Kinshasa Dépassée : Le Chaos des Milices Wazalendo et l’Implosion de l’Autorité Étatique
- Paul KABUDOGO RUGABA
- 21 mars
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 21 mars

Un pouvoir dépassé par ses propres créatures
Le chaos règne sur les fronts congolais, et Kinshasa en a perdu les rênes. Aucun cessez-le-feu ne tient, car le pouvoir central, au début très radical, n’a aujourd’hui plus aucune emprise sur ses milices Wazalendo, les Nyatura et les FDLR.
Ces groupes, armés jusqu’aux dents par Kinshasa et radicalisés contre les Tutsis congolais et du Rwanda, sont devenus des électrons libres, incontrôlables et défiant toute autorité. Initialement conçus comme des instruments stratégiques pour camoufler un génocide des Tutsis et des Hema, ces milices, après avoir été baptisées du joli nom de Wazalendo (= patriotes), ont échappé à tout contrôle, poursuivant leurs propres agendas et sapant l’autorité de l’État. L’incapacité du gouvernement à instaurer une discipline stricte parmi ces combattants illustre l’échec d’une stratégie militaire fondée sur la prolifération anarchique des armes et des groupes armés.
La conséquence directe est un déséquilibre face à la diplomatie régionale. Là où les acteurs régionaux pourraient pousser le M23 à déposer les armes, Kinshasa, elle, est impuissante face à ces monstres qu’elle a elle-même créés, organisés et équipés jusqu'aux dents. Cette asymétrie révèle une contradiction fondamentale : alors que Kinshasa cherche à accuser Kigali de tous les maux, elle ne parvient pas à discipliner ses propres forces irrégulières. Le M23, bien que contesté, apparaît comme une force hiérarchisée, organisée, disciplinée et stratégique, tandis que les milices pro-Kinshasa se comportent comme une armée en roue libre.

Cette situation est une conséquence logique. Imaginez une masse de bandes de voyous, fumeurs de chanvre, sans formation ni encadrement : à quoi peut-on s'attendre de plus ? Le chaos est devenu la norme, et Kinshasa est aujourd’hui victime de son propre jeu. En fin de compte, cette stratégie de guerre asymétrique se retourne contre ses instigateurs, menaçant non seulement la stabilité de la RDC mais aussi la crédibilité même du pouvoir central.
Un commandement parallèle s’est installé : sur les lignes de front, les officiers des FARDC, censés coordonner les opérations militaires, se retrouvent dépassés, voire désarmés par ces milices qu'ils étaient censés superviser. Selon plusieurs sources, le général Pacifique Masunzu, commandant de la 3ème zone de défense, ne peut pas circuler librement dans sa circonscription militaire sous peine de se faire lyncher par ceux-là même qu'il arme. Lui et son adjoint, Gasita, ont échappé de justesse à une attaque et ont dû payer des montants colossaux aux Wazalendo pour pouvoir traverser la route entre Bukavu et Uvira.
Au Nord-Kivu comme au Sud-Kivu, les Wazalendo et les FDLR lancent des offensives contre le M23 sans coordination avec la hiérarchie militaire, plongeant le conflit dans un chaos total. Cette anarchie opérationnelle met en lumière une vérité troublante : les FARDC ne sont plus les seuls maîtres du terrain. Pire encore, elles se retrouvent souvent sous la domination de groupes irréguliers, réduites à un rôle subalterne et impuissantes face à une guerre qui échappe à tout contrôle.
Il est à souligner qu'au Sud-Kivu, la situation est encore plus dramatique : les milices ne se contentent plus d’opérer en autonomie, elles pillent les FARDC, les attaquent, les tuent, et les traitent de traîtres ou d’incapables. Ce phénomène reflète une perte totale d’autorité de l’État, où les forces régulières deviennent la cible des combattants censés défendre le régime. Ce basculement dramatique transforme chaque soldat congolais en un potentiel bouc émissaire, victime des alliances qu’il ne maîtrise plus et d’un champ de bataille où l’ordre militaire s’efface devant la loi des milices.
Une jungle politico-militaire ingouvernable

