Décidément, tout porte à croire que dans la promesse du Chef de l'Etat, Félix Antoine Tshisekedi de faire de la RDC l'Allemagne d'Afrique, beaucoup, y compris les professeurs d'universités, croient avoir compris, non pas l'Allemagne moderne, mais l'Allemagne nazie.
A l’instar du livre « Mein Kampf (Mon combat) » par lequel Adolphe Hitler s'est évertué à promouvoir les composantes clés du nazisme (l’antisémitisme, le revanchisme ou une vision du monde raciste), la fameuse thèse de doctorat « le Maï-Maïsme au Sud-Kivu, de 1996 à 2022 » de M. Xavier Mikedo, chef des travaux à l’Université Pédagogique Nationale (UPN) de Kinshasa, est une nouvelle tribune de diffusion de la propagande de haine contre les tutsis et une nouvelle pièce de la machine à manipuler et à endoctriner.
Il ne fait aucun doute que le « Maï-Maïsme » renvoie à « l’idéologie tutsiphobe » comme le « Nazisme » fait référence à « l’antisémitisme ». Et par « l'unité culturelle congolaise » présentée à travers cette thèse comme condition sine qua non de l'existence, du maintien et de l'unité nationale congolaise, on sous-entend certainement l'exclusion des Tutsis dont la culture est jugée, de manière caricaturale incompatible, indigeste et incommodante avec la culture bantoue de la RDC. Les valeurs spirituelles et morales communes à tous les maï-maï auxquelles fait allusion le lauréat docteur en lettres et sciences sociales ne sont pas à chercher ailleurs : elles sont résumées dans les termes de référence des acteurs du nettoyage ethnique des Tutsis. Ces derniers prônent la tutsiphobie comme sentiment patriotique congolais. C’est bien là l'intérêt commun, l'attitude et la réaction communes à tous les maï-maï que défend le désormais Dr Xavier Mikedo.
En effet, loin d’être le produit d’une recherche scientifique, la thèse sur le maï-maïsme est un outil au service de l'aveuglement volontaire et de l'incitation à la montée de la tutsiphobie. Elle réduit l'UPN au portrait de partis politiques disposés à des épisodes de transhumance scandaleuse et d'alliances incompatibles, voire contre-nature. Elle est l’équivalente des « Protocoles des sages de Sion » qui développèrent la prétendue vision du « péril juif » que Hitler s’est appropriée et s’inspire du sensationnel « Holocauste au Congo » de M. Onana qui a initié la séquence de déchainement tutsiphobe au sein du monde académique congolais. D’aucuns se rappellent que ce dernier a, avec le soutien du politique, bénéficié d’un marketing agressif et fait l’objet des conférences-débats à sens unique, à travers les institutions universitaires congolaises, jusqu’à lors épargnées par ce fléau.
Les limites temporelles (1996 à 2022) de la thèse de M. Mikedo ne sont pas anodines : elles s'alignent sur une période pendant laquelle les extrémistes anti-tutsi ont profité du vide laissé par l'élite scientifique corrompue, pour tripatouiller l'histoire de la RDC. C'est à dessein que notre académicien a omis de revenir sur la genèse du maï-maïsme qui trouve ses origines dans la délinquance post-rébellion de Pierre Mulele des années 1960 où, après leur échec, les frères de Bitakwira qui avaient prêté allégeance au mouvement rebelle se sont convertis en une bande de voleurs à mains armées dites « Maji- Mulele » ou « Maï-Mulele ».
A cette occasion, les « Maï-Mulele » ont choisi le bétail des Banyamulenge comme cible de leur braconnage. Et ce, après avoir pillé et épuisé tout le cheptel évalué à 12 000 têtes de bêtes de la ferme des colons belges, gérée par le très célèbre vétérinaire Riga. De croyance mystique fondée sur le pouvoir des fétiches et des pratiques occultes, ils prônent le pseudo-potentiel des gris-gris fabriqués à base de plumes d'oiseaux, de poils ou de peaux de bêtes sauvages auxquels s'ajoutent des rituels d'aspersion d'eau malpropre assortie d'incantations sataniques pour prétendre acquérir les facultés d'invulnérabilité face aux coups de feu donnés par « l'ennemi ». De quoi faire croire que les cartouches perforantes des mitrailleuses glisseront sur les corps des combattants comme l'eau de pluie sur les plumes d'un canard.
