres humains. La communauté internationale, pourtant préoccupée par la préservation de ses mandats renouvelés, semble adopter une posture apathique, ne sauvant rien et n'empêchant rien.
En conclusion, les jeux de cache-cache de la Tanzanie dans le conflit à l'Est de la RDC soulèvent des inquiétudes légitimes quant à la cohérence de ses actions et intentions. Il est impératif que la communauté internationale s'engage dans une évaluation minutieuse de cette situation complexe pour garantir la justice et la stabilité dans une région déjà éprouvée par des années de conflit.
le 5 fevrier 2024
Paul Kabudogo Rugaba
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