A défaut d’une vraie histoire, la désinformation prend place
C’est toujours une nécessite de se connaître et de reconnaître ses origines. Tout le monde en a besoin, qui que ce soit, et personne n’échappe à la règle. Connaitre son histoire est un devoir ; pas pour en faire de rancœur mais pour s’en servir comme leçon, d’expérience et envisager un monde avenir meilleur, comme le disent les historiens.
L’histoire des peuples noirs africains étant mal connue, ceci suscite des interprétations erronées. Pire encore est que les interprètes, s’en servent abusivement à des fins politiques. Ainsi, elle est véhiculée avec des grains de sel de nature à armer certains contre les autres entrainant des conséquences néfastes. L’histoire est alors transformée en arme de la guerre très dangereuse.
Il faut retenir que le passé est passé. Commettre l’erreur de pouvoir le revivre tel que présenté par ces fossoyeurs est une aventure hasardeuse et dangereuse qui met de milliers des personnes en péril par des cycles infernaux des violences récurrentes. Personne ne devrait avoir un sentiment de complexe ni de jalousie respectivement vis-à-vis de son histoire ou celle d’autrui, surtout quand on sait que, pour certains pays comme la RD Congo, la plupart des tribus congolaises, leur vraie histoire commence avec la colonisation. Avant, c’est de la protohistoire, des suppositions, des hypothèses incomplètes, car à cette époque personne ne prenait soins de l’écrire.
Planifier de vendetta sur base de la désinformation, des fables, et de mythes imaginaires parsemée d'incohérence ou de fantaisies d’une prétendue victimisation anhistorique n’est que pure folie. Et même s’il y aurait eu par hasard une dérive d’un individu quelque part, ce n’est pas une raison pour justifier le comportement des certains dirigeants pyromanes congolais qui ont opté stigmatiser certaines communautés au nom d’une vengeance d’une prétendue domination anhistorique puisée dans la fiction d’une idéologie génocidaire qui gangrène la région de grand lacs depuis la veille des indépendances de pays africains jusqu’aujourd’hui.
Un siècle d’humiliation
Il y a 62 ans, c’étaient les Tutsis du Rwanda qui ont pris le chemin d’exil fuyant les massacres. 30 ans plus tard, ceux qui sont restés, ont vécu le pire cauchemar du siècle, le génocide le plus rapide et le plus cruel du monde des tutsi en 1994. Il y a 10 ans que les derniers tutsis du Nord-Kivu ont été délogés de leur terroir au Congo dans des condition très brutales. Il y a 7 ans les tutsi du Burundi sont vidés de leur pays. Aujourd’hui, c’est le tour des Banyamulenges, une petite communauté sur laquelle toutes les énergies des génocidaires coalisées sont orientées. Elle est la cible des tous les tourments d’une nocive idéologie capable d’embraser en un rien de temps une contrée, un pays, une région, et pourquoi pas un continent. Pendant 68 ans, cette communauté a résisté contre toute tentative d’un déracinement systématique. Maintenant, depuis que les Banyamulenge ont des ennemis de taille, c’est-à-dire l’armée, commanditaire dissimulée dernière les groupes armés en coalition avec les rébellions de pays voisins, ils se sentent au bout de force.
En RD Congo, on les tue, non pas parce qu’ils détiennent le pouvoir ni qu’ils se sont rebellés contre le pouvoir existant, mais parce que, ils ne seraient pas bantous selon certaines théories des anthropologues. Les Banyamulenge sont tutsi congolais. Cependant, diverses origines leur sont attribués selon les intentions et les sentiments de celui qui veut les rejeter ou les exalter. Ainsi on prend pour des descendants des Rwandais, des Burundais, des Hamites, des Nilotiques, des Couchistes, des anciens Egyptiens, des Abyssiniens, des Ethiopiens, des fulani etc. Certains vont jusqu’à dire qu’ils descendent des juifs. En RDC, on les appelle des congolais par accident pour éloigner toute relation de compatriotisme. Les extrémistes vont jusqu’à dire que les tutsi en général, ne sont pas des africains. Quelle bêtise ? La question est très sensible si bien que les passions ne tardent pas à déborder. Mais, s’il faut rechercher les non-africains, n’est-il pas bête de vouloir le trouver parmi les descendants de pharaons ou d’abyssiniens ? Quel autre peuple d’Afrique a une histoire de sa présence sur ce continent plus ancienne que la leur ? Plus trois mille ans avant JC, qui pourrait prétendre être plus africain qu’eux ?