Reste que les concernés ne sont que des chairs à canon pour lesquelles la mort sur le front se justifie par le non-respect des consignes de leurs maîtres féticheurs. Un piètre mais efficace argument pour leur hiérarchie qui trouve là, un moyen de se donner bonne conscience. Ce sont là les Maï- Maï, aujourd’hui Wazalendo (patriotes) et « héros » d’après le Chef de l’Etat, pour la simple raison qu’ils sont mobilisés sur la note anti-tutsie. C’est grâce à cela qu’ils méritent aujourd'hui l'honneur et le prestige de bénéficier du statut de « forces réservistes » commises à la défense de l'intégrité du territoire national !
C'est par malhonnêteté scientifique que le Dr Mikedo a refusé d'aborder le maï-maïsme comme le reflet de l'absence notoire d'autorité de l'État qui se caractérise par la prolifération des groupes armés (groupes négatifs) et l'incapacité du gouvernement à gérer les relations sociales d'un peuple multilingue et multiculturelle. Sinon, existe-t-il des preuves scientifiques ou historiques suggérant que les tensions entre les Téké et les Yaka à Kwamouth (Maï-Ndombe) relèvent de l'absence du maï-maïsme ?
C'est aussi par débauche intellectuelle que le pseudo-chercheur de l'UPN, dont la soutenance de la thèse avait l’aire d’un meeting politique, a passé sous silence la méthode du Maï-Maïsme : celle de ravager par d’incendies criminelles les villages des Tutsi/Banyamulenge au Nord et au Sud-Kivu pour assurer leur déracinement. Héritée de leur partenariat avec les auteurs du génocide des tutsi en 1994 au Rwanda, cette cynique technique de tuer et d'incendier les maisons des victimes pour effacer leurs traces historiques a été imitée par les acteurs du conflit à Kwamouth. C’est bien cette philosophie pyromane que compte promouvoir l’UPN au sein de la jeunesse estudiantine congolaise.
Il devient urgent pour l’autorité académique congolaise de reprendre les rênes du débat.
Le Doctorat de M. Xavier Mikedo est un grade dont l’attribution a été faite dans un contexte de mépris total de l’éthique et de la rigueur scientifique. Ce contraste avec les valeurs académiques est certainement intentionnel et nous pousse à conclure que non seulement il reçoit le soutien des autorités, mais aussi, il comporte la plus grande leçon à tirer de la persécution des Tutsis en RDC !
A cet effet, les universités de la RDC méritent un sévère rappel à l’ordre, sans lequel elles tendent à devenir des véritables caisses de résonnance de l’idéologie génocidaire à travers leurs maladroites ambitions de marquer des points sur le terrain politique. A cet égard, il ne faudra pas être surpris par les conséquences (à court et à long terme) de cette sortie de route et de l’attitude qui défigure l’image de l'enseignement supérieur et universitaire congolais.
Il faudra envisager de recommencer les recherches à zéro et réserver une place de choix aux travaux qui analysent en détail le rôle tragique joué par les maï-maïsme dans la persécution des Tutsis congolais. C’est à cette occasion que les autorités de L’UPN se rendront à l’évidence qu’ils ont été poussés, comme dans « les animaux malades de la peste », par le diable pour s’en prendre aux douces et innocentes proies avec la largeur de leurs langues, ou plutôt la cruauté de leur plume.
De toutes les façons, il y a fort à parier que la thèse de doctorat de M. Xavier Mikedo aura une durée de vie très limitée. Et ce, pour avoir péché contre la déontologie, qui est et reste le code de bonnes conduites pour les membres de la communauté scientifique. Et de ce fait, on est en droit de prédire que les affirmations reprises dans cette thèse seront littéralement contredites, pour peu que le monde académique congolais s'affranchisse de l'emprise idéologique tutsiphobe et refuse de se faire l’avocat des groupes armés tribalo-ethniques, coupables d’actes de génocide.
Le 30 novembre 2023
Mukulu Le Patriote
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