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Paul KABUDOGO RUGABA

Au-delà de l’histoire écrite, il y a une vraie orale inédite. Partie V


 

Après l’indépendance


Au lendemain de la décolonisation de l'Afrique, le continent est devenu un terrain d'affrontement crucial entre les blocs occidental et oriental, dans le contexte tendu de la Guerre froide. Les États-Unis ont cherché à s'impliquer directement, établissant des accords avec les nouveaux dirigeants africains. La République démocratique du Congo (RDC) n'a pas échappé à cette dynamique.

Suite à son accession à l'indépendance en 1960, l'ancien Congo belge est plongé dans une instabilité profonde. Les troubles locaux et les tensions tribales sont exacerbés par la rivalité entre les puissances américaine et soviétique pour le contrôle des ressources naturelles et de la région.

Face aux mouvements guérilleros communistes émergents en Angola, en Zambie et en Rhodésie, les États-Unis considèrent la RDC comme une base potentielle pour soutenir les régimes en lutte contre ces foyers de rébellion. C'est dans ce contexte que les Américains ont soutenu le coup d'État mené par le général Mobutu. Celui-ci devient ainsi un allié de Washington, comme l'atteste une lettre reçue par le commandant du 6e BCE à l'automne 1967.

Les États-Unis et leurs alliés fournissent une aide militaire et favorisent le retour de l'ancien leader sécessionniste Moises Tshombé, qui devient Premier ministre. Malgré ces efforts, le Front de libération nationale du Congo (FLNC), dirigé par Christophe Gbenye, lance une insurrection générale en 1964. En peu de temps, les rebelles prennent le contrôle de la moitié du pays. La ville principale de l'est, Stanleyville, tombe le 4 août. Les rebelles, surnommés les Simbas, prennent en otage 1650 personnes, dont 50 Américains. Initialement perçus comme des libérateurs en raison du discrédit du régime en place, ces partisans de l'ex-Premier ministre Patrice Lumumba instaurent rapidement un climat de terreur. Des milliers de fonctionnaires gouvernementaux sont tués pour leur supposée occidentalisation.


Au Nord-Kivu

Dans le sillage de l'instabilité politique consécutive à l'indépendance du Congo en 1960, le Nord-Kivu connaît en juillet 1963 son premier conflit ethnique armé. Ce conflit oppose les Banyarwanda (Tutsi et Hutu de Masisi et de Goma) à d'autres ethnies ou tribus (Nande, Hunde et Nyanga). Les zones les plus affectées sont Masisi et Goma. Ce conflit découle du mouvement politique appelé "autonomie des provinces" qui débute en 1962 et aboutit à la création de 21 "provincettes" à travers le pays.

Le leader Nande et ministre de l'Agriculture du gouvernement provincial du Grand Kivu, Denis Paluku, proclame l'autonomie du Nord-Kivu. Cependant, ses collègues Tutsi du Rutshuru, Cyprien Rwakabuba (Ministre provincial de l'Éducation) et Jean-Nepocène Rwiyereka (Ministre provincial des Finances), ainsi que le Commissaire de district du Nord-Kivu, Herman Habarugira (un autre Tutsi), s'y opposent. Une coalition ethnique regroupant les Hunde, les Nyanga et même les Hutu de Rutshuru soutient ce projet d'autonomie contre une fédération rassemblant les Tutsi et les Hutu de Masisi, ceux des environs de Goma et une partie de ceux du Rutshuru (Bwito). Une expédition militaire réprime cette opposition, l'accusant de collusion avec la rébellion muléliste.

Pendant plus de deux ans, ce conflit oppose les Banyarwanda (Hutu et Tutsi) de Masisi d'un côté, et les Nande, les Hunde et les Nyanga de l'autre. Les tensions ethniques et politiques se manifestent clairement entre les populations autochtones et les Rwandophones, issus d'anciennes chefferies du royaume rwandais ou de migrations sous la colonisation, ainsi que de la diaspora tutsi fuyant la Révolution sociale rwandaise de 1959-61.

Suite à l'arrivée au pouvoir de Mobutu en novembre 1965, les "provincettes" sont abolies, la police provinciale est dissoute et les autorités impliquées dans ce conflit sont remplacées. Ces mesures mettent fin au conflit, mais ne parviennent pas à apaiser les relations tendues entre les groupes ethniques opposés.

