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Paul KABUDOGO RUGABA

2ème Lettre ouverte à monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies

Dernière mise à jour : 30 nov. 2023


Objet: Notre indignation sur l’attitude de La Monusco à l’Est de la RDC


Bonjour Monsieur le Secrétaire Général de l'ONU,


Nous nous permettons de nous adresser directement à vous parce que les organisations en place au Nord et au Sud Kivu ne veulent pas collaborer de manière intègre. Elles ont de partie pris.

Nous vous écrivons pour exprimer notre indignation quant à la décision de la force onusienne appelée Monusco de pactiser avec les Wazalendo, les FARDC et leurs alliés FDLR qui bafouent sans scrupule, les droits humains. Ce qu’elle appelle opération conjointe, L’OPÉRATION SPRINGBOK est un scandale et une honte pour les nations unies.

C’est environ 30 ans que la Monusco a suivi de près tous les événements sanglants à l'Est de la RDC et elle est témoin oculaire de toutes les manigances du pouvoir de Kinshasa et ses milices pour déraciner certaines communautés. Grande est notre consternation de voir qu’elle a opté sous prétexte de protéger la ville de Goma et de Sake de se rallier derrière l’armée de répression du pouvoir de Kinshasa désormais composée des bandes de malfaiteurs.

Le mandat de la Monusco au départ était d’observer. Plus tard, avec l'escalade des violences, elle a reçu des mandats supplémentaires parmi lesquels celui de protéger la population civile. Malheureusement, elle ne l’a jamais fait. Nous l’avons vue au sud Kivu, notamment à Bibogobogo et Kahololo, décamper et s’en aller quand la population était sous des menaces imminentes. C’était, on l’a bien compris, juste une façon de vouloir donner le champ aux bourreaux d’agir librement et une façon aussi d’échapper à tout jugement ultérieur quand les Maimai auront fini leur carnage.

Il faut souligner que nous n'avons jamais vu une intervention quelconque de cette force onusienne à Minembwe où le nombre d'attaques s'évalue à environ 500 depuis 2017, sauf pour le seul cas de la famille du missionnaire américain où chaque fois que les terroristes de Maimai viennent attaquer, la Monusco déploie ses autos blindées juste autour de la seule maison où cette famille loge. Là encore une fois de plus, les casques bleus ont fait preuve d’une ségrégation raciale. Imaginez, sur une population de plus de 100000 individus en danger de mort, déployer tout l’arsenal militaire pour une famille qui n’est pas du tout la visée par la menace et écarter les autres! Quelle leçon morale on peut en tirer?

La publication en juin dernier du document appelé, à tort, le rapport du groupe d’experts de l’ONU n’est qu’une pire trahison pour le peuple congolais en général et les Banyamulenge stigmatisés en particulier. Il sert de justification pour incarcérer injustement les personnes intègres qui étaient l'espoir des communautés au sujet du retour et de la restauration de la paix. C’est le cas du Docteur Lazare Sebitereko acheminé manu militari à Kinshasa comme un brigand parce qu’il a été cité injustement dans ce rapport. En calomniant et en criminalisant ces piliers de la société, cela montre que les Nation unies ne veulent pas le retour de la paix et la cessation des hostilités entre communautés. Effectivement, Mr Bitakwira Justin qui prêche la haine, se balade librement et continue à tenir des meetings dans la capitale Kinshasa sans la moindre inquiétude.

Depuis le mois de septembre 2023, l'Est de la République Démocratique du Congo connaît un regain de violence. L'aggravation des conflits intervient, comme il en est coutume au moment où le pays se prépare aux élections. Les candidats comme Martin Fayulu, Denis Mukwege, et le président sortant Felix Antoine Tshisekedi Tshilombo, recherchent leur popularité en jouant la fameuse carte de la tutsi-phobie, en promettant aux électeurs déjà intoxiqués le nettoyage ethnique. Depuis lors, le M23 est aux prises avec la coalition des forces armées de la République Démocratique du Congo et les forces négatives composées des groupes armés, jadis Maimai, maintenant auto baptisés patriotes (wazalendo) mais en réalité ce sont des anthropophages, les FDLR, les mercenaire wagners, les Nyatura, et récemment, les forces burundaises. Les combats se sont intensifiés provoquant des nouvelles vagues de pogromes contre les personnes issues de la communauté stigmatisée, à savoir les tutsi du Nord tout comme du sud Kivu généralement appelés Banyamulenge.