Paradoxalement, même les voisins au-delà des frontières (Rwanda et Burundi) sensés comprendre la question et compatir à leur malheur parce que tour à tours ont vécu les mêmes désagréments d’un génocide à répétition au nom de l’ethnisme, acceptent volontiers de conspirer au nom de certaines alliances inavouées. Comme les banyamulenge sont numériquement et économiquement faibles et politiquement vulnérables, il est facile de les sacrifier sans se douter des conséquences ultérieures. Intsina ngufi niyo icibwaho amakoma. Les Red-Tabara et leur sponsor prennent part activement à leur anéantissement. A Gatumba au Burundi en 2004, 165 personnes ont été brûlées vives. Un nombre indéterminé des personnes du camp de Kiziba au Rwanda ont été abattues en 2018 pour avoir protesté contre les conditions de vie difficiles.
Même si pour certains cas les gouvernements en place ne sont pas commanditaires, ils ont failli quand même à leur mission de protection. Ceux qui commettent le forfait, sont les fils de ceux qui avaient obtenu asile au Congo au voisinage de Banyamulenge. Ils y ont été bien accueillis et y ont séjourné pendant des années et des années en paix. Une fois chez eux, ils ont choisi effacer les souvenirs des bienfaits reçus en les payant d'ingratitude.
On comprend de lors que devant les enjeux du pouvoir, la fraternité et l’amitié perdent leurs poids. Cela s’appelle la politique. Une politique qui se pratique exclusivement en Afrique, ou, en dehors de sa définition théorique ordinaire, sa concrétisation demeure inversée : art de mentir, de détourner, de piller le pays, de tuer sa population et l’appauvrir et de maitriser la liberté d’expression pour se maintenir au pouvoir.
Nouveau genre de business
Le nouveau business qui se pratique essentiellement sur les Haut Plateaux des territoires de Fizi, Mwenga et Uvira consiste à arrêter exclusivement les membres de la communauté Banyamulenge et créer des dossiers lourds a leurs charges. La victime ne peut être libérée que moyennant une somme d’argent. Ceux qui n’ont pas des membres de familles à l’étranger pour les racheter, croupiront dans le conteneur de la mort avant d’être acheminés dans les prisons de Kinshasa avec à leurs charges le lourd dossier d’être Twirwaneho. C’est à Dieu la famille.
Le plus souvent c’est le Maï-maï qui kidnappent et exigent des montants colossaux sans quoi, la personne sera zigouillée. Les Banyamulenge sont confrontés à ce grave problème d’acheter leur vie chaque jour à un prix exorbitant. Tous ces crimes passent inaperçus aux yeux de l’Etat qui, délibérément, fait la sourde oreille aux cris de la population. Naturellement les jeunes d’autodéfense payent les lourdes conséquences.
Ce genre d’exploitation trouve un terrain fertile dans un pays comme la RD Congo où existent des lois, pas pour régir le pays, sa population et ses biens, mais littéralement pour noyer ceux dont ne veut pas d’eux. Les coupables ce sont, des bouc-émissaires et non les responsables de crimes. Les généraux et colonels qui se sont succédé au commandement de la 12 brigade sise à Minembwe, depuis Katembo jusqu’ à Opia, ont vendu les dépôts d’armes aux Maï-maï. Ils ont pillé plus de 200000 vaches qui nourrissaient plus d’un demi-million des personnes. Ils ont détruit les champs et la récolte pour les faire mourir de faim. Les chèvres et les moutons, n’en parlons pas. La volaille n’y existe plus. Maintenant ils vendent la vie des personnes.
On n’exagère pas, ceux qui doutent peuvent se rendre sur les Hauts Plateaux et voir réellement l’inacceptable situation qui y prévaut. Peut-être ils feront un rapport différent de ceux qui disent être des experts et se contentent des récits truffés fournis par une administration complice, située à plusieurs centaines de km de la scène. L’éternel prétexte a toujours été que le milieu n’est pas accessible. Pourtant, pour acheminer l’autodéfense, les avions atterrissent et décollent chaque jour par minute.
