Quatre, c'est le nombre de généraux ayant séjourné à Minembwe pendant au moins une semaine depuis le 10 juin dernier. Une présence impressionnante des hauts gradés de l'armée républicaine pour n’exacerber qu’un climat d'insécurité déjà délétère. Alors que, sur place, on s'autorisait de croire que le vent de colère des femmes finirait par inciter les autorités militaires à se pencher sérieusement sur les questions soulevées, les officiers généraux en mission sécuritaire à Minembwe ont choisi de recourir à la violence meurtrière. Les morts se multiplient à mesure que le séjour à Minembwe du Lgén. Yav se prolonge.
Sans couverture médiatique, réseau téléphonique et internet coupés au gré de l’autorité militaire et la répression, dans le sang, du mouvement de protestation pacifique des femmes par les troupes sous les ordres du Lgén. Yav… tels sont entre-autres les éléments qui font le portrait du chaos à huit clos dans lequel Minembwe est placée depuis plus de trois semaines. La flotte aérienne des missions officielles à Minembwe, dans un contexte d'insécurité sur fond de nettoyage ethnique a été plusieurs fois renouvelée, mais aucune n'apporte de solution. Le sentiment d'horreur n'en finit plus !
Il est évident qu'avec la détermination des femmes de Minembwe à dénoncer les injustices et la triple alliance (FARDC, Maï-maï, groupes armés étrangers), la mission de la 3ème zone de défense portée par le Lgén. Yav s'est fixée des nouvelles priorités. En effet, tandis qu'ailleurs dans le pays on se faisait plaisir de chanter l’hymne de l’indépendance, la date du 30 juin 2021 a été marquée, à Minembwe - au plus fort de la présence, de l’influence et de l’emprise locale du Lgén. Yav - par les chants funèbres en hommage aux cinq paisibles civils (dont 1 hommes et 4 femmes) froidement abattus par les éléments de la 12ème brigade d’intervention rapide des FARDC, portant ainsi le total des victimes à 7 en moins d’une semaine. La situation de panique et d’inquiétude qui s’en est suivie a forcé la population du centre de Minembwe à fuir leurs villages.
Le Lgén. Yav dont le statut semble être revigoré par ces crimes, ainsi que les troupes sous ses ordres – par ailleurs devenus geôliers et bourreaux des habitants de Minembwe - n’en sont pas à leur coup d’essai. Ils se sont mainte fois et régulièrement illustrés par ces genres de pratiques criminelles et peuvent toujours se permettre tout fatalisme et toute cruauté dès lors qu’ils se réservent le droit, non pas d’identifier et de neutraliser les groupes armés comme on pouvait le penser (conformément au mandat particulier à lui confié par le Chef d'Etat-major général des FARDC, Célestin Mbala, à son retour de mission de quelques heures à Minembwe, le 20/09/2020), mais de choisir qui prendre pour ennemi de la paix entre population civile Banyamulenge, la milice Maï-maï et les groupes armés étrangers (présents dans les Hauts-Plateaux : Red-Tabara, FNL, FDLR). De toute évidence, il n'y a ni enjeu, ni risque judiciaire à tuer un Munyamulenge.
Devant son refus persistant de rencontrer les différentes couches de la population de Minembwe pour discuter d’une potentielle issue favorable à la crise des Hauts-Plateaux, il est à se demander si le Lgén. Yav n’est pas à la botte de ceux qui se nourrissent quotidiennement au biberon de la haine ethnique, ou s’il n’est pas lui-même un de leurs qui, malgré les galons d’Amiral des FARDC sur ses épaules, il fait retour au naturel !
Les victimes du 30 juin s’ajoutent naturellement à une centaine d’autres pour lesquelles les éléments FARDC sont directement ou indirectement impliqués. L'assassinat de Mr Mukiza Alexis à Minembwe, le 13/03/2021 dans le fameux conteneur aux verrous tâchés de sang ainsi que le meurtre, à Lusenda de Mrs Mugunga Sadock et Kagabika Zacharie, le 10/03/2021 en sont quelques illustrations. Toute cette litanie macabre signifie littéralement - en tout cas si l'on doit délivrer les certificats de décès aux victimes- que la cause immédiate de leur mort est l’ordre donné par la hiérarchie chapotée par le commandant de la 3ème zone de défense. Indirectement, il s'agit de la complaisance des différentes instances sollicitées en vain, depuis 5 ans, pour la protection des victimes innocentes. L’indifférence quasi-concertée de ces institutions est ainsi vécue par les victimes comme la présence d'un polluant qui atteint à la fois plusieurs cibles de l'organisme humain pour les empêcher de remplir leurs fonctions.
La population locale qui n'a pas d'idée sur la structure hiérarchique des FARDC est d'avis que le Lgén. Yav est dans la lignée du tristement célèbre Gén. Muhima, l’ancien commandant de la 12ème brigade d’intervention rapide. C'est plutôt l'inverse car, dans l’armée, c’est le chef qui dicte la conduite à tenir aux subalternes. Ce dernier qui s’est toujours employé à jeter les civils Banyamulenge dans la gueule du loup est connu pour avoir fait les beaux jours de la montée en puissance de la milice Maï-maï. Son temps à la tête de la fameuse 12ème brigade a vu l'émergence d'une multitude des chefs Maï-maï qui se sont rapidement confortés dans des positions offensives, chacun dans son petit bastion, avec l’appui indéfectible du concerné. La guerre que les Maï-maï et alliés mènent contre les Banyamulenge n’a connu de véritable virulence qu'avec le rôle stratégique et logistique joué par ce général qui, à l’instar du commandant de la 3ème zone de défense, n’a nullement peur d’être rattrapé un jour par la loi malgré ses actes visant à faire échec au programme de paix et sécurité initié par Le Président de la République.
Kinshasa, le 03 juillet 2021
Mukulu Le Patriote
Comments