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Paul KABUDOGO RUGABA

Tutsi etc...? L'ADN de nos âmes doit être Twirwaneho


Il est d’actualité actuellement dans les milieux des membres de la communauté des Banyamulenge habitants dans les différents coins du monde des discussions qui portent sur leur identification. Une confusion qui parait être entretenue par des personnes qui veulent garder le monopole de l’influence négative sur les membres de cette communauté. Pourquoi cette crise identitaire accapare trop les esprits des membres de notre communauté actuellement, au moment où nous sommes victimes d’une épuration/génocidaire ? C’est la question qui viendrait d’emblée à l’esprit de tout un chacun épris de la paix et des droits de l’homme.  Nous allons tenter d’argumenter dans ce plaidoyer qui se veut humaniste en faveur de l’ouverture des uns envers les autres et à une vision holistique d’une citoyenneté responsable, à une époque où la mondialisation suscite des inquiétudes et provoque par réaction la résurgence de l’exclusivisme identitaire, en particulier d’appartenance – qui se révèle bien souvent mortifère.

Personnellement, je me sens en effet partagé entre diverses appartenances, moi qui ai vécu dans plus qu’une communauté ou nation et je me refuse de « m’amputer d’une partie de moi-même » en choisissant une identité sectaire. Mon expérience d’âge nourrit et explique en partie ce que je veux écrire sur une identité suprême, l’identité humaine, dans laquelle chaque munyamulenge devrait se sentir valorisé à égalité avec lui-même et les autres qui ont une ou double nationalité.

Sans me perdre dans les définitions juridiques du concept, je considère qu’une identité ou une appellation d’une communauté peut être liée à une nation, une religion une langue, une profession voire même une orientation sexuelle, actuellement.

Bref, l’appellation de cette identité peut être historique (un tutsi peut-être burundais, rwandais, ougandais, éthiopien, érythréen voire même peul) ou géographique (un munyabyinshyi, muzigaba, mugunga peut-être du Congo ou Rwanda, de même qu’un Muha, un Munyiginya, un Mupfurika ou un Muhinda peut-être de la Tanzanie, du Congo et du Burundi).

Les facteurs d’une identité sont hiérarchisés : on se sent Munyamulenge avant d’être Tutsi ou avant d’être de telle ou telle autre religion par exemple. Et cela même avant d’être de telle nationalité. Or quand l’un de ces facteurs d’identité est menacé, la conception tribale reprend le dessus : une ligne distincte est dessinée entre « eux » et « nous ». Ce facteur devient le principal marqueur d’identité qui se construit alors en négatif de celle de l’autre, et il suffit qu’un sentiment d’humiliation ou qu’une mise en danger s’y ajoute pour que ce phénomène produise des tueurs.

L’identité n’est pas quelque chose de figée. C’est une réalité qui évolue par ses propres processus d’identification, d’assimilation et de rejets sélectifs. Elle se façonne progressivement, se réorganise et se modifie sans cesse, tant qu’elle participe à définir un être vivant. Elle a la même dynamique interne que cet ensemble de processus évolutif des connaissances apprises dont nous faisons nos noyaux identitaires.

Je n’ai pas voulu me perdre non plus dans les références historiques de nos origines et migrations qui sont communes à toutes les populations du monde entier. Cependant, j’ai préfère vous donne ces quelques cas similaires que le défunt Mutambo Joseph d’heureuse mémoire (paix à son âme) a relevé dans son livre.  

 

Cas similaires

Se référant aux travaux de recherche de Monseigneur Kanyamachumbii et dans d'autres régions d'Afrique, nous connaissons des ethnies toutes jeunes et dont la formation ne remonte pas très loin dans l'histoire dit-il. Il cite notamment les Baholoholo du Nord-Shaba, les Bayeke du Sud-Est du Shaba, les Bambusa de la province orientale ex : Haut Zaïre dont l’existence et destin sont liés aux personnalités historiques qui avaient combattus pour leur instauration là où ils sont actuellement.

Au Nord-Kivu ajoute-t-il, se trouve les Banande (ou Wanade) qui ne s'appelaient pas Banande ou Bayira, à leur arrivée de l'Uganda sur leur territoire actuel. Ils s'appellent entre autres Bakonjo, Bahima et Bayiru. Et s'appellent tous aujourd'hui Banande. Un certain Kasereka aurait écrit que, le mot Banande viendrait du mot swahili "Banaenda" qui signifie les « partants », les « migrants », les gens partant de leur région d'origine, l'Uganda, vers les régions de l'Ouest où ils habitent actuellement.