Ces groupes armés, fusionnés dans une nébuleuse toxique, ont transformé l’État en jungle. Agissant au nom du Congo qui les a enrôlés, ils n’obéissent plus à personne, pas même à Félix Tshisekedi, leur commandant suprême. Chaque tentative de dialogue ou de négociation est rejetée avec mépris. Ce chaos expose la fragilité d’un État qui croyait pouvoir instrumentaliser la violence sans en subir les conséquences, mais aujourd’hui se trouve confronté à son propre piège qu'il appelle ses réservistes patriotes.
En attisant le feu des milices sans prévoir de stratégies de contrôle et de démobilisation, Kinshasa a allumé un incendie qu’elle ne peut plus éteindre. La conséquence est dramatique : un pays livré aux appétits voraces de groupes armés, une insécurité incontrôlable, et une gouvernance paralysée par ses propres choix stratégiques. Actuellement, le pouvoir est dans la rue. La RDC n’est plus simplement en guerre, elle est en pleine autodestruction, et le gouvernement semble incapable de freiner cette chute vertigineuse vers l’anarchie sanglante.
Pendant qu'il déclare un cessez-le-feu, voilà que les Wazalendo lancent une nouvelle attaque meurtrière à Minembwe. Cette incohérence illustre l’impuissance d’un pouvoir qui a perdu le contrôle de ses propres créatures. Kinshasa, par opportunisme politique, a donné naissance à une armée de mercenaires qui dictent maintenant leur propre agenda. Le résultat est un cycle infernal où la violence se perpétue sans aucun espoir de retour à l’ordre.
Dans ce climat de désordre total, la population paie le prix fort. Les attaques se multiplient, les villages sont rasés, et les habitants fuient vers l'inconnu, pris en otage par une guerre qui ne dit pas son nom. La communauté internationale reste spectatrice, tandis que le gouvernement congolais, incapable de restaurer son autorité, continue de jouer avec le feu.
La RDC est-elle condamnée à s’enliser dans cette spirale de chaos ? L’avenir du pays repose sur sa capacité à rompre avec cette logique suicidaire de manipulation des groupes armés. Tant que l’État congolais ne prendra pas ses responsabilités, la situation continuera de se dégrader, plongeant le pays dans une guerre sans fin, où le seul vainqueur est le chaos lui-même.
Au matin de cette journée du 19/03/25, la sinistre coalition a de nouveau attaquéle banyamulenge . Voici la situation :
A) Composition de la coalition
Les FARDC : menées par le colonel Guy et le major Papy, bien connus dans la région.
Les Maï-Maï : incluant les groupes Yakutumba, Kakobanya, feu Mutetezi et les Biloze Bishambuke de Ngomanzito.
Les FDLR : venus de Kilembwe et Lulenge, sous le commandement du colonel Hamada et du major Safari.
B) Villages attaqués
Bilalo Mbili : attaqué par des troupes venues du Point Zéro.
Mikenke et Marunde : ciblés par les Maï-Maï et FDLR depuis Kipupu.
Mukoko : attaqué par des combattants venus de Fizi via Mugela, Mulima et la forêt de Mukoko à l’est de Minembwe.
Gakenke (Kuwimiko) : attaqué par des assaillants arrivés de Fizi via Mukela, Mulima et la forêt de Nyaruhinga.
Karege et Muliza : attaqués par des éléments venant de Rugezi et Kabanju, se divisant en deux escadrons.
Bigaragara vers Gakangara : ciblé par la deuxième partie de l’escadron venu de Rugezi/Kabanju.
Gahwera/Sekaganda : attaqué en fin de journée par des assaillants venant d’Ibumba/Musika.
Sept villages ont été attaqués.
le 19 mars 2025
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