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Paul KABUDOGO RUGABA

Bitakwira : Le monstre qui crache le feu est applaudi par son créateur

Depuis son bureau de l’imposant Immeuble Intelligeant, Mme Rose Mutombo, ministre de la Justice et Garde des Sceaux a choisi de brandir le principe de la non-ingérence dans les affaires de l’Etat au diplomate qui a eu le malheur de rappeler l’urgence de ne pas laisser impunis les discours de haine : « je suis choquée de constater que vous vous exprimez en défenseur de la communauté Tutsi/Banyamulenge qui serait victime de discours de haine alors que vos condamnations sont inexistantes, voire très faibles sur les tueries des milliers de congolais par l'armée Rwandaise et ses supplétifs du M23. », avait-elle insinué en réaction aux message à lui transmis par M. Jean-Marc Châtaigner, ambassadeur de l’UE et lui interpella sur son inaction face à la dérive récidiviste la plus forte constatée dans les propos de Bitakwira.


Il n'en fallait pas plus pour que le « Jogo », - le coq, comme il se surnomme pour décrire son profil bavard - se sente poussé les ailes et que des nouvelles attaques racistes et tribalistes provoquées par ses propos s'abattent sur sa cible. Déjà au lendemain de son discours, une jeune fille Munyamulenge, Mlle Queen Gatware, s’est faite attaquer au couteau, le 19/07/2023, par un adolescent de famille voisine qui, surexcité et puisant sa motivation dans le prêche de Bitakwira criait « à mort les rwandais » au moment de son forfait ; une attaque qui n’est pas sans rappeler la tragique embuscade tendue par les MAI-MAI, le 07/07/2023 contre les Banyamulenge sur leur chemin vers les Hauts-Plateaux en provenance d’Uvira, et faisant deux morts et 2 blessés graves.


En effet, si les Congolais semblent s’accommoder des appels à la haine et à la violence contre les Tutsi/ Banyamulenge, les dernières sorties de M. Bitakwira, ancien ministre du développement rural et coq chanteur de la haine ethnique ont particulièrement retenu leur attention. En cause : aux Tutsi qu'il qualifie de « criminels nés ayant le même créateur que le diable », il a ajouté la communauté Bashi à laquelle il a donné gratuitement pour complice du Rwanda, compris ici comme « agresseur » et dont la vie du Président - déjà invectivé de la plus sale de manière - dépendrait littéralement des soutiens occidentaux, confirme-t-il.


De cette dernière sortie de route, Bitakwira a été convoqué au tribunal de grande instance de Gombe. Il était temps que cette institution de justice statue enfin sur le sort de ce prêcheur de haine ethnique. Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC), l'instance de régulation des médias s'était d'ailleurs fait l'écho des préjudices du venin inoculé dans la nature congolaise par ce poids plume à bec ravageur, et lui avait même ordonné de se retirer de l'espace médiatique. Mais c'était sans compter sur la ministre de la justice qui a pesé de son poids pour sauver le "partenaire privilégié du chef de l'Etat" de la disgrâce, le confortant ainsi dans son projet macabre ; histoire de confirmer que s’agissant des tutsi/Banyamulenge, le protocole de diagnostic de la gravité du péril n’est pas harmonisé entre les différentes institutions dont la mission commune est de veiller à la loi et à l’application de la loi.


Devant cette injustice, les Tutsi/Banyamulenge ne peuvent que légitimement se demander si Bitakwira n'est pas un monstre au service du gouvernement. Pour ces victimes bien entendu, le geste du ministre qui confond sciemment impunité et ingérence n’est qu’une reconnaissance, une légitimation et un soutien, par le gouvernement qu’elle représente, à la campagne de haine menée à leur encontre. « Ils sont (gouvernement) avec lui (Bitakwira). Nous ne pouvons rien changé, même si nous crions notre colère », s'est résignée une femme munyamulenge de Minembwe, déçue par la réaction du ministre, et d’ajouter que c’est une lettre qui montre sur quoi repose le caractère récidiviste de Bitakwira.


Quand la RDC déroule le tapis rouge au discours de haine


La position tranchée et assumée du garde des sceaux fait aussi un autre heureux, qui n’est autre que M. Charles Onana, le nouveau prof d'histoire congolaise. On peut s’interroger sur les réelles motivations du franco-camerounais à falsifier le chapitre traitant des Tutsi dans le livre d’histoire de la RDC. Mais ce serait ignorer que M. Onana n'est pas à sa première aventure amoureuse avec les FDLR et autres génocidaires des Tutsi. La seule nouveauté, c'est qu’il a ajourné à des meilleurs moments l'exécution de son projet et confié au coq qui a trouvé le nid sous l’aile du ministre de la justice, le rôle du personnage clé.


Interrogé en conférence de presse sur la fiabilité des données fournies dans son roman d’amour avec les conspirationnistes anti- tutsi dont chaque récit reflète la manipulation, la subversion et la fiction, celui qui prétend que Rugezi (village de Minembwe dans le secteur d’Itombwe) est une localité du Rwanda a eu la bouche sèche, comme s’il était soumis au test de détection du mensonge : « vous avez un mauvais interlocuteur pour parler de source… », avait-il lâché, désemparé ! On peut imaginer avec quelle rapidité les pièces du puzzle se sont ordonné dans la tête de son interlocuteur en direct sur Top Congo !


De telles lacunes aussi rocambolesques que gravissimes d'un soi-disant travail de recherches "fouillées" ne peuvent que jeter des sérieux doutes sur la probité du chercheur, voire même, inciter à réfuter ses fabulations pathologiques, présentées délicatement dans ses manuscrits comme réalité. Mais comme l’intellectuel congolais ne veut pas être le maitre d’ouvrage de sa propre histoire, il a accepté que le mercenaire Onana, déjà frappé d’ostracisme dans son propre pays fasse le travail à sa place !


Les observateurs avisés semblent convaincus qu’avec une fin de mandat plutôt agitée et au bilan mitigé, le pouvoir actuel en RDC a choisi de s’approprier la guerre des sensibilités, déjà gagnée par le facteur « rwandais/tutsi ». L’UDPS a ainsi compris qu’abandonner ce « ticket gagnant » aux seules mains de l’opposant Fayulu qui en a fait son seul projet de société, risquerait de discréditer le parti présidentiel auprès d'une bonne partie de son électorat. C'est en fin par cette récupération qui relève essentiellement de l’opportunisme que Fatshi et son USN (Union Sacrée pour na Nation) croient pouvoir rattraper leurs années de sous investissements dans les domaines du social et de sécurité. Dès lors, les brèches du code électoral sont colmatées par le régime avec l’assistance technique d’un Bitakwira qui semble plus que jamais guider la marche du navire politique congolais, largement réceptif aux sirènes extrémistes.


Les Tutsi/Banyamulenge ne demandent qu’une chose : la justice et la protection. Ce n’est pas aux victimes de mettre fin à leur persécution, mais au gouvernement de créer une image positive du pluralisme linguistique et d’étouffer dans l'œuf, l'émergence de toute tension ethnique par des mesures régulatrices et stabilisatrices pour un Congo uni et multiculturelle.



15 août 2023

Mukulu Le Patriote

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