Smartphone à la main en mode enregistreur pour capter l’intégralité du communiqué de pacte de nettoyage des Banyamulenge dit « pacte de non-agression » entre groupes armés MAI-MAI Babembe et Bafuliru, Bitakwira était sûr de vivre un des moments forts de son histoire. La vidéo a fait le tour du monde et « la une » des réseaux sociaux. Elle n'a certainement pas manqué d'être partagée, nous l'espérons en tout cas, avec les membres du groupe d'experts des Nations Unies pour la RDC qui, nous l'espérons encore, ne le jetteront pas à la poubelle de l’histoire.
Le représentant de la Réserve Armée de la Défense (RAD) était là pour doper le moral et le soutien matériel aux groupes MAI-MAI coalisés. Le communiqué final couronnant le fameux pacte de « non-agression » indique sournoisement que ces milices s’engagent à ne pas collaborer avec les groupes armés étrangers. Mais c’est oublier que l’architecte de l’alliance entre milices locales et groupes armés étrangers est bien M. Bitakwira dont le village d’origine (Masango, la capitale des Bafuliru) abrite les Red-Tabara qui opèrent aux côtés de FABB (Biloze Bishambuke), un des principaux groupes signataires du pacte.
A quoi tient ce fameux pacte de non-agression ?
Cela n’a échappé à personne à l'époque des médias qui est la nôtre. Le 24 juillet dernier, un colloque réunissant les principaux chefs MAI-MAI des territoires de Fizi, Mwenga et Uvira a été tenu à Baraka, en territoire de Fizi. Facilités par un Bitakwira qui poursuit sa guerre déclarée contre les Tuitsi, ces assises avaient pour objectif de concocter un plan conjoint d’attaques massives et coordonnées contre « l’ennemi commun », les Banyamulenge, rescapés des séries d’attaques lancées depuis 2017. Les travaux se sont poursuivis au-delà du 24 juillet pour peaufiner le plan et discuter des détails tactiques et logistiques. Et, c’est pour le grand bonheur de celui qui se contente du poste de « mobilisateur des MAI-MAI/ Wazalendo, après s’être vu refusé celui de ministre de la Défense qu'il convoitait tant.
Bitakwira ne se satisfait pas d'avoir condamné les Banyamulenge à des déplacements massifs et d'avoir convaincu les organisations dites « humanitaires » de fermer les yeux sur cette calamité humanitaire qui frappe une communauté rejetée par tous. Tant pis si cela brise le mythe du principe de « neutralité/ impartialité » prôné pour l’aide humanitaire. En tous les cas, la « neutralité » c’est l’ONU qui la qualifie et c’est encore l’ONU qui la requalifie, à sa guise. Bitakwira est en effet déterminé à aller jusqu'au bout : faire en sorte qu'aucun survivant des précédentes attaques ne puisse échapper au sort tragique. L’élu d’Uvira qui ambitionne d’étendre son influence à Fizi semble avoir poussé des ailes depuis qu'il a obtenu du groupe d'experts des Nations Unies qu'il ne fasse pas la moindre allusion à ses crimes de masse dans ses rapports.
Jusqu'où peut-on anticiper le pire qui va arriver aux Banyamulenge ?
On n'a pas besoin d'avoir une boule de cristal pour donner un pronostic sur ce qui va suivre. Le carnage contre les populations civiles Banyamulenge n’est plus à anticiper dans les hauts et moyens plateaux de Fizi, Mwenga et Uvira. Il est réel. « C'est un 7 octobre qui nous attend », commente un pasteur Munyamulenge, très connecté à l'actualité d'Israël.
L'imminence et l'ampleur gravissime des attaques contre les camps de déplacés Banyamulenge rappelle l’importance pour Twirwaneho, d’être préparé en conséquence. Bien évidemment, les MAI-MAI ne seront pas seuls dans le coup. Ils auront le Conseil de Sécurité des Nations-Unies, l’Ambassadrice des Etats-Unis en RDC et l’Union Européenne pour sortir leur arsenal de sanctions à tout celui qui oserait s’interposer à l’avancée de l’ouragan ravageur MAI-MAI.
Et si d'aventure il arrivait que les MAI-MAI connaissent la moindre déroute un jour face à la résistance des Twirwaneho, les médias, les ambassadeurs et les agences de l’ONU qui se taisent aujourd’hui sur ces préparatifs de massacres à grande échelle, se comporteront comme une horde qui se met à courir après un désastre. Oui, la moindre résistance des Twirwaneho sera transformée en un acte d’agression pour monopoliser les pages du rapport accusateur des experts des Nations-Unies pour le Congo.
La ville de Baraka risque de vivre la situation de Goma
Le gouvernement congolais ne semble pas avoir tiré les leçons des effets secondaires de cette grenade à fragmentations qu’est « Wazalendo » sur la population. Préservée, jusque-là de la violence liée à la prolifération d'armes de guerre, la ville de Baraka risque certainement de basculer dans un engrenage incontrôlable de crise sécuritaire comparable à celle observée à Goma, en raison justement des moyens militaires démentiels fournis aveuglément aux éléments des milices non formées, non encadrées et non contrôlées.
L’avenir nous le dira !
Mukulu Le Patriote
Le 03 août 2024
Comments