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Le Deux Poids, Deux Mesures de l'Union Européenne en RDC

Dernière mise à jour : 17 mars

Persécutions des Tutsi en RDC : Une Réalité Inquiétante

Si l'on procédait à un recensement des Tutsi vivant à Kinshasa, on constaterait une réalité alarmante : près de 80 % d’entre eux se trouvent en prison. Un simple échantillon illustre cette situation : alors que le nombre de ménages banyamulenge résidant dans la capitale congolaise – qu’il s’agisse de civils ou de militaires en service – ne dépasse pas 30, le nombre de prisonniers issus de cette communauté s’élève à environ 280. Les Tutsi du Nord-Kivu sont, dans la capitale congolaise, encore moins nombreux que leurs frères du sud , mais comptent plus de 220 détenus. Il est important de préciser que ces chiffres concernent les ménages et non les familles au sens large, englobant ainsi des individus ayant des proches ailleurs, ce qui est un cas fréquent.

Ces incarcérations ne résultent pas de crimes avérés, mais d’une politique de discrimination systématique fondée sur l’apparence physique et l’origine ethnique. Parmi les détenus figurent aussi bien des civils que des militaires, tous victimes d’une répression arbitraire.

Pendant ce temps, dans les Hauts-Plateaux d'Itombwe, la situation humanitaire est encore plus préoccupante. Les Banyamulenge se voient privés d’un accès aux produits de première nécessité tels que le sucre, le sel ou le savon, non seulement  pas par manque de moyens, mais aussi, et surtout,  en raison d’un embargo imposé par le gouvernement congolais. Cet embargo ne constitue pas une simple restriction commerciale ; il s’apparente à une stratégie visant à les affamer, les contraindre à l’exil ou les anéantir.

Leurs récoltes sont systématiquement détruites, une action à laquelle participent activement les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). Parallèlement, les milices Maï-Maï Wazalendo, en collaboration avec les FARDC et les forces burundaises, pillent le bétail et réduisent des villages entiers en cendres. De nombreuses localités ont ainsi été totalement vidées de leurs habitants, contraints de fuir face à la menace de massacres et à l’organisation d’une famine délibérée.

Les infrastructures essentielles n’ont pas été épargnées : la petite pharmacie de Minembwe a été pillée, les églises ont été bombardées, l’hôpital a été vandalisé, et même la piste d’atterrissage a été détruite afin d’empêcher toute aide humanitaire ou intervention médicale, notamment par la Croix-Rouge. Pendant ce temps, les forces burundaises, les rebelles des FDLR soutenus par certains acteurs internationaux, les Wazalendo et les FARDC encerclent les derniers villages banyamulenge encore debout, annonçant ainsi de nouvelles offensives meurtrières.

Dans ce contexte tragique, le ministre Alexis Gisaro Muvunyi adopte une posture négationniste, refusant de reconnaître les persécutions dont sa propre communauté est victime. Il affirme voir à Kinshasa des Banyamulenge circuler librement et être protégés par le gouvernement, feignant d'ignorer qu'ils ne peuvent pas aller au-delà de 200 mètres sans se faire agresser sous prétexte qu'ils sont Rwandais. Il sait très bien comment ils sont lynchés publiquement, brûlés vifs et, pire encore, cannibalisés, c'est-à-dire mangés. C'est un phénomène jamais vu ailleurs sauf en RDC.

Pourtant, il est bien conscient de sa propre impuissance, ne pouvant même pas intervenir en faveur d'un innocent injustement incarcéré. Lors de ses visites officielles, il se voit refuser l'accès à certains sites sous prétexte de son identité banyamulenge. Ses récentes déclarations publiques, qui viennent après celles du député Rukema Levy Makangura, semblent donc dictées sous contrainte plutôt que motivées par une réelle conviction. Face à ces incohérences, une lecture attentive de ses propos s'impose pour en déceler les non-dits et la pression sous laquelle il semble évoluer.

Toutefois, ces deux hommes politiques, qui pour le moment sont au sommet de la représentation des Banyamulenge au sein du gouvernement, devraient savoir que leurs propos négationnistes servent d'argumentation au gouvernement persécuteur aux yeux du monde. On comprend qu'ils n'ont aucun moyen de se démarquer de la ligne de position adoptée par le gouvernement dans ses déclarations vis-à-vis de ses relations extérieures, mais ils devraient se rappeler que leur mission est avant tout de servir le peuple qui les a choisis. Dans ce cas, nier le génocide en cours contre les Banyamulenge est une trahison du peuple.


Dans un silence assourdissant de la communauté internationale, ces actes de discrimination et de répression ciblée rappellent l’urgence d’une prise de conscience et d’une réponse adéquate face à cette crise humanitaire et sécuritaire qui frappe les Banyamulenge en République démocratique du Congo.Ce qui n’est pas malheureusement le cas


Le Deux Poids, Deux Mesures de l'Union Européenne en RDC


Pendant que l'Union Européenne concentre ses efforts contre le M23, elle refuse d’examiner en profondeur les véritables causes du conflit qui secoue l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Ce qui prime, ce ne sont ni la justice ni la vérité, mais les intérêts stratégiques et économiques des puissances en présence. La France et la Belgique, particulièrement actives dans ce dossier, y voient une opportunité de masquer leurs responsabilités historiques dans la région.

Chaque fois que leur presse évoque l’Alliance des Forces/M23-Twirwaneho, elle y accole systématiquement l’épithète « soutenus par le Rwanda », une tactique d’enraciner profondément la propagande. En revanche, jamais ne sont mentionnés les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) soutenues par la France et la RDC, ni les milices Wazalendo bénéficiant de l’appui du Burundi, de la Tanzanie, du Malawi, de l’Afrique du Sud et de mercenaires formés par la France, avec la complicité de la MONUSCO. Cette réalité ne nécessite pourtant aucune enquête approfondie : elle s’impose d’elle-même, tant les faits sont évidents.

Les médias africains devraient, eux aussi, adopter un vocabulaire plus juste en mentionnant systématiquement « les FDLR appuyés par la France et la RDC » lorsqu’ils abordent ce sujet, de la même manière que les médias occidentaux insistent sur un prétendu soutien rwandais au M23. Cette asymétrie dans le traitement de l’information révèle un parti pris flagrant, qui vise à désigner un bouc émissaire en la personne du président Paul Kagame tout en détournant l’attention de l’exploitation effrénée des ressources minières de la RDC par ces mêmes puissances. Celles-ci ne respectent ni les lois internationales ni les principes qu’elles ont elles-mêmes établis lorsque ceux-ci entravent leurs intérêts. Pour maintenir leur hégémonie, elles n’hésitent pas à recourir au mensonge et à la manipulation.

Cette politisation du conflit ne se limite pas aux sphères diplomatiques ou médiatiques ; elle s’infiltre même dans les milieux religieux. Après la prise de Goma et de Bukavu, les prières dans les églises congolaises se multiplient en faveur de la RDC, mais sans nuance ni appel à la justice. Il s’agit d’un soutien implicite au gouvernement en place, sans que l’on exige de celui-ci une remise en question de ses actions. Aucune voix ne s’élève pour mentionner les Tutsi, victimes d’un génocide qui se poursuit dans l’indifférence générale.

Face à cette tragédie humaine, il est impératif de briser le silence. La reconnaissance de ces persécutions ne peut plus être différée. Les responsables de ces crimes doivent rendre des comptes, et l’histoire jugera sévèrement ceux qui, par leur indifférence ou leur complicité, auront laissé un peuple entier sombrer dans l’oubli et la désolation.


Le 16 mars 2025

Paul Kabudogo Rugaba

 
 
 

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