Dans le Bushi proche de chez nous, les bashi sont constitués d’une souche des populations anciennes dont l'ancêtre serait Nashi, à laquelle se superposé une autre, celle des Baluzi venus du Rwanda précolonial. Les cas de nos voisins directs Babembe et Bafuliro et des Bakongo et Bangala pour ne citer que ceux-là sont connus de nous tous. Les peuples transfrontaliers existent un peu partout au monde. 

Cette longue introduction qui valait la peine me permet de relever d’éléments essentiels qui vont constituer le noyau de ce message. La crise identitaire susdite m’a donné cette réflexion que je pose à tout un chacun et dont je vais de ma part donner des bribes d’argumentations comme contribution personnelle. Chacun de nous a la liberté de faire sienne étant donné que notre appartenance identitaire nous appartient tous.  

o   Les tenants de l’idéologie qui veut que l’on s’appelle Banyamulenge uniquement, ont-ils une valeur ajoutée à nous convaincre qui nous éviterait cette épuration –génocidaire afin qu’on y adhère tous ?

o   Pourquoi nous nous perdons dans des considérations de reniement de nous-mêmes ou de ne pas se (re) connaitre ce que nous sommes réellement ?

o   Comment devons-nous, nous perdre dans des circonspections qui nous fragilisent et nous vulnérabilisent davantage au point que nos nombreux ennemis se frottent les mains ? 

Banyamulenge génération spontanée ?

En effet, je considère que les Banyamulenge ne peuvent pas faire l’exception de la hiérarchisation des dénominations ou nomenclatures scientifiquement acceptées des autres espèces vivantes. Du fait que nous n’avons pas poussé comme des champignons sur la colline de Mulenge ou que nous pas n’avons une histoire d’immigrations ou des origines comme tant d’autres tribus susmentionnées. 

De plus, les vivants se divisent en domaines, qui se divisent en règnes, qui se divisent en embranchements, qui se divisent en classes, qui se divisent en ordres, qui se divisent en familles, qui se divisent en genres, qui se divisent en espèces. Ainsi fait nous sommes Banyamulenge comme tribu de l’ethnie Tutsie, de la race noire, issus des grands singes etc…

Même en cas de métissage (d’hybridation) que d’aucuns supputeraient, étant dans le système patriarcal, l’enfant appartient au père et derechef une fois issu de ce métissage ou hybridisme, il deviendra automatiquement de la même espèce que son géniteur.

Bref, nous sommes venus de quelque part (même si c’est de plusieurs parts), nous avons nos ancêtres, nous ne sommes pas d’une génération spontanée. Entendons-nous bien que du moins ceci est une évidence axiomatique.   


Que faire ?

Pour des raisons pédagogiques, il me semble impérieux que nous avons plus le devoir de focaliser nos discussions sur l’histoire ancienne et récente de l’héroïsme de nos grands-parents, parents et contemporains. Nous en avons qui sont morts en héros et d’autres qui se sont singularisés par leurs prouesses dans la résistance et l’autodéfense et dans la plaidoirie. En toute franchise, je trouve contreproductif de discuter tout le temps de nos divisions.

En outre, il me paraît une honte inouïe et inédite de voir que des personnes âgées et intellectuelles nous soyons divisées de surcroit sur notre origine et les différentes appellations. Il vaut la peine de sortir de ce carcan d’auto-fragmentation.

Par ailleurs, il urge que nos jeunes de la diaspora qui savent utiliser les technologies de l’information d’inonder les plateformes de ces bravoures de l’héroïsme. Les You Tubeurs de plus en plus nombreux, les utilisateurs des twittosphères préparent des « X spaces » pour les jeunes sur les exploits héroïques de nos parents c’est plus apprenant et impulsive d’énergies émulatives pour leurs inciter à les imiter dans leurs avenirs.

De plus, nos nombreux pasteurs en parlant de la bravoure des héros de l’ancien testament calquer leurs modèles à ceux de nos héros n’a rien d’antéchrist. Vous aurez porté votre pierre à l’édifice que nous sommes appelés de construire tous, chacun de sa manière.

