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Paul KABUDOGO RUGABA

Justin Bitakwira : Entre Discours Pacifiste et Manipulation Politique, l'Hypocrisie d’un Pyromane en RDC

Dernière mise à jour : 22 sept.


Justin Bitakwira, dans ses récentes déclarations quand il est sorti de la séance d'ouverture de la session du Parlement, semble jouer la carte de la paix en affirmant que « le président de la République a intérêt à l'écouter pour que la guerre prenne fin ». Pourtant, ses antécédents et ses actions contrastent fortement avec ce discours pacifiste. Bitakwira n'est pas un artisan de la paix, mais plutôt un pyromane politique, responsable de discours de haine qui ont enflammé la région du Sud-Kivu et qui continuent à alimenter les tensions intercommunautaires. Bien que sanctionné par la communauté internationale pour ses prises de position incendiaires, il persiste dans sa rhétorique, se moquant des conséquences et des victimes de cette violence qu'il a contribué à attiser.

Ce qui est frappant dans ses propos, c'est son populisme exacerbé. Il déclare avec assurance qu'un référendum pour fermer les frontières avec le Rwanda récolterait 100% d'adhésion, tentant ainsi de galvaniser l'opinion publique contre un bouc émissaire facile. Ce type de discours populiste ne vise qu'à détourner l'attention des véritables causes du conflit et à flatter les bas instincts d'une population lassée par la guerre. Bitakwira cherche à se donner une importance qu'il n'a plus, et même le régime de Kinshasa, qui l'a autrefois utilisé pour déstabiliser sa propre province et la piller, ne le consulte plus dans les prises de décisions importantes. Il se retrouve marginalisé et réduit à plaider sur les médias pour une reconnaissance qu'il ne mérite pas.

Ce qui rend sa posture actuelle encore plus hypocrite, c'est son sabotage direct des initiatives de paix récentes au Sud-Kivu. Alors que des notables locaux, à travers un dialogue intercommunautaire, ont réussi à instaurer une trêve palpable dans la région des Hauts-Plateaux de Fizi, Mwenga et Uvira, Bitakwira a tenté de torpiller ces efforts, préférant alimenter la division et le chaos. Depuis près d'un an, les communautés de la région vivent une accalmie sans affrontements majeurs, une situation que Bitakwira a cherché à compromettre. Heureusement, la solidarité entre les citoyens a prévalu, empêchant ses manigances de prendre effet. Sa lamentation dans les médias n'est que le reflet de son échec à détruire une paix naissante.

En somme, Bitakwira incarne la figure classique du politicien populiste et opportuniste, capable de tenir un discours en faveur de la paix tout en travaillant dans l'ombre pour alimenter la guerre. Il s'agit là d'une hypocrisie flagrante que les citoyens et les autorités doivent impérativement démasquer pour empêcher ce type de démagogie destructrice de nuire davantage à la région.

Revenons à la question de la fermeture des frontières entre la RDC et le Rwanda, un sujet régulièrement brandi par certains politiciens populistes comme Justin Bitakwira. Sans même avoir besoin de consulter des études spécialisées, il suffit de passer quelques minutes aux postes frontaliers reliant les villes de Goma en RDC et Rubavu au Rwanda, ou encore Bukavu et Kamembe, séparées par la rivière Rusizi, pour comprendre que cette idée serait catastrophique, voire suicidaire, pour les habitants de l’Est de la RDC.

Le va-et-vient quotidien des Congolais entre ces deux pays est vital pour leur survie économique. Les échanges commerciaux, les déplacements pour le travail, les achats de biens essentiels, et même l'accès aux services médicaux de part et d'autre des frontières sont constants et indispensables. En fermant ces points de passage, même pour une semaine, les conséquences économiques seraient désastreuses pour les habitants. Le Rwanda est devenu un partenaire incontournable pour les populations de l'Est congolais, notamment dans les secteurs du commerce, et des services. Pour beaucoup, fermer cette frontière équivaut à couper l'une des rares artères économiques encore fonctionnelles dans une région marquée par des décennies de conflits et de négligence étatique.

