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La chute de Goma : une analyse d'un tournant historique

Paul KABUDOGO RUGABA

Dernière mise à jour : il y a 2 jours


La chute de Goma offre un spectacle émouvant, au-delà de ce que l’on peut imaginer voir en une journée : toute une armée de la RDC, les FARDC, se dissoudre sous nos yeux. Ce n'est pas seulement l'effondrement d'une force militaire, mais celui d'un système entièrement mobilisé pour contrer l'avancé du M23. Parmi les forces engagées, on comptait:

  •  1650 mercenaires européens,

  • 10 000 éléments de la force burundaise,

  • 4000 soldats de la SADC,

  • 1500 hommes de l’unité spéciale de la Garde républicaine appelée « Hibou »,

  • 20 000 éléments des FARDC,

  • 18 000 combattants des groupes armés Wazalendo et FDLR,

  • et le soutien logistique et stratégique de la MONUSCO. Tout ce monde contre 4000 soldats de AFC/M23

Malgré cet impressionnant arsenal humain et matériel, ils sont des milliers à se rendre, armes à la main. Les forces du M23, dans une démonstration de discipline et de stratégie, leur ont demandé de remettre leurs armes à la MONUSCO, qui semble être dépassée par l’ampleur de la situation. Selon les dires de certains témoins, tout le monde était pressé d’obéir.

D’autres éléments des FARDC, faute d’être accueillis par la MONUSCO, ont choisi de se réfugier au Rwanda, qui les a accueillis avec magnanimité. Quelle grandeur d’esprit ! Cet acte contraste fortement avec les réactions à Bukavu, où le M23 n’est pas encore arrivé. À Bukavu, les Banyamulenge, déjà stigmatisés, subissent de nouvelles menaces. Enfermés dans leurs maisons, ils ne peuvent plus circuler librement. Leurs vies sont en danger, et l’incertitude quant à leur avenir pèse lourdement.


La chute de Goma : humiliation ou fierté ?

Certains considèrent que la chute de Goma constitue une humiliation pour les Congolais. Cette vision est compréhensible, car perdre le contrôle d’une ville emblématique est souvent perçu comme un échec national. Cependant, pour ma part, je pense qu’il s’agit, au contraire, d’un motif de fierté. Pourquoi ? Parce que cet événement symbolise quelque chose de plus profond : la détermination du peuple congolais à refuser la dictature et l’abus de pouvoir.

La chute de Goma n’est pas une simple question de territoire perdu ou gagné. Elle illustre le rejet clair d’un dirigeant qui, au lieu de servir l’intérêt collectif, préfère manipuler les institutions pour ses propres fins. Modifier la Constitution pour prolonger son mandat, personnaliser la justice, accaparer les ressources publiques, et utiliser la police ainsi que l’armée comme des outils de domination personnelle sont des pratiques que les Congolais ne tolèrent plus. La chute de Goma est donc un signal fort : le peuple congolais refuse de se soumettre à l’injustice et à l’oppression.

Critiquer un tel état de fait ne signifie pas que l’on rejette sa patrie. Au contraire, c’est une preuve d’amour profond pour le Congo. Les vrais patriotes ne ferment pas les yeux sur les dérives de leurs dirigeants. Ils osent dénoncer ce qui met en danger l’avenir de leur nation. C’est pour cette raison que nous appelons à la démission d’Antoine Félix Tshisekedi. Son incompétence, son intolérance et son intransigeance constituent des menaces bien plus graves pour la République démocratique du Congo que toute menace extérieure.

Le peuple congolais aspire à une gouvernance responsable, à une justice impartiale et à des institutions fortes. La chute de Goma doit être vue comme un appel au réveil national, une opportunité de réfléchir sur la direction que nous voulons donner à notre pays. Ce n’est qu’en reconnaissant nos erreurs et en exigeant des comptes de nos dirigeants que nous pourrons espérer un avenir meilleur.

En somme, loin d’être une humiliation, la chute de Goma est une étape cruciale dans la lutte pour la dignité, la justice et la véritable indépendance du Congo. C’est un rappel que la souveraineté ne se mesure pas seulement en termes de contrôle territorial, mais surtout en termes de respect des droits et aspirations du peuple.


Déconstruire la peur et les préjugés

Il est également crucial de déconstruire cette idée selon laquelle tout ce qui est « Tutsi» représente une menace. Il est temps de cesser de stigmatiser un peuple à cause de son origine ou de ses liens historiques avec la région. Le peuple congolais gagnerait à considérer ces relations sous un angle de coopération et de coexistence, plutôt que de division. Cette mentalité, trop souvent alimentée par des discours populistes, freine la réconciliation nationale et régionale.

La chute de Goma n’est donc pas simplement un événement militaire. C’est un révélateur de profonds enjeux politiques, sociaux et culturels auxquels la RDC doit faire face. Le chemin vers une paix durable passe par une remise en question de nos pratiques politiques, un respect des droits de toutes les communautés et une capacité à envisager l’avenir sans les préjugés du passé.


Le 27 janvier 2025

Paul Kabudogo Rugaba

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