Au Sud-Kivu

En 1964, une série de promesses faites par des chefs rebelles Muleliste à leurs alliés a marqué le début d'un conflit aux ramifications profondément tribales et motivé par la convoitise. Ces promesses faisaient miroiter aux vainqueurs la prise des femmes et des biens des Banyamulenge. Ce qui était initialement une guerre pour le pouvoir a rapidement dévié de ses objectifs pour prendre une tournure de rivalité tribale et de convoitise.

Des sentiments d'infériorité envers les Banyamulenge, enracinés dans les cœurs de leurs voisins, ont été exacerbés par des théories de ethnologues occidentaux et des discours coloniaux antérieurs. Le complot contre les Banyamulenge a commencé à germer, précédé par des tensions chez leurs cousins tutsi dans le nord du Kivu.

La propagation de la haine s'est rapidement répandue dans le nord et le sud du Kivu, devenant presque un dogme de foi. Des réunions clandestines ont été organisées pour fomenter des plans malveillants contre les Banyamulenge. L’objectif était de s'emparer des biens des Banyamulenge, commençant par le petit bétail puis le grand.  Ensuite, il fallait éliminer les hommes et les garçons pour ensuite épouser leurs femmes. Ces menaces ont été mises à exécution, entraînant le massacre du bétail et de certains villages des Banyamulenge avant que ces derniers ne prennent pleinement conscience de la gravité de la situation.

 

Rébellion Simba et l’Alliance entre  Inyezi et Kabila

Il est important de replacer ce récit dans le contexte historique de la République démocratique du Congo (RDC), spécifiquement autour de la période de la rébellion Simba et de l'alliance entre certaines factions rebelles dirigées par Laurent-Désiré Kabila et les Inyenzi du Rwanda.

L'établissement de l'alliance entre les rebelles de Kabila et les Inyenzi, une faction de la rébellion tutsie du Rwanda dirigée par Mudandi et Rukeba, était basé sur la promesse de soutien mutuel en vue de reconquérir le Rwanda après une victoire. Parmi les signataires de cette alliance, on retrouvait Laurent-Désiré Kabila, Etienne Ruhambahamba, Paul Muhanduka, Martin Bushushana, Gervais Muhanano, Musa Marandura, Antoine Marandula, Marandula Ruhoto, Zabuloni, Karubandika Munyori, ainsi que d'autres membres des tribus Fuliru, Bembe et d'autres. Aucun Munyamulenge n'etait present.

La présence de Che Guevara dans ce contexte visait à parrainer Kabila et à encadrer le mouvement révolutionnaire qui prenait une tournure vers le communisme. Les forces rebelles comptaient la jeunesse de différentes tribus, notamment les Bembe et les Fuliro, qui se sont enrôlées dans les combats. Cependant, les Banyamulenge ont adopté une position de neutralité, bien que quelques-uns aient rejoint le mouvement rebelle par stratégie dans le contexte politique et sécuritaire.

Cependant, déçu par l'immaturité politique des rebelles, Che Guevara s'est retiré, suivi du départ des Inyenzi qui ont acquis l'équipement nécessaire pour entamer leur propre rébellion.

Les actions des rebelles ont dévié des principes de la guérilla en se livrant au pillage du bétail et en accusant arbitrairement ceux qui possédaient des vaches sans cornes d'être associés à un parti politique. Ces agissements absurdes ont engendré des actes de violence et de pogroms, notamment contre les éleveurs de bétail et ceux accusés de collusion avec l'ancien régime.

Après le départ des mercenaires et des Inyenzi, de nouveaux seigneurs de guerre sont apparus, souvent issus des signataires des accords ci-haut mentionnés. Ils ont reçu une initiation Maï-maï, croyant ainsi être invulnérables aux balles. Cette situation a semé la panique chez les Banyamulenge, qui se sont retrouvés désarmés et non préparés à se défendre contre les Maï-maï, pensant qu'ils étaient invincibles. Cela a déclenché des violences brutales qui ont duré environ deux ans, entraînant la ruine du peuple pastoral non préparé à un mode de vie différent.

Cette période a été marquée par des alliances changeantes, des conflits internes, des pillages et des violences, ayant un impact dévastateur sur les populations locales, en particulier les Banyamulenge et d'autres groupes vulnérables.

 

1er Incident avec les Babembe

En 1965, un événement crucial a marqué un tournant tragique dans les relations entre les communautés. Lusungu, venant de la communauté Bembe, est arrivé à Mibunda pour confisquer les vaches appartenant à Sebintu, un Munyabyishi, membre de la communauté des Banyamulenge. Ce dernier possédait un taureau hybride offert par le Belge Rican, propriétaire de la ferme ELIT de Turambo.

