Extrémiste nourri aux mamelles idéologiques de Honoré Ngbanda de sinistre mémoire, Patrick Mbeko a diffusé sur les réseaux sociaux un texte qui encense le très controversé essayiste Charles Onana, né camerounais, mais qui a fui son pays pour devenir français, à propos de son livre : Holocauste au Congo. M. Mbeko met en exergue deux personnalités dont son comparse aurait découvert et établi la non-congolité : Laurent Nkunda Mihigo, et Azarias Ruberwa.
Le texte est plutôt à vomir, surtout lorsque ceux qui peuvent mieux comprendre ces choses s'en référent à un hargneux ignorant notoire pour apprendre ! Laurent Nkunda munyamulenge ? Ça c'est la meilleure ! SI un rapport de ONU l'a présenté ainsi, c'est, tout compte fait, compréhensible de la part d'étrangers ignorants de bonne foi, pour qui, tout tutsi congolais peut être classé sous cette appellation, mais pas pour les Congolais qui connaissent ! La famille de Laurent Nkunda est une famille traçable au Kivu depuis l'aube de la colonisation, contrairement à celle de Mbeko par exemple. Laurent Nkunda Mihigo est l'arrière-petit-fils du chef Nshizirungu de Jomba, territoire de Rutshuru, Nord Kivu. Nshizirungu est l'un des quatre chefs trouvés dans le Bwishya actuel par les Colonisateurs, les trois autres étant Lulenga (Hutu, Gisigari), Ntamuhanga (Hutu, Rugari) et Kabango (Tutsi, Busanza). De nombreux documents administratifs de l'époque évoquent le nom de ce chef. Laurent Nkunda n'a jamais étudié à Bukavu, il n'y a même jamais vécu ! Sa famille ayant été déportée par les Colonisateurs dans le Bwito, l'autr secteur de Rutshuru, il est né à Mirangi où il a grandi. C'est pourquoi il parle bien Kihunde. Il a obtenu son diplôme d'état à Kitshanga où il a enseigné pendant une année, avant de partir étudier la psychologie à l'université de Kisangani. Ça ne marche pas pour lui et il revient à Kitshanga. Adventiste, son père lui trouve une bourse pour aller étudier dans une université de cette église à Mudende au Rwanda. Il y débarque mais la guerre d'octobre 90 éclate au Rwanda, avec la persécution et les massacres des Tutsi qui commencent. Il fuit et retourne au Zaïre, à Goma. Il tourne les pouces, jusqu'au jour où des amis l'entraînent dans l'aventure du FPR, il part rejoindre le maquis. En 94, plusieurs membres de sa famille sont massacrés dans le Rutshuru. L'homme revient au Congo dans le cadre de l'AFDL. La suite est connue.
Quant à Ruberwa, je suis souvent sidéré de voir le degré d'ignorance de certains Kivutiens qui n'arrivent même pas à faire une différence entre un munyamulenge et un rwandais. Quand cet extrémiste hargneux d'Onana, petit chercheur sur Wikipédia, apprend sur l'encyclopédie en ligne que Rugezi se trouve au Nord du Rwanda, il exulte, croyant avoir découvert le Graal ! M. Ruberwa est né effectivement à Rugezi, mais c'est l'un des villages proches de la cité de Minembwe, en territoire de Fizi, au Sud Kivu. Ce village existe toujours, même s'il a vu plusieurs de ses maisons incendiées par des Maï-Maï. A Rugezi, moi j'y suis allé. A Minembwe centre également, où j'ai pu interroger certains de ceux qui ont enseigné le jeune Azarias à l'école primaire. D'ailleurs, une localité porte aussi le nom de Rugezi mais cette fois-ci en Tanzanie, et se trouve dans le détroit du même nom qui sépare l'île Oukéréoué de la rive est du lac Victoria. Trouver donc dans cette homonymie la preuve exaltante de la rwandité de l'ancien vice-président congolais est une démonstration grandeur nature de la petitesse d'esprit du sieur Onana. Ces prémisses étant posées, chacun peut présumer du sérieux du reste de son livre !
Ce 01/04/2023
Belhar MBUYI
Journaliste
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