top of page
Rechercher
Paul KABUDOGO RUGABA

LES BUREAUX DE CENI, NOUVEAUX ABATTOIRS DES TUTSI

Dernière mise à jour : 25 févr. 2023



Des barrières sont érigées autour des bureaux de Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), partout où ils se trouvent, par des jeunes vauriens sur invitation de l’administration. C’est à eux qu’on a assigné le rôle de la sécurité avec consigne d’empêcher les Tutsi de se faire enrôler. Ils font maintenant la loi. Ils décident qui doit entrer et qui ne doit pas.


Le problème se pose avec acuité au Sud-Kivu où, les Maï-Maï avec la bénédiction du pouvoir de Kinshasa ont le dessus. Avec ce nouveau rôle leur assigné, ils ont le contrôle des tous les centres d’enrôlement. Ils sont armés de machettes, des barres de fer, des massues et même des kalachnikovs. Ils lancent des communiqués et de message haineux contre les Tutsi. Les Banyamulenge qui s’y rendent, ont peu de chances de survivre.


Chaque jour, on annonce des morts, des disparitions, des tortures et des arrestation arbitraires. L'Agence nationale de renseignements (ANR) et les stations de la police se sont transformées en centres pénitenciers et en morgues où l’on vient ramasser les victimes de tortures. On peut citer à tire d’exemple : A Kalemie plus de 6 jeunes Banyamulenges sont emprisonnés au cachot de la police près du centre d’enrôlement (Kicanga). A Uvira, Baraka, Fizi, Mboko et Luvungi personne n’ose approcher les centres d’enrôlement au risque d’être cannibalisé. A Nyangezi, une fille Munyamulenge a été victime d’agression au bureau de CENI et a été sauvée de justesse par quelques bons citoyens. Malgré l’intervention de ces derniers, le bureau reste toujours fermé aux banyamulenge. À Pretoria, en Afrique du Sud, les Banyamulenge qui s’y trouvent ne sont pas épargnés.

Au nord Kivu, les mêmes agissements s’observent surtout dans sa capitale, la ville de Goma, sous contrôle de FARDC et le mercenaires russes etc.. Voici quelques cas : Nkomezi Pierre Gasosi porté disparu à Goma, Ndayisaba Bienvenue et Ndatamiye Fred sauvagement torturés au centre d'enrôlement à l'Institut Faraja (Goma). Cependant, dans les localités conquises par les M23, la situation redevient automatiquement à la normale. Personne n’a le droit d’empêcher un citoyen de remplir ses obligations ni de jouir de ses droits. Toutefois on observe un phénomène étrange ; aussitôt que la sécurité de tout le monde est assurée par les M23, la CENI décampe pour installer ses bureaux ailleurs où certaines communautés n’ont pas accès à cause de leur facies. Clairement, la CENI veut à tout prix les éviter. Alors, dans pareille situation, qui est responsable des troubles en RDC si ce n'est le gouvernement seul ?


Désormais un vocable d' « infiltré » voit sa popularité monter. Il s’inscrit dans le code utilisé par les partisans de la théorie du génocide de Tutsi en RDC. Il s’agit d’une nouvelle consigne pour désigner en particulier les Banyamulenge et en général les Tutsi congolais. Il sert maintenant de cheval de bataille pour les contrecarrer dans l’exercice de leurs devoirs civiques et les empêcher jouir de leurs droits.


Entretemps La Mission De L’organisation des Nations Unies pour La Stabilisation en RD Congo(MONUSCO,) le Baromètre du Kivu, le Bureau Conjoint des Nations Unies pour les Droits de l’Homme (BCNUDH) en République démocratique du Congo (RDC) désactivent leurs sens pour ne pas documenter les faits qui pourraient discréditer le gouvernement de la RDC auquel ils ont prêté implicitement serment d’allégeance. Les médias français et belges reposent leurs plumes car ce qui les intéresse n’est pas dénoncer les abus des droit humains mais plutôt diaboliser le M23. Une intervention en sens inverse, risque de ralentir l’élan du génocide que leurs pères ont préparé.


L’enrôlement a commencé et L'Office National d'Identification de la Population (ONIP) va utiliser les mêmes données pour produire les cartes pour citoyen. C’est une occasion à ne pas rater pour ceux qui ont planifié le génocide de Banyamulenge. Pour eu, à défaut de les effacer de la terre, il faut le rendre apatrides errants. Et ainsi, la nature se chargera, par la suite, du reste de la sale besogne. Déjà des audios jubilant un triomphalisme font d’échos sur les réseaux sociaux. Pour la communauté victime, c’est encore un cauchemar qui se pointe à l’horizon.


Outre que le terme infiltré soit utilisée pour discriminer une partie de la population, Je pense que, pour le cas d’espèce de la RDC, même dans son acception générale, il peut difficilement s’appliquer dans ce pays. Il faut être réaliste ; personne issue des pays voisin n’a besoin de s’infiltrer pour se faire enrôler au Congo. Pour quel intérêt ? ce qui s’y passe n’honore pas ses citoyens au point que on puisse vouloir être appelé « congolais ». Les Congolais sensés, éprouvent la honte quant à la nouvelle connotation qu’a pris la nationalité congolaise.


En ce qui concerne le pays voisin, il n’est pas nécessaire pour leurs citoyens de se faire massacrer en s’infiltrant pour s’enrôler dans des élections d’un pays des fous. La carte d’électeur ne leur secoure en rien. La leur a plus de valeur chez eux tout comme à l’extérieur, y compris en RRDC. Quand leurs armées veulent venir, elles viennent en pleine journée, avec leur équipement au su et vu de tous le monde. Ni les barrières de la frontière, ni celles érigées à l’intérieur ne les arrêtent. Ni les FARDC, ni leurs milices Maï-Maï avec ses multiples sous-groupes, n’osent les barrer la route. Les troupes vont et vient comme bon leur semble sans moindre inquiétude. Pourquoi se faufileraient -ils quand ils ont un feu vert illimité ?