Face à cette confiscation, les Banyamulenge ont décidé de résister, munis de leurs bâtons, et ont réussi à repousser Lusungu. Cependant, ce dernier, déterminé et plein de rancœur, a fait des menaces de représailles. Quelques jours plus tard, il est revenu, cette fois-ci armé jusqu'aux dents, et a commencé à massacrer les habitants. Ces tragiques événements ont marqué les premiers incidents sanglants où les Babembe s'en sont pris violemment aux Banyamulenge, déclenchant ainsi une série de tueries sans pitié qui ont endeuillé incessamment les deux côtés pendant des années.

Face à cette spirale de violence, le pasteur Karamudoga, s'appuyant sur ses connaissances et ses relations sacrées jusque-là considérées comme intouchables (igihango), a tenté de médier entre les deux camps, en rappelant les accords passés. Cependant, sa tentative de paix s'est soldée par son assassinat brutal aux mains des hommes de Lusungu, mettant ainsi fin à ses espoirs de conciliation.

La communauté des Banyamulenge, notamment le village de Kirumba d’Abasama, a été ciblée lors de razzias dévastatrices. Ces attaques ont entraîné des pertes incommensurables. Un jeune garçon nommé Ndindi, ligoté mais miraculeusement épargné, a réussi à s'enfuir. Il est devenu le seul survivant capable de relater l'horreur de la situation, évoquant le sort funeste de son père et de ses frères de clan, massacrés sans pitié, tels des agneaux à l'abattoir. Ces tragédies ont marqué un tournant sombre et inoubliable dans l'histoire des conflits entre ces communautés.


 L'entrée en jeu des Bafulero et leurs accrochages avec les Banaymulenge


Les premiers accrochages entre Banyamulenge et Bafulero


Le récit des premiers affrontements entre les Banyamulenge et les Bafulero remonte à l'époque où Mahina accède au pouvoir après le décès de son père, Mukogabwe, devenant ainsi le Mwami des Bafulero. Cet événement marque le début d'une période tumultueuse qui conduira à des hostilités entre les deux communautés.

Mahina, assoiffé de pouvoir, aurait mené une expédition à Mulenge, où il aurait enlevé de force une jeune fille Munyamulenge, déjà fiancée et membre respecté de sa communauté, afin de l'épouser de force. Cette action a été perçue comme une provocation majeure par les Banyamulenge, déclenchant ainsi le premier incident historique opposant ces deux groupes.

Certains récits suggèrent que le conflit entre les Bafulero et les Banyamulenge pourrait avoir été manipulé par les colons belges. Ces derniers, désireux de s'emparer des riches Hauts-Plateaux, propices à l'élevage et riches en minéraux, auraient utilisé Mahina et les autres communautés comme un pion dans leurs manœuvres. L'objectif aurait été de fragiliser les Banyamulenge, qui résistaient à la cession de leurs terres aux exploitants coloniaux.

En effet, Les Hauts-Plateaux, peuplés par les seuls banyamulenge et leurs immenses troupeaux des vaches, étaient jusque-là alors méconnus des colons belges. Ils ont été découverts pendant la Première Guerre mondiale 1914 lors de l’opération rançonnement de vaches dans ce que l'administration appelait "l'effort de guerre". Dans cette opération, les colonisateurs ont utilisé des éléments recrutés des tribus voisines notamment les Babembe et les Bafulero. Plus tard, la verdure idyllique aux immenses troupeaux de bovins a attiré l'attention de l'administration belge, qui a décidé d’accaparer et de s’y installer définitivement en installant leurs fermes bovines.  

Il convient de rappeler que, avant les Banyamulenge, les Hauts-Plateaux n'étaient pas viables. Les températures tombent parfois en dessous de -5 degré Celsius. Quoi qu’ayant un des immenses forêts, les arbres naturels ne sont pas fruitiers, pour la plupart ne sont pas comestibles pour offrir aux chasseurs-cueilleurs la nourriture. C’est grâce à la vache que les Banyamulenge ont pu résister. Leur succès a attiré petit à petit leurs voisins notamment le Bafulero, le Babembe et le Banyindu. Seuls le Bavira n’ont pas manifesté l’intérêt de s’y aventurer et cela jusqu’à présent.