Plus important, nos mutualités (Mahoro Peace Association et autres) organisez des conférences destinées à la jeunesse, les enjoignant à prendre conscience du danger que nous faisons face et comment ils sont capables de les surmonter comme nos parents et grands-parents l’ont fait. Ceci les éviterait d’avoir un sentiment défaitiste.    

Ainsi par exemple ; parlons de nos arrières grands-parents qui avaient créé des chefferies et qui s’étaient opposés à l’asservissement des colonisateurs. Le cas de Kayira est triptyque. Racontons-nous leur rôle lors de la révolte de Batetela et comment Sebasamira les a mis en déroute à Kataka sur le versant qui naguère fût dénommé kukabateriteri.

Disons à nos jeunes comment que Muhindanyi recrutant les désormais dénommés « ABAGIRIYE i.e : guerriers » qui ont attiré l’attention de Mobutu de bénéficier de sa confiance et d’avoir obtenus les armes pour combattre la rébellion muleliste. Ainsi l’origine de la notion de Twirwaneho.  Et comment d’eux un héros Mushishi combattant jusqu’à sa mort avec une lancer contre les armes à feu. Racontons-les comment Kabila a été confinement à Hewa-Bora et qu’il disait jusqu’à sa mort que deux vaillants guerriers Gitongo et Cyunguti l’avait rendu handicapé. Ces quelques exemples marquent les prémisses qui ont fondé et les jalons de la dynamique Twirwaneho.



N’oublions pas surtout, les prouesses du héros Gisaro Muhoza Frederic Isaac (paix a son âme), qui à un très jeune âge a mené une politique intégrative et de la cohabitation pacifique avec nos voisins au point de se hisser dans les hautes sphères de la politique congolaise, et surtout de faire entendre notre cause en tant que minorité très visible. Cette valeur exceptionnelle lui a valu l’animosité de nos voisins qui l’emportant.     

Valorisons le fait que, de l’ultimatum de 7 jours qui nous a été donne pour quitter nos terres, la révolte de nos jeunes qui s’en ait suivi à partir de Kanihura nous a propulsé jusqu’à la Vice-présidence de la République et qu’un jeune étudiant de Mirimba finaliste en médecine est devenu grand diplomate de la RDC. Réjouissons-nous que nos jeunes recrus de l’APR ont été catapulté colonels et généraux et qu’un de notre garde-civile a dirigé la police au niveau national.

Ne pas reconnaitre la primauté de quelqu’un est contrevent inutile.     

Il me semble impérieux de perdre beaucoup d’énergies sur ce qui nous unis plus que ce qui nous divise et surtout à la recherche des pistes des solutions et d’actions et plus particulièrement les mettre en œuvre. Ainsi donc, nous faudra-t-il que nous ayons des équipes multidisciplinaires organisées qui vont réagir du tic au tac aux agissements et discours de haine de sieurs Bitakwira et autres. 

Nota bene : Les échecs, les félonies et les mauvais exemples sont frustrants et n’aident en rien notre progéniture en termes d’innovations sachant que les développements naissent des emprunts et des imitations. Injurier Monseigneur Jérôme Gapangwa pour la simple raison que vous n’êtes pas d’accord avec lui est une lâcheté, une indocilité qui ne devait pas caractériser un Munyamulenge quelque soit son âge ou son niveau d’études.

Pour clore mon plaidoyer, je ne doute pas que nos frères qui sont dans la diaspora sur presque tous les cinq continents subiront des transformations caractérielles et une évolution de la pensée et changeront les paradigmes du mode de vie. Tels tous les autres migrants, dans les quelques prochaines décennies ils auront des spécificités distinctives selon où ils habitent et auront tendances à se singulariser et pourquoi pas à changer d’appellation et s’appellent par exemple Banyamerica, Banyasuwedwa, Banyaaustralia etc.. les Banyavyura se dépeignaient déjà différemment des autres Banyamulenge. Cependant, ils resteront Tutsi. Rappelles-nous que les Afro-américains après des siècles d’esclavagisme, reviennent en Afrique pour rechercher leurs congénères.  

Finalement, que l’on s’appelle comment nous resterons Tutsi quel que soit notre localisation. Ce qui importe c’est de lutter pour notre survivance et d’éviter un génocide en cours qui est indiscutable. Et le crédo, in fine, que prendrait l’essence de nos âmes sera Twirwanaho. Ainsi, notre slogan tel celui d’Ubuntu devra être « I’m because you are ». 

 

Le 29 oct 2024

Par Rumenge Nt. Alain, M.Sc.        

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