Dans un pays aussi diversifié que la République Démocratique du Congo, la promotion de l'unité et de la solidarité devrait être la priorité absolue des dirigeants politiques. Malheureusement, trop souvent, nous assistons à des discours qui alimentent les divisions tribales, au lieu de chercher à rassembler toutes les communautés congolaises autour d'un objectif commun : le progrès et le bien-être de la nation.
Il est indéniable que le Congo a besoin d'un leadership visionnaire pour surmonter ses défis actuels. Un leadership capable de transcender les clivages ethniques et de promouvoir une vision inclusive de la société. Cependant, les récentes actions du président Tsilombo soulèvent des questions quant à sa volonté réelle de promouvoir cette unité tant nécessaire. Il se veut être Maï-maï qui sont les auteurs des massacres. On ne peut rien attendre de positif d’eux.
Parfois, quand il fait de discours obtempérés, malheureusement, ils sont suivis des actes barbares. Dans ses deux discours, lors desquels il a reconnu la communauté Banyamulenge, plutôt que d'apaiser les tensions et de promouvoir l'inclusion, cela a déclenché une réaction de répression. Un exemple flagrant en est l'arrêt immédiat de l'installation de la commune rurale de Minembwe après sa déclaration selon laquelle les Banyamulenge sont des Congolais à part entière. Plus récemment, du retour du mini-sommet extraordinaire des États africains, le simple fait de réitérer son discours a conduit à l'incarcération sans motif de nombreux membres de la communauté Banyamulenge à Bukavu. Jusqu’à présent ces détenu ne sont pas encore libérés. Ces actions soulèvent des préoccupations légitimes quant à la véritable intention derrière cette reconnaissance.
Est-ce que reconnaître la pleine citoyenneté des Banyamulenge est devenu un déclencheur pour une répression accrue de cette communauté ? Est-ce que cette reconnaissance est utilisée comme masque quand on veut créer un nouveau chemin de calvaire pour ces personnes déjà marginalisées ? il faut qu’on cesse avec des discours hypocrites!
Ces questions nécessitent une réflexion sérieuse de la part de tous les acteurs politiques impliqués. Il est essentiel que toute reconnaissance de la diversité ethnique et culturelle de la RDC soit accompagnée d'actions concrètes visant à garantir les droits et la sécurité de toutes les communautés, sans discrimination.
Un véritable leadership visionnaire ne devrait pas craindre la diversité, mais la célébrer comme une force unificatrice. Il devrait œuvrer activement à construire un avenir où chaque Congolais se sent pleinement intégré et valorisé dans sa propre nation. Il est temps pour les dirigeants congolais de transcender les intérêts politiques étroits et de placer l'unité et le bien-être de la nation au-dessus de tout. C'est seulement alors que le Congo pourra réaliser son plein potentiel en tant que nation unie et prospère. Les défaites subies au Nord Kivu devraient les ramener à la raison.
La solidarité et l’unité ne signifient pas non plus la haine envers les pays voisins. Certains prétendent que le Rwanda est le seul responsable de tous les problèmes de la RDC. Mais c'est un mensonge et une honte de le dire. Accuser le Rwanda de tous ses maux est non seulement injuste, mais c'est aussi une tentative désespérée de détourner l'attention des véritables problèmes internes. Le RDC doit reconnaître sa part de responsabilité. Il est crucial de rejeter les discours de haine qui prolifèrent sur les réseaux sociaux et qui exacerbent les tensions entre le Rwanda et la RDC. Ces discours alimentent un climat de peur et de méfiance, contribuant à la montée de tensions inutiles. Si la RDC anéantissait le Rwanda, comme elle en a l’intention, quel intérêt en tirerait-elle ? Est-ce que cela arrêterait l’hémorragie de ses minerais vers l'Occident ? Est-ce que cela stopperait la corruption qui gangrène le pays ? Absolument pas ! Alors, pourquoi ces querelles inutiles ?
Pourquoi ne parle-t-on pas de la France, qui encourage la haine en la RDC envers le Rwanda et la contraint à garder les FDLR, responsables de massacres des Congolais, ce qui pousse le Rwanda à intervenir ?
Lors du mini-sommet extraordinaire des États africains, qui a eu lieu le vendredi 16 février 2024 à Addis-Abeba, le président du Rwanda, Paul Kagame, aurait rappelé à son homologue, le président Félix Antoine Tshisekedi, ses responsabilités. Bravo ! Nous aurions souhaité que tous les présidents africains fassent de même. Peut-être que cela pourrait amener à aborder la question épineuse du rejet des Banyamulenge et de leurs frères Tutsi du Nord-Kivu et le Hema. Ainsi, nous pourrions espérer trouver une solution.
