Hier, à Kinshasa, la capitale a plongé dans le chaos. Des ambassades ont été envahies, certaines incendiées, d'autres contraintes de fermer leurs portes. Sur les vidéos qui circulaient massivement sur les réseaux sociaux, des diplomates étaient violemment bousculés par une foule en furie, tandis que des manifestants scandaient des slogans hostiles. Les routes ont été bloquées par des barricades improvisées, et une épaisse fumée noire, provenant des pneus en feu, obscurcissait le ciel de la ville. Des commerces ont été pillés, et plusieurs quartiers se sont transformés en zones de non-droit. Il ne fait aucun doute que l'on assistait à une véritable chasse à l'homme, visant notamment des individus perçus comme des étrangers ou des opposants politiques.
Face à cette situation alarmante, où étaient les voix censées appeler à la tolérance et au respect des droits humains ? Ni les églises, ni les organisations de défense des droits de l'homme, ni les représentants politiques ne se sont levés pour condamner ces actes ou tenter de ramener le calme. Tout cela vise à couvrir la faiblesse du régime de Kinshasa. Un silence étonnant, voire complice, qui contraste avec l’attitude adoptée dans d’autres circonstances. Ce mutisme cache des crimes ignobles et odieux. De nombreux observateurs internationaux ont timidement pointé du doigt l’absence de mesures concrètes des autorités pour contenir les violences.
À l'Est du pays, là où la situation commence à se stabiliser après des années de conflits incessants, c'est à cet instant précis que les évêques décident de s'exprimer. Ils prennent la parole pour prêcher le respect de la vie humaine et des valeurs morales. Or, ces mêmes figures religieuses sont restées muettes durant les années les plus sombres du Sud et du Nord-Kivu. Quand l'anthropophagie battait des records dans certaines régions, quand les lynchages, les viols, les tueries et les vols étaient devenus monnaie courante, leur silence était assourdissant. Ils n'ont pas non plus réagi lorsque des villages entiers étaient rayés de la carte par des groupes armés, et que des populations entrières étaient massacrées dans l'indifférence générale.
Aujourd'hui, cette hypocrisie est manifeste. Ne pas dénoncer la réalité des faits, c'est choisir de politiser les événements à des fins partisanes. Comment expliquer que la protection des droits de l'homme ne soit invoquée qu'en fonction de l'endroit où les exactions se produisent ? Où était ce courage il y a sept ans, lorsque des innocents étaient conduits à la guillotine, sans procès ni justice ? D'où provient soudainement cette volonté de se positionner comme défenseurs de la vie humaine ?
La RDC a besoin d'une justice et d'une indignation à géométrie constante, et non variable selon les régions et les contextes. L’Est ne peut continuer à être ignoré pendant que Kinshasa monopolise l'attention et l'émotion collective. Il est temps que les institutions religieuses, les défenseurs des droits humains et les responsables politiques adoptent une posture juste et équilibrée pour toute la nation. Il est aussi temps que la communauté internationale cesse de fermer les yeux sur certaines violences, sous prétexte qu'elles ne se déroulent pas dans la capitale.
Le 29 janvier 25
Paul Kabudogo Rugaba
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