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Paul KABUDOGO RUGABA

L’Honorable Freddy Musambya et la guerre de ruses contre les Banyamulenge



Le 12 mai 2022, dans l’hémicyc le de l’Assemblée Nationale, devant les députés réunis, l’honorable Freddy Musambya n’a pas failli à sa réputation d’un élu qui entretient les groupes armés. Après l’instrumentalisation de l’affaire Minembwe au sein de cette même assemblée dont les meneurs du complot ont été récompensés, Musambya, en mal de sensations (car tonneau vide en matières de projets de développement pour son territoire de Fizi) marche sur les pas de Nzangi Muhindo et de Eve Bazaiba. Il ne peut que chercher son écho auprès des Banyamulenge. Se présentant dans la peau du président de la Haute Cour Militaire, il passe en revue les troupes (FARDC) avec des lunettes tribalistes et politise l’affectation d’un officier issu de la communauté Banyamulenge. Le moins que l’on puisse dire est qu’il est prêt à s’installer dans le prochain gouvernement. Et pour ce faire, la lutte contre l’existence des Banyamulenge, la promotion en grades militaires de ses frères (Babembe, Bafuliru et Banyindu) ainsi que leur réaffectation aux postes de titulaires au sein des différentes garnisons sont là, les principaux éléments de son programme.


A quoi joue réellement l’honorable Musambya ?

On se souvient des coulisses d’un houleux débat dans les réseaux sociaux, fin octobre 2019 où le député Musambya est apparu sur WhatsApp, sur cette même note de belligérance tribalo-ethnique pour émettre des critiques acerbes contre la réaction de son collègue Moise Nyarugabo au sujet des massacres des Banyamulenge par les MAI-MAI qui se sont naturellement sentis encouragés dans leur macabre entreprise par les propos de leur leader. En voici un extrait :

« … Sommes-nous des députés de nos tribus respectives ? J'ai suivi les interventions du collègue Moise Nyarugabo sur top Congo FM, et j'ose croire qu'il est temps d'oublier notre couleur nationale et devons-nous dire des vérités dans les places publiques. J'étais réservé sur la plupart des questions qui touchent ma communauté Bembe, mais le champ nous est ouvert pour déclencher le front médiatique avec ceux qui prétendent être victimes lorsqu’ils sont des assassins de longues dates. Quand on tue 4 banyamulenge on parle de 4 banyamulenge massacrés mais quand on tue 20 Babemba on minimise, on parle de quelques dégâts humains » Et d’ajouter « C'est ça notre guerre. Nous avons été hospitaliers envers ces banyamulenges depuis longtemps. Mais ils ont abusé de notre gentillesse jusqu’à cracher leur sale salive sur nos frères et sœurs ». Avant de conclure et d’assurer que « Nous sommes prêts à tout. Ceci est un avant-goût ».

La démarche actuelle de ce militant anti-Banyamulenge qui s’exhibe ouvertement au sein du parlement national est donc une suite logique de sa menace. Elle sous-entend naturellement qu’il compte faire grimper en flèche sa capacité à exécuter son projet de déraciner les Banyamulenge. Son message WhatsApp d’octobre 2019 était certes un avant-goût de sa menace mise en exécution. Et son discours violemment discriminatoire du 12 mai 2022 à l’AN en est la véritable saveur. Autant dire que le message du Président de la République appelant à contrer tout discours de haine fondée sur l’intolérance tribale n’a pas plié l’échine à la bande conspirationniste menée par l’honorable Freddy Musambya.

Le commandant suprême des FARDC peut en être sûr : Le MAI-MAI en chef, Freddy Musambya qui ne voulait rien entendre des négociations des Nairobi (entre gouvernement et groupes armés) n’a rien d’un patriotique qui monterait au front pour pacifier l’Est de la RDC. Il rêve plutôt d’instaurer un système de clivage au sein des FARDC, de rabougrir et d’étouffer toute ascension normale des officiers Banyamulenge quelque soit leur mérite. Il veut instaurer un « permis » de passation en grades au sein des FARDC et s’arroger le pouvoir de « contrôle » des affectations des officiers aux postes de commandement des unités où les Banyamulenges n’auront pas voix au chapitre. Mais ce n’est pas tout.

En défendant le lynchage du Colonel Kaminzobe dans son village de Lweba qu’il clame être une manifestation légitime des membres de sa communauté pour s’affranchir de la prétendue « hégémonie » des officiers Banyamulenge, il plaide en faveur de l’élimination physique de ces derniers et propose au gouvernement la manière la plus efficace de s’en passer. Notamment celle d’entériner son projet de placer ses propres cousins à la tête des bataillons et des brigades des FARDC affectées à l’Est de la RDC.

Nul doute que dans un contexte où aucun officier FARDC n’a, à ce jour été condamné pour un délit de complicité avec les groupes armés, la perspective de bâtir et de consolider le tandem MAI-MAI et FARDC est une option envisagée par Musambya dès lors que ces dernières agissent sous les ordres de ses cousins qui, à leur tour lui doivent soumission et loyauté. Ce qui lui permettrait d'avancer comme sur des roulettes dans son projet d’en finir avec les Banyamulenge.

Les Banyamulenge ont donc leur souci à se faire et le prix Nobel de la Paix qui a préparé Musambya à monter sur le ring de l'assemblée nationale pour envoyer au tapis ces Banyamulenge dont il n’a jamais condamné les massacres des enfants et le viol des femmes n'est pas de ceux qui pourraient apaiser leur crainte.


16/05/2022

Mukulu Le Patriote

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