Ce paradoxe est d'autant plus frappant que la RDC elle-même, sous l'influence de certains leaders, critique ou attaque politiquement ces pays voisins qui sont pourtant des soutiens économiques vitaux. Ce double discours, qui consiste à fustiger le Rwanda tout en dépendant de ses infrastructures et de ses marchés, montre une certaine déconnexion entre la réalité du terrain et la rhétorique politique. Les conséquences d’une telle fermeture ne se feraient pas uniquement sentir au niveau économique, mais aussi au niveau social, avec une déstabilisation encore plus grande d'une région déjà vulnérable.Lors de l’épidémie d’Ébola, le Rwanda a fermé les frontières pour de raison sanitaire. Cependant la pression de congolais a été très grande si bien qu’il a dû rouvrir vite malgré les risques.

Il est donc impératif que les décideurs politiques, au lieu de céder aux sirènes populistes, prennent en compte les réalités concrètes des habitants de l’Est de la RDC. Les relations entre la RDC et le Rwanda, bien qu’historiquement complexes, sont aujourd'hui essentielles à la survie de nombreuses familles congolaises. Tenter de rompre ces liens, sous couvert de patriotisme mal avisé, ne ferait que renforcer la souffrance des populations locales.

En ce qui concerne l'état de siège dans les provinces de l'Est de la RDC, il est important de rappeler que ce n'est pas une demande de la population, mais une mesure imposée par les autorités. La phrase du pyromane Bitakwira qui stipule : « Si aujourd'hui vous alliez en Ituri au Nord-Kivu et même au Sud-Kivu, vous organisez un référendum par rapport à l'état de siège, 100% ça sera non à l’état de siège » n’a aucun fondement, car la population n'a jamais souhaité cette mesure et réclame depuis longtemps qu'elle soit levée. Qu’a-t-il de nouveau à nous apprendre, sachant que des figures politiques parmi lesquels il figure ont été à l'avant-garde de cette décision, sous prétexte de sécuriser ces zones ?

En réalité, cette manœuvre visait à masquer la présence des FDLR. Il est de notoriété publique que ces mêmes FDLR, accusés de crimes graves, notamment de génocide, continuent de circuler librement dans ces régions, ils sont même des alliés tacites du régime congolais. La gestion des frontières avec le Rwanda leur est confiée avec l’objectif de faciliter leur incursion au Rwanda.

Un exemple frappant est la lettre portant mandat Special, signée par le Directeur du cabinet du president de la republique, Mr. Anthony Nkinzo Kamole le 26 juillet 2024, autorisant la libre circulation en RDC de six génocidaires rwandais ayant purgé leurs peines : Innocent Sagahutu, François-Xavier Nzuwonemeye, Prosper Mugiraneza, Alphonse Nteziryayo, André Ntagerura, et Protais Zigiranyirazo. La fuite de cette information a déclenché une polémique virulente entre Congolais et Rwandais. Certains soutiennent qu'il s'agit d'une fausse nouvelle, tandis que d'autres affirment que c'est une réalité bien vérifiée. La question de savoir qui a raison ou tort reste floue, mais ce qui est indéniable, c'est que la gestion de la sécurité dans cette région est marquée par des contradictions et des manipulations politiques.

Depuis son instauration, l'état de siège a été renouvelé à plusieurs reprises malgré les protestations de la population, qui réclame la fin de cette mesure. Ce renouvellement obstiné, loin d'apporter la paix et la sécurité promises, n'a fait qu'empirer la situation. Les massacres, le cannibalisme, les violences sexuelles, les vols à main armée, les spoliations de biens et l'insécurité généralisée ont augmenté de façon exponentielle. Les habitants de ces provinces vivent dans la peur constante, non seulement des groupes armés, mais aussi de la répression militaire qui accompagne l'état de siège.

Face à ce bilan accablant, il est difficile d'imaginer que quiconque s'opposerait à la levée de cette mesure, tant les souffrances qu'elle a causées sont énormes. L'état de siège, tel qu'il est appliqué, semble avoir davantage servi des intérêts politiques et militaires que la protection des populations locales. Il est temps de reconsidérer cette approche et de chercher des solutions plus adaptées à la réalité sur le terrain, en écoutant les doléances des habitants qui, depuis le début, n'ont jamais demandé qu'on leur impose un tel régime de terreur.

 

Le 20 sept.2024

Paul Kabudogo Rugaba

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