Si les femmes ont pris la décision de faire le sit in pendant des semaines, passant des nuits entières à la belle étoile de puis le 12 juin 2021, c’est parce que la situation est au-delà supportable. C’est révoltant, ça pousse à la violence. C’est à cela que les FARDC veulent en venir, afin de justifier les massacres planifiés sous prétexte de mater une insurrection au pouvoir. Sous la conduite de l’Esprit Saint, ces mamans ont opté ne rien répliquer contre les coups de matraques qui s’abattent sur eux nuits et jours. Assises ensemble, ces héroïnes silencieuses chantent les chansons à haute voix alléluia ! alléluia ! alléluia ! pour calmer l’atroce souffrance qu’elles portent en elles, en attendant que Dieu seul face le miracle pour les délivrer de l’éternel désarroi. Pour se moquer d’elles, le capitaine Kasereka déclare à la radio avec froideur : « nous allons les laisser là, elles vont se fatiguer et partir elles-mêmes ! »
Relations entre communautés envenimées par les politiciens
Précisons qu’en dehors de la politique, le Banyarwanda et le Barundi en tant que communauté entretiennent et ont toujours entretenu des relations excellentes avec les congolais, a fortiori les Banyamulenge qu’ils considèrent comme frères de race et de culture. Quand on parle des certains pays, on pointe du doigt la politique et non les peuples. De même qu’à l’intérieur de la RD Congo, je reste convaincu que si les politiciens tireurs de ficelles relâchaient, les communautés s’embrasseraient immédiatement comme des frères et sœurs retrouvés. Personne ne parlerait plus des ennemies.
N’empêche que sous l’influence des politiques respectivement de leurs pays, de regard de méfiances des uns vis-à-vis des autres peuvent s’afficher. A ce moment-là, les nationalités deviennent des épithètes malsonnantes. Il suffit d’un simple mot pour déclencher la tempête d’insultes et des discours virulents. L’arrogance vient surtout du cote congolais. Et pourtant, il a suffi la fermeture des frontières pendant quelques jours pour éradiquer l’épidémie d’Ebola pour que cette arrogance se transforme en supplications. Voilà la bipolarité des congolais.
Des coalitions pour nuire et détruire
Tout est mise en œuvre pour armer impitoyablement le monde contre la communauté Banyamulenge. Pourtant, ce peuple, si noble, si accueillant a joué positivement un rôle positif très important dans tous les aspects de la vie du pays, la RD Congo. Ce peuple qui semblait garder presque intact son mode de vie depuis sa création jusque l’heure où nous sommes, a des valeurs que le monde devrait apprendre de lui, plutôt que de les jeter en pâture. Bienséance, intégrité, loyauté, hospitalité, autonomie, unité, amour, liberté, beauté etc.
Malheureusement, ces valeurs semblent être la cause de son malheur. Elles ne sont pas vues de bon œil par des voisins nettement complexés et jaloux. Alors c’est le « Biloze bishambuke » qui signifie, « pourvue que tout s’écroule ». C’est exactement comme l’histoire racontée dans le Premier Livre des Rois (3, 16-28). Un différend oppose deux femmes ayant chacune mis au monde un enfant, mais l'un était mort étouffé. Elles se disputèrent alors l'enfant survivant. Quand Salomon réclame une épée et ordonne de partager l’enfant vivant en deux pour donner une moitié à la première et l'autre moitié à la seconde, la vraie maman déclare qu'elle préfère renoncer à l'enfant plutôt que de le voir mourir, alors que la jalouse dit « Oui, coupez l’enfant en deux ! Ainsi il ne sera ni à toi ni à moi ! ». C’est ça la signification de Biloze bishamabuke. C’est sur ça qu’est fondée idéologie Maï-maï.
Au fil de cette attitude sont nés des conflits latents qui se sont transformés en guerre à épisode pendant plus d’un demi-siècle opposant cette communauté au pardon facile à celle qui jalouse à la rancune tenace. Des lors, les mauvais voisins sont toujours prêts à pactiser avec le diable pour l’aboutissement de leur dessein de commettre le génocide afin d’empêcher, à tout prix, les convoités de jouir de leur bonheur.
Chaque évènement qui passe, chaque aspect de mode de vie est ainsi analysé à la loupe sous un autre angle pour en tirer une substance pour nourrir les tensions et justifier à perpétuité des incidents qui se soldent toujours par des tueries et les dévastations du tissue économique. Les feintes de la réconciliation se suivent et se suivent mais ne sont le commencement des nouveaux épisodes. Quand la volonté n’y est pas, il ne faut pas s’attendre à une solution. Après les jeux des rencontres et des discussions qui vont et qui reviennent pour donner inexorablement suite a d’autre faux départs, un conflit qui ne veut pas prendre fin se métamorphose, parce qu’on lui trouve de nouveaux mobiles. C’est ainsi que tour à tour on dit que c’est parce que les Banyamulenge ne se marient pas avec, peu après, c’est le nom de Banyamulenge qui les démange, puis c’est la commune de Minembwe qui irrite, puis… puis… puis... On change des délégations comme on change des habits lesquelles du reste ne sont que composées des oiseaux de même plumage, et la situation s’empire davantage. Avec une politique qui repose au mensonge, on peut que s’attendre des pareils résultats.
