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Paul KABUDOGO RUGABA

30e commoration du génocide des Tutsi au Rwanda.

Dernière mise à jour : 9 avr.




30e commoration du génocide des Tutsi au Rwanda. 1994, fin des génocides au Rwanda Prélude à un nouveau chapitre sombre pour les Tutsis des pays voisins.


Nous commémorons le 30ème anniversaire du génocide des Tutsi au Rwanda. Ce cauchemar s'est déroulé en avril 1994, une date gravée dans l'histoire comme le sombre aboutissement d'une longue préparation, marquant le début d'une tragédie qui qui perdure jusqu'à nos jours.

Pour comprendre pleinement cette histoire, retournons en arrière. Tout commence lorsque la monarchie rwandaise réclame enfin son indépendance. Les Belges, probablement réticents, décident de prendre des mesures radicales. Ils attisent la haine entre les Hutus et les Tutsi au moment où ces derniers sont absorbés par la lutte pour l'indépendance. Les massacre de de 1959 entraîne la chute de la monarchie et le départ massif des Tutsi en exil.

Trente ans plus tard, malgré les négociations pour le retour de ces réfugiés dans leur patrie, aucune solution n'est trouvée. Face à ce blocage qui s'est souvent traduit par une série de massacres à l'intérieur du pays , même si on n’en parle pas souvent, notamment en 1963, en 1973, en 1990 et en 1993, une rébellion émerge. Au lieu de résoudre le problème, le gouvernement de Kigali, dirigé par Juvénal Habyarimana, décide de mettre fin aux Tutsis.

Le génocide contre les Tutsi est alors déclenché, laissant plus d'un million de personnes mortes en l'espace de cent jours. Heureusement, le FPR, sous la direction de Paul Kagamé, parvient à mettre fin à cette folie et renverse le régime génocidaire.

Cependant, l'intervention du FPR dérange la France, car ce mouvement est principalement composé de réfugiés anglophones ayant vécu longtemps en Ouganda. La France, soucieuse de maintenir son influence dans la région, décide de soutenir le gouvernement génocidaire. Mais ses plans sont contrariés par les succès militaires du FPR.

La France finit par aider les génocidaires à fuir au Congo, créant ainsi ce qu'elle appelle la "zone turquoise". Ces réfugiés, armés, ne sont pas comme les autres. C'est le début d'un long calvaire pour les Tutsi congolais.

Le Congo, en collusion avec les génocidaires, cherche non seulement à affaiblir le Rwanda, mais aussi à perpétrer un nouveau génocide en éliminant les Banyamulenge et les Tutsi du Nord-Kivu. Financés et soutenus par le gouvernement congolais, ces groupes armés prolifèrent, propageant la haine contre les Tutsis et le Rwanda. Le FDLR est financé par le gouvernement congolais et entraîne d'autres groupes armés. Aujourd’hui, la RDC compte plus de 300 groupes armés regroupés dans ce qu'on a appelé « Wazalendo », qui propagent la haine contre les Tutsi et le Rwanda. Les rapports témoignent d'une situation encore plus sombre : le Congo les a officialisés en les appelant des réservistes. Il collabore avec eux et les arme. Les Nations Unies ont choisi de se rallier derrière le gouvernement de Kinshasa au mépris de leurs principes.

Ainsi, le germe de la haine, initialement semé par les Belges, s'est répandu comme une tache d'huile, gangrenant et détruisant le Rwanda et le Burundi, envahissant le Congo, et y semant la désolation et le chaos. Le virus a déjà atteint la Tanzanie, l’Afrique du Sud et le Malawi. Pendant que la Belgique reste silencieuse, ne voulant pas se prononcer ouvertement sur son oeuvre, la France soutient ouvertement, politiquement et financièrement. Elle héberge et elle  finance les auteurs de des livres virulents propageant une haine inouïe. Charles Onana est un cas parmi d’autres.

Ce que nous appelons la fin des génocides des Tutsis au Rwanda n'est que le début d'un nouveau chapitre sombre pour les Tutsis des pays voisins. Il n'y a pas eu d'arrêt du génocide des Tutsis, mais plutôt un changement géographique de son épicentre, qui se localise aujourd'hui en RDC et au Burundi. La menace est imminente pour tous les Tutsis du monde. Ceux du Rwanda ne sont pas épargnés. Ils ne peuvent pas se promener librement au Burundi et en RDC sans être sérieusement inquiétés.

Aujourd'hui, nous sommes témoins de scènes horribles que l'on aurait du mal à croire si l'on n'avait pas vu les images. Les Tutsis sont molestés, lynchés, lapidés, et pire encore, grillés et découpés en brochettes, qui se vendent à 5 FC/ pièce, puis mangés. On voit des corps étendus sans vie, que l'on fait écraser par des motos ou traîner par des véhicules. Des femmes sont déshabillées et déshonorées publiquement avant d'être abattues. Des jeunes hommes sans scrupules se promènent avec des têtes décapitées de Tutsis. On assiste à des images de personnes brûlées vives, hurlant de douleur atroce, entourées de masses de gens attisant le feu en célébrant devant ces horreurs. En Ituri, on déterre des milliers de personnes enterrées vivantes.

Des avions sont affrétés pour acheminer de force à Kinshasa des civils (hommes et femmes), des militaires et des policiers, sans considération de leur rang, simplement parce qu'ils ont une physionomie tutsie. On ne les traite plus comme des Congolais, on les appelle des « infiltrés ». Une fois arrivés, ces pauvres innocents sont soumis à un régime de torture quotidien à la DMIAP et à l’ANR. Les mourants, qui sont au stade final de leur vie, sont envoyés à la prison de Makala où ils ne tardent pas à terminer leur séjour sur terre. On ne connaît plus le nombre exact des incarcérés, mais ils se comptent en milliers. Chaque jour est donc non seulement un deuil pour les Banyamulenges et les Tutsis du Nord-Kivu, mais aussi une alerte pour d'autres qui sont en train de périr en même temps. Entre-temps, au Burundi, la presse fait état de l'arrivée de conteneurs de machettes, dont on peut aisément deviner la destination.

En somme, le génocide n’a visé et ne vise jusqu’à présent que les Tutsi et nous le sommes. Il est de notre devoir de nous sentir concernés.  Ensemble, avec nos frères rescapés du génocide de Tutsi au Rwanda, rallumons la flamme de l'espoir et tendons-nous la main pour tisser une ceinture de sécurité solide afin d'éradiquer plus efficacement le fléau du génocide et de concrétiser le rêve de « Plus jamais ça= Never again ».

le 7 avril 2024

Paul Kabudogo Rugaba

 

 

 

 

 

 

 

 

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