La guerre contre le M23 n'est qu’un épisode de plus dans la longue série de combats qui ont endeuillé l'Est de la République. Aujourd'hui le conflit implique des dizaines d'acteurs, non pas à titre de médiateurs, mais prenant part au combat contre le seul groupe du M23. Parmi ces acteurs, figurent malheureusement les forces armées régionales de EAC en provenance du Burundi et les casques bleus.

Notons que pour la Monusco, ce n’est pas la première fois. Nous avons vu précédemment Mme Bintou Keita célébrer en disant que leurs forces ont bien battu le M23. À l’instar de la Monusco, le Burundi a déjà emboîté le pas en montrant ses penchants pro Wazalendo. Il est désormais partie intégrante de la coalition Maimai et les FDLR qui prennent part aux assauts contre le M23. A son actif, plusieurs villages de tutsi du Nord Kivu incendiés, plusieurs maisons vandalisées et vaches razziées.

Les répercussions sur le pays en termes de sécurité des besoins humanitaires et politiques sont nombreuses. C’est justement le régime de Kinshasa qui est derrière le regain des violences qui agitent la région depuis la fin du mois novembre 2023 dans sa tentative d’embellir le bilan macabre de son premier mandat.

Après avoir organisé son armée avec l'aide d'hommes venus de l'Europe de l’Est appartenant aux sociétés privées de sécurité et après avoir mobilisé massivement des groupes armés locaux, le président Félix Antoine Tshisekedi a profité de la relative accalmie observée ces derniers mois pour lancer une opération militaire pour arriver à ses plans machiavéliques.

Les attaques ont été planifiées et coordonnées pour se passer simultanément au Nord-Kivu tout comme au Sud-Kivu. C’est ainsi que les FARDC ont décrété, le 28 septembre 2023, la fermeture des marchés sur les hauts plateaux à Minembwe pendant 3 semaines. Elles ont procédé à un pillage systématique des biens de la seule communauté de Banyamulenge en guise de provocation, pour déclencher l’épisode final du génocide en cours. Elles ont même offert un corridor d'évacuation pour toutes les autres tribus qui résident dans le centre de Minembwe, exceptés les Banyamulenge. Il y a des civils qui ont été tués, tirés à bout portant par les FARDC. C’était un coup de signal. Depuis lors, les attaques de Maimai soutenus par l'armée régulière ne cessent de mener d’incursion pour piller et massacrer. Dans cette partie enclavée, puis encerclée par toutes les forces négatives actives qui agissent de connivence avec, les forces burundaises, FARDC contre la seule autodéfense Twirwaneho, l’échos ne se fait pas entendre. C’est une sorte de prison à ciel ouvert.

Quant au Nord-Kivu, les attaques ont commencé à la même date. Toutefois, contrairement à ses prévisions, l’armée de Tshisekedi a subi de nombreux revers et le M23 a profité non seulement pour reprendre tous les endroits qu'il avait laissé au contingent burundais des forces régionales des États d'Afrique de l'Est, mais aussi récupérer des armes assez importantes qui lui serviront de provisions pendant plusieurs mois si pas des années. C'est ainsi que la Monusco, voyant les FARDC et ses alliés frappés des plaies d’Égypte, est sortie de sa cachette montrant ainsi sa vraie face ses penchants dissimulés pour le régime de Kinshasa. Je pense qu’elle ne posera plus la question de savoir d'où viennent les munitions que les éléments du M23 se défendent avec. Sa question éternelle a au moins trouvé une réponse avec preuve à l'appui.

La RDC est au seuil du chaos dont elle est l’auteur. La réalité qu’elle confronte en ces moments même est impitoyable et sans équivoque. A l'est l'insécurité déchire le pays malgré de nombreuses fausses promesses faites par le régime actuel à la population. Elle ne cesse de sombrer dans la misère et dans une extrême pauvreté.

La justice est instrumentalisée et manipulée à des fins politiciennes. La presse est corrompue et de ce fait l’indépendance journalistique compromise. Les militaires issus des communautés tutsi enrôlés dans les FARDC sont lynchés publiquement et cannibalisés. La diplomatie à l'échelle sous-régionale et internationale s’est perdue dans des incohérences sans précédent. Tel est le bilan de 30 ans d’accompagnement de la RDC par la Monusco.

Permettez-moi, Monsieur le Secrétaire général de l'ONU, de vous poser une question au regard des alliances Monusco et la coalition FARDC, Wazalendo anthropophages, FDLR réputés de forces négatives. Qui de deux est terroriste, entre la Monusco qui soutient un groupe génocidaire de cannibales et le M23 qui revendique le droit les plus fondamentaux d’avoir les mêmes droits que les autres citoyens, qui demande, le rapatriement des réfugiés après 30 ans d’exil?