Des récits imaginaires
Durant cette période de tragédie banyamulenge, les interventions médiatiques sont toujours tactiques pour tromper l’opinion et entacher la personnalité et loyauté des Banyamulenge. C’est le rôle du Capitaine Dieudonné Kasereka, porte-parole du secteur opérationnel Sokola 2. De la sorte, les projets de développement sont pris pour des plans de balkanisation, la légitime défense une invasion, et le génocide de banyamulenge comme contrattaque de Maï-maï.
La confusion s’installe, l’ambivalence et l’inversion de valeur règnent. Ceux qui plongent le pays dans le chaos sont pris pour des libérateurs et ceux qui prônent la paix pour des lâches. Le petit village de Minembwe est pris pour l’épicentre d’une prétendue balkanisation. Brutalement tout change, on s’angoisse. On tourne vers le gouvernement qui ne fait que trahir. Entre ses promesses et ses actes, il y a vraiment une place pour le doute. Il propose les bourreaux pour les sauveurs, qui braquent les canons des fusils sur la pauvre communauté et déclarent la tendre la main. On se plus dire oui ou non, car rien ne change aux résultats. Voilà une comédie de mauvais gout qui ne finit pas de jouer. Entretemps on se prépare à lancer des épisodes suivants, plus sanglantes et plus meurtrières de cette guerre qu’ils imposent à une communauté dont ils ont juré l’inimitié ? On confie à Dieu des interrogations qui demeurent sans réponses. Verront-ils encore les surprises du bonheur là où le malheur fait toujours des imprévues tragiques.
L’histoire n’est pas épargnée. Elle est tordue pour être au service de l’idéologie. Les réussites et les succès du passé sont exploités et interprétés à l’envers pour intoxiquer les esprits. C’est de cette façon que s’est élaboré une théorie d’une prétendue supériorité des éleveurs sur les agriculteurs, basée sur le mode de vie de l’époque précoloniale. Ainsi Guhaka engager pour un emploi, kuburika donner un travail, guchegura livrer la marchandise après les échanges, du troc du bétail contre les produits agricoles sont perçus comme domination et exploitation. L’entente basée sur la diversité économique et les échanges est utilisée pour alimenter les tensions. Pourtant, partout dans le monde entier, ce sont les mêmes types de rapports qui continuent à tisser les relations entre les humains dans la société moderne. Naturellement, celui qui a plus de moyens, a plus de pouvoir. Aucun pays ne saurait s’y soustraire au risque de brise son équilibre socio-économique. C’est la base de la civilisation moderne avec tout son développement.
A cause de cette théorie conspirationniste, le président signe le sursis de l’installation de la commune de Minembwe. Tout le monde applaudit. Voilà la situation dans laquelle l’Est du Congo se retrouve. Entre temps, le monde observe calmement ce pays qui se déchire lui-même. C’est le « Wait and see ». Pour l’ONU, peu importe le cours anormal des choses, pourvu que ses contrats soient prolongés. Le 2eme représentant de l’ONU arrive, et rentre sans commentaire. Deux ambassadeurs respectivement celui des états unis et celui de l’Italie s’aventurent à aller sur terrain ; c’est le sauve qui peut. Le premier écope une demande d’explication, le second est tué. Les efforts pour remettre les choses en ordre sont combattus avec toute les énergies du diable.
Intangibilité des frontières
Les occidentaux font, défont et refont leurs frontières selon leurs aspirations. Mais quand il s’agit de l’Afrique, les frontières qu’ils nous ont imposées, revêtent un caractère d’intangibilité sacrosaint.
Il en est de même de la démocratie. La leur est flexible et évolue avec les temps, tandis que celle de l’Afrique reste rigide figée. Elle ne peut plus être changée sans risque, c’est une situation fatale qu’il faudra endurer pour des siècles des siècles amen.
Mais Pour les Banyamulenge, partager le territoire avec un peuple qui ne veut pas d’elle, n’est pas du tout repos. Jusqu’à quand perdurera cet état des choses, ? à cause des frontières fixées par le colonisateur, la Belgique ? Faut-il continuer à mourir au nom de cette cruelle intangibilité des frontières ou rompre, se séparer de ces gens qui ne veulent pas reconnaitre leur tort et demander pardon aux compatriotes qu’ils ont tant trahis en les ôtant la vie et le droit de vivre en paix ? si les puissances qui ont partagés l’Afrique représentaient la communauté internationale de l’époque, pourquoi, l’ONU ne peut pas endosser la responsabilité et s’investir pour régler définitivement des conflits qui en résultent ? A quoi sert l’union africaine ? Le panafricanisme ?
Le 25 juin 2021
Paul Kabudogo Rugaba
Kommentare