La présence belge sur les Hauts-Plateaux, et particulièrement l'occupation des terres autrefois dédiées au pâturage des Banyamulenge, a été perçue avec méfiance par les autochtones, générant des réactions interprétées par les Belges comme de l’insoumission. Les fermes ont été placées sous la surveillance de Babembe contre les banyamulenge qui voulaient à tout prix y paitre leurs troupeaux. La région a été divisée en secteurs et groupements dont les capitas étaient justement les gardiens.

Ainsi, le conflit opposant les Banyamulenge contre les  Bafulero et les Babembe  s'est inscrit dans un contexte complexe de rivalités politiques et d'ingérences coloniales, où les intérêts des puissances étrangères ont contribué à enflammer les tensions entre ces deux groupes ethniques voisins.

Deuxième accrochage des Bafulero avec les Banaymulenge

Dans cette période trouble, Bidarira, chef des Maï-maï Bafulero, a commencé à étendre son influence dans la région de la plaine de la Ruzizi. Informé des actes de pillage de Lusungu qui avaient semé la terreur dans le sud du Haut Plateau, Bidarira a cherché à reproduire cette stratégie pour imposer son autorité et agrandir sa sphère d'influence, notamment dans le nord où il souhaitait obtenir davantage de butin en pillant les troupeaux de vaches des communautés voisines. Cette montée en puissance des Maï-maï Bafulero a enclenché une deuxième guerre opposant les Bafulero aux Banyamulenge, ravivant une rancune séculaire nourrie par des figures de haine telles que Bitakwira et ses partisans Maï-maï.

Les Banyamulenge cible à la merci de la rébellion

Dans cette région, les Banyamulenge étaient les seuls éleveurs et, de ce fait, étaient les cibles principales de ces conflits persistants. Mushishi Charles, a entrepris de réorganiser la résistance face à ces attaques en organisant des patrouilles pour protéger sa communauté. Au cours de ces patrouilles, il a croisé des combattants Maï-maï et réussit à en éliminer un avec son arc. Malheureusement, il a été abattu par une balle ennemie.

Cette perte a semé la panique parmi les hommes de Mushishi Charles, entraînant une débandade totale. Les agresseurs ont alors procédé à des massacres de personnes et à l'abattage massif des troupeaux de vaches. La région du Haut Plateau, autrefois prospère, a été ravagée et s'est rapidement vidée de ses habitants Banyamulenge.

Face à ces violences, tous les Banyamulenges ont fui vers la plaine, cherchant refuge. Cependant, cette nouvelle zone était exposée à des défis sanitaires et alimentaires. La malaria, la famine et les kwashiorkors ont frappé durement, décimant la population. Selon des sources orales, des dizaines de personnes étaient enterrées chaque jour, témoignant de l'ampleur de la tragédie.

Ce périple tragique et chaotique, connu sous le nom du premier apocalypse Banyamulenge, a duré environ deux ans. Pendant cette période, la communauté a dû faire face à des atrocités, des déplacements massifs et des conditions de vie extrêmement difficiles, marquant une période sombre et dévastatrice dans leur histoire.

Deux années plus tard, les Banyamulenge ont réussi à reconquérir les hauts plateaux, repoussant les guerriers soutenus par le gouvernement qui leur avaient été opposés.

Cette victoire des Banyamulenge a été perçue comme une humiliation pour leurs voisins Bafulero et Babembe, qui étaient autrefois associés aux rebelles mulelistes. Le discours d'expulsion des Banyamulenge a alors remplacé celui de cohabitation, circulant sous-jacent dans les communautés.

Malgré plusieurs tentatives de rébellion par les groupes défaits, ces initiatives ont été étouffées dans l'œuf par le pouvoir de Mobutu, qui considérait la sécurité comme une priorité absolue à cette époque. Les stratégies de ces groupes rebelles ont fini par évoluer vers des combats politiques, tandis que des débats sur la définition de la nationalité ont également émergé à cette période, notamment avec la Constitution de 1964 et la loi sur la nationalité de 1981 (CHRÉTIEN, 1998).

Nouveau mode de vie s’installe


Peu à peu après la guerre, la vie reprend mais avec un nouveau mode de vie. Les éleveurs ruinés deviennent les agriculteurs sans abandonner l’élevage qui se reconstitue lentement.

