Doha : Une Lueur d’Espoir Menacée par les Actes Contradictoires sur le Terrain
- Paul KABUDOGO RUGABA
- 13 avr.
- 3 min de lecture

Tandis que le gouvernement congolais et le mouvement AFC/M23 se retrouvaient discrètement à Doha pour renouer le dialogue début avril, les violences ont repris sur le terrain, remettant en cause la sincérité des démarches entreprises.
D’après Jeune Afrique, les discussions se sont tenues dans un climat « constructif », et ont abouti à un geste fort : le retrait volontaire du M23 de la ville stratégique de Walikale, conquise quelques semaines plus tôt. Ce retrait était présenté comme une preuve de bonne volonté, dans l’attente d’un véritable processus de paix.
Pour rappel, le mouvement rebelle avait pris le contrôle de Walikale le 19 mars 2025, après deux jours d’intenses combats. Cette cité minière du Nord-Kivu, positionnée sur un carrefour stratégique, offre un accès direct aux corridors menant vers Kisangani au nord-est et vers Kindu dans la province du Maniema, via Punia.
Cependant, malgré ce geste de désescalade, Kinshasa a poursuivi ses violations répétées du cessez-le-feu. Dans un communiqué officiel daté du 12 avril 2025, l’Alliance Fleuve Congo (AFC/M23) a dénoncé une attaque coordonnée menée la veille, le 11 avril, par des milices dites "Wazalendo", appuyées par des éléments des forces armées de la SADC (SAMIRDC) et de la MONUSCO, dans la ville de Goma. Cette attaque a été perçue comme une tentative délibérée de déstabilisation, en contradiction flagrante avec les engagements récents pris par la SADC, notamment la promesse de procéder à la réparation de l’aéroport de Goma avant leur retrait du territoire congolais.
Parallèlement, le Mouvement Républicain pour la Dignité du Peuple (MRDP-Twirwaneho) a publié un rapport alarmant faisant état d’attaques menées par la coalition FDLR-FARDC-FNDB-Wazalendo contre des villages Banyamulenge , entre le 7 et le 12 avril 2025. Le 7 avril, des incursions violentes ont été signalées dans les localités de Gakenke, Nyaruhinga, Karege et Bikarakara. Entre le 8 et le 10 avril, des combats acharnés ont eu lieu autour de Rugezi, ainsi qu’à Mikenke et Bicumbi. Le 10 avril, les villages de Sekaganda, Gahwera, Buyaga et Kivumu ont été la cible de nouvelles attaques. Enfin, le 12 avril, les localités de Gahwera, Gakenke, Gakangara et Kabanju ont également été touchées.
Ces violences ont entraîné d'importants déplacements de populations et le pillage systématique de cheptels. De nombreuses vaches ont été acheminées vers deux zones précises : Kipupu et la forêt de Mukoko, en direction de Kabembwe, où sont stationnées des troupes burundaises.
Face à ces développements inquiétants, la duplicité du gouvernement congolais apparaît de plus en plus manifeste : d’un côté, il participe à des pourparlers de paix à l’international ; de l’autre, il cautionne ou orchestre des actions militaires sur le terrain, parfois en coordination avec des troupes étrangères, en violation des résolutions régionales et internationales. Quant à la SADC, censée jouer un rôle de stabilisation et de neutralité, elle se trouve aujourd’hui discréditée par son implication directe dans des opérations offensives contre une partie en négociation, remettant ainsi en question la crédibilité de son engagement dans le processus de paix.
Il est impératif que la communauté internationale et les garants régionaux de la paix exigent des comptes aux acteurs impliqués, particulièrement à Kinshasa et à ses alliés de la SADC, pour éviter que le processus de Doha ne soit vidé de son sens avant même d’aboutir à des résultats concrets.
Le 13 avril 2025Paul Kabudogo Rugaba
Comments