Curieusement, on a vu une tempête de réactions très déplacées. Quand on emprisonne des personnes innocentes sur des critères de discrimination raciale, il n'y a pas de reactions de la part ces pseudo-nationalistes qui veulent miroiter un patriotisme fictif. Mais lorsque Kagame élève la voix pour dénoncer le mal, des lettres tombent en cascade et des audios et vidéos foisonnent sur les réseaux sociaux pour lui mettre en garde.
A-t-il menti? Y a-t-il des restrictions à dénoncer le mal ? Le monde entier s’indigne et condamne les discours de haine et les massacres contre les populations de l'Est de la RDC. Alors , pourquoi Paul Kagame n'en ferait pas autant ? C'est assez, il ne faut pas exagérer.
Nous comprenons la lettre rédigée et signée au nom des Banyamulenge par certains employés du gouvernement. C’est leur devoir, et surtout, il y va de leur vie. Je ne peux pas les condamner. Qui ne ferait pas de même sous la menace d'être limogé et lynché ? Qui ne ferait pas de même pour acheter quelques unités des minutes de sa survie ?
Toutefois, ces qui sont en dehors du circuit gouvernemental et administratif, plus particulièrement ceux qui sont en dehors du pays, n’ont aucune raison. Malheureusement, tant peu soient-ils, ils sortent des discours avec un sadisme à outrance si bien que l'on peut se poser la question sur leur état mental. Ils prennent plaisir à remuer le couteau dans la plaie des Banyamulenges. Certains vont jusq à nier qu'ils sont Tutsi. D'autres disent ouvertement: " ntimurabona, na bado!" C’est dommage!
Certains membres reproduisent les discours de génocidaires : Nous demandons aux Banyamulenge et les tutsi de ne pas se victimiser et d'être du côté des Congolais… » Un tel discours est négationniste et fait du mal plus qu'une glaive.
Les communautés victimes ci haut mentionnées n'ont choisi en aucun cas une position victimaire. On leur a imposé un cauchemar. Leurs souffrances sont réelles, allant de la stigmatisation sociale à des actes de violence brutale, incluant le pillage de leurs biens et les massacres. La chasse à l'homme est devenue monnaie courante. Les discours de haine contre eux sont devenus une réalité vécue au quotidien. Quand on demande justice on fait la sourde oreille. Dans pareilles conditions, être du côté des Congolais égal prendre la machette et commencer à massacrer ses frères parce qu'ils ont une morphologie Tutsie. C’est de la folie! Et malgré tout ça, ils sont restés loyaux.
Les vrais ennemis du peuple congolais sont ceux qui détruisent le pays, sèment le tribalisme, alimentent les tensions, pillent et massacrent les innocents et détournent le denier public. Ils sont multiples tout autant endogènes que exogènes : les groupes armés tels que les Maï-maï, le manque de gouvernance effective représenté par le pouvoir de Kinshasa, et même la présence d'organisations internationales comme la MONUSCO dont l'action laisse souvent à désirer sont des exemples vivants. Certes, les Red Tabara ont leur part de responsabilité, mais ils ne sont pas les seuls coupables. Il est regrettable de constater que même parmi les Banyamulenge, la communauté victime de discriminations il ait des ennemis de leur propre communauté.
Il est grand temps que la classe politique congolaise se détourne de cette mentalité des boucs-émissaires et se concentre plutôt sur la résolution des défis auxquels le pays est confronté. L'intérêt national devrait prévaloir sur les intérêts personnels ou partisans. En outre, il est crucial de rejeter les discours de haine qui prolifèrent sur les réseaux sociaux et qui alimentent un climat de méfiance, contribuant à la division de la nation congolaise au lieu de favoriser sa cohésion.
Il est également essentiel de reconnaître la loyauté des tutsi Nord et sud Kivu, les Banyamulenge, envers le pays. Trop souvent, ces communautés sont accusées de trahison, alors qu'en réalité, ce sont les régimes politiques qui les ont abandonnées, trahies et livrées à des groupes terroristes. Il est temps pour la classe politique congolaise de mettre de côté ses intérêts personnels et de privilégier l'intérêt général du pays. Plutôt que de diviser la nation par des discours tribaux, les dirigeants devraient œuvrer à promouvoir l'unité et la solidarité entre tous les Congolais. Il est indéniable que la République Démocratique du Congo a besoin d'un leadership visionnaire, à l'image de celui incarné par le président rwandais Paul Kagame.
Il est temps pour la RDC de se rassembler autour des valeurs d'inclusion, de justice et de solidarité. Seul un tel engagement pourrait permettre de surmonter les divisions ethniques et de construire un avenir meilleur pour tous les Congolais. Il est impératif de souligner l'urgence d'une réelle solidarité nationale, notamment envers les Banyamulenge les Hema et les Tutsi du Nord Kivu . Jeter sur eux une responsabilité quelconque dans les guerres c’est vouloir perpétuer l’idéologie génocidaire.
le 28 février 2024
Paul Kabudogo Rugaba
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