Dans les annales de l'éducation au Sud-Kivu, deux noms émergent telles des étoiles discrètes mais lumineuses, témoignant d'un engagement sans bornes envers le savoir et le progrès : le député Gisaro Muhoza et l'inspecteur Rugama Tabazi. Leur dévouement, bien que souvent dans l'ombre, a laissé une empreinte indélébile dans le tissu éducatif de cette région.

On raconte que Rugama Tabazil aurait voulu mettre fin au détournement qui consistait à créer des listes excessives des agents fictifs. Cela n’a pas plus à la hiérarchie qui était le bénéficiaire. Il a été viré

En dépit du silence qui entoure souvent leurs actions, le député Gisaro Muhoza et l'inspecteur Rugama Tabazi sont des pionniers de l'éducation, des visionnaires dont l'héritage se perpétuera bien au-delà de leur présence physique. Leur engagement inébranlable envers une éducation de qualité pour tous demeure une inspiration pour chacun, rappelant que le vrai changement naît de la persévérance et de la passion pour un avenir meilleur.

Ainsi, que leurs noms soient portés haut, honorés pour leur dévouement et leur impact durable dans le domaine de l'éducation au Sud-Kivu. Ils resteront des figures emblématiques, des modèles à suivre pour les générations futures, éclairant le chemin vers une société éduquée, équitable et florissante.

Plus tard vers les années 1985, Ruhimbika Manasseh Muller, va révolutionner l’agriculture de maïs et de pommes de terre qui étaient devenu improductifs, gravant ainsi, à son tour, son nom dans les annales de ceux qui ont apporté une contribution notoire  qui méritent les éloges. Son projet allait s’étendre aussi sur l’élevage, mais hélas, les ennemis du développement et de la paix, sous couvert de l’église CPEZA, lui ont mis le bâton dans la roue.  Quoique ce projet de Ruhimbika soit évanescent, les semences sélectionnées apporté par lui ont pérennisé une culture qui était en voie de disparition sur les Haut-Plateau.

Après la mort de l’honorable Isaac Gisaro Muhoza

Après la mort de l'honorable Isaac Gisaro Muhoza, les Banyamulenge ont sombré dans une ère de persécutions politiques. Mobutu, dans ses manœuvres pour consolider son pouvoir, s'est rapproché des anciens chefs rebelles afin de mieux les contrôler et de gagner la confiance des tribus dissidentes. Ainsi, des figures telles que Faliala et Anzuluni Bembe ont émergé en coulisses du pouvoir qu’ils commençaient à manipuler a travers de propagande sournoises contre les communautés au faciès tutsi.

Cette manipulation politique s'est concrétisée en 1980 lorsque le député Munyamulenge Gisaro Muhoza est décédé et a été remplacé par Anzuluni Bembe, ancien rebelle muleliste, puis, plus tard, placé à la tête du parlement. Cette opportunité lui a permis de mettre en lumière ses desseins sombres.

En 1981, Bembe a fait volte-face avec la loi 81-002, annulant la précédente et dénationalisant par la même occasion tous les rwandophones zaïrois, implicitement inclus les Banyamulenge. Le concept de nationalité douteuse a été régulièrement utilisé pour dissimuler la véritable intention tout en servant d'argument pour priver ces populations de leurs droits. Ce critère de nationalité semblait ne pas concerner les Hutu burundais et rwandais ni d'autres groupes apparentés bantous, quelle que soit la date de leur implantation.

Le terme "zaïrois" est devenu synonyme de terme bantou. Il n'était pas rare d'entendre : "elongi ya yo ezali ya zaïrois te" pour signifier que "ta physionomie n'est pas bantu". Le critère morphologique est devenu un élément déterminant pour la nationalité, favorisant l'émergence du racisme. C'est dans ce contexte que le journaliste Makoko Mushenyi a introduit le terme "zarwa" lors du contentieux entre Gahiga et Kititwa.

Les Tutsis étaient dépeints comme rusés, méchants, serpents, dominateurs, riches, beaux et ne se mêlant pas aux autres. Une campagne visant à les marginaliser a été menée à l'université de Kinshasa lors de l'opération RB organisée par l'abbé Ruhamanya. Des tracts affirmaient : "ils nous corrompent par leurs filles d’une beauté angélique" pour interdire les mariages interethniques. De plus, les journaux ont publié des articles diffamatoires contre les tutsi pour faire d’eux de parias. Ceci met en lumière les discriminations, les stéréotypes et les efforts délibérés pour marginaliser les Banyamulenge et d'autres groupes ethniques apparentés dans la République démocratique du Congo à cette époque difficile.

 

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