Par le fait même, de mener les opérations conjointes, la Monusco entête le gouvernement de Kinshasa dans sa position insensée de ne pas ramener la paix à l'Est du pays. Ainsi, elle partage la responsabilité des massacres qui se perpètrent à l’Est. Les bouc-émissaire, le M23 dont la communauté internationale pointe du doigt n’y est pour rien. À votre avis, qui ne tenterait pas de se libérer face au cannibalisme, aux pogromes et aux lynchages de chaque jour? Est-ce la Monusco qui peut favoriser de tels crimes?

Les massacres qui se passent dans la partie est de la RDC ne sont pas un fait isolé, c'est un phénomène récurrent de longue date, qui a déjà fait plusieurs milliers des victimes. À l'époque de Mobutu l’ex-Président du Zaïre, cela s'est produit. Tous les militaires qui servaient dans les Forces armées zaïroise ont été exécutés par leurs compagnons. Sous Laurent Désiré Kabila, et son fils Joseph Kabila, n'en parlons pas, c'est un génocide oublié. Le même phénomène continue sous Félix Antone Tshisekedi, avec une nouvelle donne : les militaires livrent aux bandes des voyous leurs compagnons ici de la communauté tutsi. De cette façon, l'armée se décharge de toutes les responsabilités. Le cas récent du Capitaine Kabongo (Militaire FARDC Munyamulenge) est un parmi des milliers et même après lui, il y en a eu d’autres. Nous comptons également des milliers des personnes qui sont arrêtées arbitrairement et sont entassés dans les cachots de la DEMIAP et de la ANR sans lumière ni toilette, soumis à un régime de torture de chaque jour. Ça fait des années qu'ils n'ont pas été interrogés. Ils n’ont jamais comparu et peut-être ils n’auront pas cette chance. Ils n'ont même pas de dossiers et leur présence est complètement ignorée par les ONG de défense des droits de l'homme et la CICR.

Monsieur le Secrétaire général de l'ONU, les Congolais souhaiteraient qu’avec l'appui des Nations Unies, puissent rompre avec cette horrible tradition de cannibalisme qui s’en racine de plus en plus dans le pays. Malheureusement, la Monusco, qui est la force onusienne de maintien de la paix, s'oppose en composant avec une armée et un gouvernement raciste qui a opté de mettre de côté la raison. Par ce geste, elle va à l'encontre des principes de la charte des Nations Unies en déshumanisant les communautés faibles et minoritaires. L’illusion que l'ONU est le garant de la Charte des droits humains se dissipe.

La déclaration du commandant de la Force de la MONUSCO, le général Otávio Rodrigues de Miranda Filho est un coup de massue. “ L'objectif de cette opération est de protéger Goma et Sake’’, a confié l’officier militaire onusien aux journalistes. « Nous avons décidé, tout d'abord, d'établir une ligne de défense solide à l’entrée de Goma et Sake. Il s'agit pour l'instant d'une approche défensive, mais si des groupes armés illégaux tentent d'attaquer Sake et Goma, nous passerons d'une position défensive à une position offensive.”

On comprend quel genre de souci le général a de protéger les villes et non la population. La ville de Goma grouille de Wazalando qui lynchent les personnes au faciès tutsi que le général ne voit pas. Pourquoi ne pas commencer par protéger la ville contre de cette bande de voyous terroristes anthropophages? Aujourd’hui on parle du délit des faciès pour trouver l’explication au génocide des Tutsi. Pourtant ces derniers ne sont pas du tout les plus moches au Congo bien au contraire. Alors, quand Ottavio parle des forces négatives qui viendront à Goma au moment où il est en présence de Wazalendo anthropophages, on comprend qu’il a une myopie politique. La Monusco devrait désormais savoir que là où sont le M23, il y a plus de sécurité que dans les zones sous le contrôle de l'État et ses wazalendo.

Le M23 et le Twirwaneho ne sont pas des bandits, encore moins des illégaux comme disent certains officiels onusiens. C'est un peuple qui réclame ses droits d'être considéré comme des personnes humaines, comme des citoyens jouissant des mêmes prérogatives que leurs compatriotes. C'est d'ailleurs une erreur de les considérer comme des rebelles, c'est l'autodéfense au regard des conditions humaines dans lesquelles survivent leurs communautés. Trente ans d'exil et sept ans de prison à ciel ouvert sans raison, c'est assez. La légitime défense s’impose et elle est justifiée. Nous demandons simplement à l’ONU de rendre la dignité humaine a la communauté Tutsie du Nord et du Sud-Kivu.




Le 21 novembre 2023

Paul Kabudogo Rugaba

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