Depuis plusieurs mois, nous dénonçons avec insistance le comportement des éléments de la 21ème Brigade des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), sous le commandement du colonel Perre Lwamba, déployées dans les Hauts Plateaux, communément appelés Hauts-Plateaux d’Itombwe, ou encore dans les régions des Hauts-Plateaux de Fizi, Mwenga et Uvira. Cette dénonciation s’intensifie à la lumière des récents incidents survenus le 28 novembre, qui ont coûté des vies humaines, entraîné des destructions massives de biens, ainsi que des massacres de bétail.
Lors de ces événements tragiques, le Major Bulakali qui a dirigé l' opération contre la population Banyamulenge a été capturé par le groupe d'autodéfense Twirwaneho. Fidèles à leurs principes humanitaires et leur esprit de ramener la paix, ces derniers l’ont remis sain et sauf entre les mains de la Croix-Rouge pour qu’il soit reintegé dans son travail. Cependant, le lendemain, les miliciens Maï-Maï du groupe de Kibukila Mutetezi, venus appuyer les FARDC, dans une provocation manifeste, ont de nouveau attaqué les Banyamulenge, s’en prenant particulièrement à leur cheptel.
Face à cette situation, les Banyamulenge ont demandé l’intervention des FARDC. Mais, malheureusement, au lieu de jouer leur rôle de protecteurs de la population, les forces armées, en coalition tacite avec les groupes Maï-Maï, ont orchestré une opération biaisée. Faisant semblant de mener des recherches, elles se sont finalement retournées contre les éleveurs Banyamulenge qu'elles ont rencontrés aux abords de Mikenke, en train de paître leurs vaches.
Les scènes qui ont suivi sont d’une cruauté inqualifiable. Des images insupportables montrent des Banyamulenge ligotés, battus, humiliés et dénudés jusqu’à la ceinture. Ils ont été exhibés devant une foule comme des criminels, un acte dégradant et contraire à toute notion de dignité humaine. Pire encore, pour obtenir leur libération, il leur a été exigé de payer une rançon en vaches, une pratique devenue courante et qui témoigne de l’ingratitude et de l’indignité des FARDC.
Pendant ces troubles, les populations déplacées vivant dans le camp de Mikenge ont dû fuir une fois de plus pour se réfugier dans la brousse, terrifiées par les violences et l’inaction complice des forces censées les protéger. Il est alarmant de constater que ce sont les militaires étrangers présents dans le cadre de la coopération bilatérale qui ont pris l’initiative de ramener ces déplacés dans leurs camps, alors que les FARDC restaient passives.
Face à de tels agissements, comment peut-on encore accorder la moindre confiance aux FARDC ? Ces événements, comme tant d’autres avant eux, ne font que confirmer l’incapacité de cette armée à protéger les citoyens congolais. Pire, elles agissent souvent en complicité avec les groupes armés, contribuant à la persécution des populations vulnérables comme les Banyamulenge.
Qualifier cette armée d’indigne n’est pas une exagération, c’est une réalité cruelle. Une armée qui non seulement manque de professionnalisme, mais qui s’érige en oppresseur des populations qu’elle a le devoir de défendre, est une honte nationale. Nous appelons à une réforme immédiate et à la prise de responsabilité des autorités compétentes pour mettre fin à ces abus et rétablir la confiance de la population.
La Démilitarisation des Hauts Plateaux : Une Urgence pour la Paix
La population locale des Hauts Plateaux a exprimé le souhait légitime que la région soit démilitarisée. Ce vœu découle de la conviction que la paix pourrait renaître si les forces armées, dont la présence exacerbe les tensions, quittaient la région. Historiquement, les communautés y ont cohabité pacifiquement sans la nécessité d’une intervention militaire.
Malheureusement, au lieu de respecter cette aspiration, on observe aujourd’hui un renforcement inquiétant des troupes déployées dans la région. Ces forces, souvent perçues comme une coalition obscure sans nom officiel, incluent désormais des alliances dangereuses. Parmi elles, une collaboration entre les FDLR, une organisation considérée comme terroriste par la communauté internationale, et les Wazalendo. Ce type de coalition ne fait qu’aggraver l’insécurité et compromettre tout espoir de réconciliation.
La présence même des FARDC dans cette zone n’est pas nécessaire. Non seulement leur rôle est controversé, mais leur comportement alimente la méfiance. Au lieu de protéger les populations, elles permettent ou facilitent des alliances avec des groupes armés négatifs, connus pour leurs activités criminelles et leurs actes terroristes. Ces alliances, sous la bannière des FARDC, interrogent sur leurs véritables intentions.
Que vise ce mouvement militaire dans une région où les Banyamulenge, peuple historiquement ciblé, continuent d’être la principale cible des violences ? Pourquoi ces alliances se concentrent-elles précisément sur les Hauts Plateaux, où la paix semblait à portée de main ?
Ces questions légitimes doivent trouver des réponses. L’évidence est claire : ces dynamiques militaires n’apportent ni stabilité ni sécurité à la région. Au contraire, elles contribuent à l’aggravation des conflits et au sentiment d’abandon des populations locales.
Nous appelons la communauté internationale et les autorités compétentes à agir pour la démilitarisation des Hauts Plateaux et à enquêter sur ces alliances douteuses. La paix ne pourra être atteinte que si les forces négatives, qu’elles soient armées ou institutionnelles, sont démantelées, et si les populations locales retrouvent leur droit à la sécurité et à une cohabitation harmonieuse.
Le 2 décembre 2024
Paul Kabudogo Rugaba
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