Chaque fois que les troupes burundaises et les Imbonerakure(une milice du pariti au pouvoir au Burundi) font incursion en RDC, ils sont accueillis avec des acclamations par les uns et avec stupeur par les autres. Certains prennent de vidéos et des photos, d’autres crient au secours mais cela ne change en rien. C’est comme dit l’adage « le chien aboie la caravane passe ». Et le lendemain, ils sont accueillis avec honneur par des officiers supérieurs de FARDC qui pointent les doigts vers les montagnes, fief de Banyamulenge, comme lieu où il faut dénicher les infiltrés.


Ça fait 10 que les FNL et Red Tabara opèrent en RDC. En aucun cas on a entendu un affrontement quelconque leur opposant aux FARDC. De même, ça fait 30 ans que les forces négatives de FDLR sont là. Loin de les combattre, Kinshasa les soutient dans leurs velléités politiques et pactise avec. Ils jouissent de tous les droits des citoyens et se font enrôler pour voter sans moindre résistance.


Durant leur séjour en RDC, ils ont fait des dégâts énormes que ni le gouvernement de la RDC, ni sa population ne veulent pas mentionner pour la simple raison qu’on les fraternise: ce sont des « frères bantou » disent-on. La plupart des viols dont l’opportuniste Denis Mukwege a su tirer profit pour gagner le prix Nobel, ont été commis par eux. Seulement, il a revu les statiques à la hausse de manière exponentielle. Imprégné par l’idéologie vicieuse en vogue dans la région, il a profité du fait qu’ils sont Rwandais pour créer la confusion en jetant la responsabilité de ces crimes sur le dos de Tutsi. Une tâche qui lui a été facile surtout qu’on est dans un environnement où le terme Rwandais est pris forcément comme équivalent de Tutsi. Un simple jeu des mots soffit à transposer la charge sur celui à qui on veut nuire. C’est ce que les spécialistes appellent la désinformation.

On ne peut pas citer combien de fois les Banyamulenge ont été la cible des attaques des FARDC et des groupes armées y compris ceux en provenance de l’étranger. Pour ne citer qu’un cas parmi tant d’autres, l’axe de Gakenke à lui seul, a déjà reçu plus d’une centaine d’assauts et qui se poursuivent jusqu’à présent. Les localités banymulenge sont maintenant des desert humain. Dans les villes, le nettoyage se pouirsuit.



Pourquoi chercher parmi les Banyamulenge les infiltrés quand les FARDC se côtoient avec et s’entourent des bataillons de FDLR, FNL, Red Tabara ? Combien d’infiltrés ont-ils trouver parmi les Banyamulenge au point de continuer ces massacre au quotidien jusqu’à l’heure où nous sommes ? et si Kinshasa considère d’infiltres ces jeunes Banyamulenge enlevés par-ci par-là dans les pâturages, qui peuplent aujourd’hui les prisons de de la RDC, pourquoi ne les extrade-t-on pas dans les pays qu’on suppose être les leurs ? Il faut que Kinshasa cesse ses mises en scène hypocrites dissimulant un génocide qui détruit le pays.



Il faut qu’on le dise tout haut : les frontières et les barrières en RDC sont là, non pour la protection du pays, mais uniquement pour tourmenter les Tutsi congolais surtout les Banyamulenge. L’appel à la vigilance lancé par le président Tshisekedi n’est en fait un message voilé qui donne l’ordre à la chasse aux Tutsi. On les rançonne, on les torture, on les dépouille de leurs biens et on les tue, sur base critère de la morphologie et d’appartenance ethnique, les seuls dont on se sert pour tamiser et juger qui est infiltré et qui ne l’est pas. Mais les Banyamulenge sont condamnés à s’y rendre parce il y va de leur survie quotidien.


Avec une propagande qui s’est faite et qui continue à se faire dans les familles, au sein du gouvernement et dans toutes ses institutions et services, le processus électoral en cours a été conçu savamment par le pouvoir de Kinshasa pour discriminer, exclure et éliminer les membres des communautés stigmatisées. Dans un pays ou il n’existe pas des cartes d’identité, le fichier électoral sera la seule référence pour déterminer qui sera considéré comme citoyen et qui ne le sera pas. Devinez les conséquences pour ceux-là qui sont privés de se faire enrôler.


Chaque fois qu’on tire sonnette d’alarme, malheureusement, ni la communauté internationale, ni les organisations des droits humains qui opèrent dans la région ne prennent pas les menaces au sérieux. Dans une telle situation, la paix en RDC est alors une illusion. Il me semble que le chemin du retour à la cohabitation est impossible, surtout que les pays et les organisations invités pour la médiation ne tardent pas à avoir de parti pris pour voir leur mandat prolongé. La RDC tout comme les pays qui y opèrent via différentes organisations, n'ont pas la volonté de ramener la paix pour le moment.


Dans pareille cas, les Banyamulenge doivent apprendre que leur histoire n’est pas seulement ce qu’ils ont vécu, mais bien plus, comment ils vont survivre dans un monde qui lui est hostile. L’important n’est plus de citer tel ou tel auteur qui atteste leur présence sur leurs terres, mais plutôt de définir la nouvelle orientation qu’ils doivent prendre et surtout éviter que les mêmes évènements se répètent. Ils doivent décider, choisir et apprendre à se prendre en charge.

203 vues0 commentaire

Comments


bottom of page